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Lorraine : un sympathique musée de la 2CV


Charlotte, Philippe, Bean et Marc, piliers du musée de la 2CV à Troisfontaines, dans une scène à la Bourvil dans Le Corniaud (Photo : Laurent Mami / Le Republicain Lorrain).

Il n’existe qu’un musée de la 2CV en France et c’est à Troisfontaines qu’il se niche. Là, des bénévoles passionnés ont rassemblé 80 Deudeuches. Classiques, excentriques, improbables, toutes racontent une histoire.

Le bruit remplace l’autoradio, la vitesse plafonne à 90 km/h, prendre un virage ou freiner vaut une séance de renforcement musculaire. Mais quel bonheur de gratter, au feu rouge, une C4 qui affiche fièrement ses douze assistances à la conduite ! Les amoureux le clament : la 2CV n’est pas un véhicule. Elle est un art de vivre. « Compagne plutôt que voiture », ose Paul, un Messin qui utilise sa Deuche tous les jours. « Elle est ma boîte à souvenirs. J’ai payé mes études grâce à elle. Dans ta 2CV, tu ressens un air de liberté », explique-t-il, carte Michelin à l’arrière pour rester dans le ton.

En voilà une qui pourrait bien s'envoler ! (Photo :RL).

En voilà une qui pourrait bien s’envoler ! (Photo : RL).

En cette année de 70e anniversaire – présentée la première fois au public au Salon de l’automobile le 7 octobre 1948 –, la Deudeuche nous fait de l’œil. Avec elle, on remonte le temps et roule en décapotable sans être bling-bling. « La 2CV, c’est ma jeunesse, des souvenirs, une nostalgie », admet Marc. Avec son épouse, ce Nantais en visite dans le Pays de Sarrebourg découvre le musée de Troisfontaines. « Le dépliant était dans notre gîte. Ici, on navigue dans le monde de la 2CV, de l’originale aux plus excentriques. » Sans oublier la célèbre Charleston. Celle avec laquelle s’est achevée l’épopée, il y a pile 28 ans, alors que les dernières productions étaient réalisées au Portugal.

« Tout le monde a toujours une histoire de 2CV à raconter », constate Philippe, bénévole au musée de Troisfontaines. « Nous, on écoute beaucoup les visiteurs. »

« Des mains expertes et beaucoup d’amour »

La collection réunie par ces bénévoles passionnés a quelque chose d’exceptionnel. « On a une partie chronologique puis des modèles rares, des séries spéciales ou d’export », explique Marc Dufrène, le président. Le bâtiment est un vaste hangar, vestige de l’industrie du cristal. « La mairie nous a accueillis. Elle nous met gracieusement à disposition les locaux. En échange, nous entretenons le bâtiment. » Quatre-vingts Deuches sont garées en épi, laissant découvrir son ou plutôt ses évolutions : de la première commercialisée en 1949, la Type A, que « tout le monde trouve moche », à la mythique Azam au milieu des années 60 – la plus populaire avec ses chromes et ses baguettes alu –, qui marque « le début des équipements », affirme sans plaisanter Marc Dufrène. « On a aussi une Azam export de 1967, sortie d’une grange et laissée intacte pour que les visiteurs puissent voir comment on les récupère. » Il faut des mains expertes ensuite et beaucoup d’amour pour les faire revivre. « Car nous, ce qui nous intéresse », souligne Bean, « c’est vivre la 2CV, pas seulement la regarder. Quand on fait un pique-nique, on sort la banquette arrière et on s’installe. » Avec elle, c’est la France qui se respire. « Elle est un symbole, en avance sur son temps. » Une décapotable que toutes les professions utilisaient. « C’est très drôle de s’imaginer à cette époque. Elle avait un tout petit moteur mais pouvait rouler partout. Quand on est en 2CV, on a aussitôt le sourire », conclut le président… avec le sourire, forcément !

Laurence Schmitt (Le Republicain Lorrain)