Onze morts et deux étages qui partent en fumée. L’enquête qui démarre sur les causes de l’incendie de Wintzenheim, dans l’est de la France, a révélé jeudi que le gîte de vacances accueillant des personnes handicapées n’était pas aux normes.
« Un embrasement généralisé ». Les pompiers, arrivés en moins d’un quart d’heure, n’ont rien pu faire pour venir en aide aux vacanciers installés pour la nuit dans les étages du bâtiment.
Les occupants ont été « surpris en plein sommeil, tout le monde dormait », a observé le maire-adjoint de la commune de 8 000 habitants de la banlieue de la ville touristique de Colmar, Daniel Leroy.
Le lieutenant-colonel Philippe Hauwiller, commandant de l’opération de secours, a estimé que compte tenu de l’état du bâtiment, les victimes étaient déjà mortes quand les pompiers sont arrivés au lieu-dit La Forge mercredi à 06h45.
Dans ce genre de sinistre, les victimes succombent aux gaz toxiques, a-t-il relevé.
Le bâtiment éventré par l’incendie était une ancienne grange de 500 m2, avec deux étages et des combles, qui avait été rénové il y a quelques années.
Détecteurs de fumée inadaptés
Mais selon les premiers éléments de l’enquête, la structure n’était pas aux normes, a déclaré la vice-procureure de la République de Colmar, Nathalie Kielwasser.
« Le gîte n’avait pas subi le passage de la commission de sécurité qui est obligatoire. Si vous voulez conduire une voiture, il faut un permis, si vous voulez héberger du monde, il faut le passage de cette commission qui vous donne des préconisations sur la capacité d’accueil, etc. On va vous imposer un certain nombre de règles de sécurité », a expliqué la magistrate.
Ainsi, la maison disposait bien de détecteurs de fumée mais pas du type prévu pour des structures accueillant du public.
La propriétaire du gîte, qui a alerté les pompiers mercredi à l’aube, est en état de choc et n’a pas été placée en garde à vue.
« Une enquête permettra de faire toute la lumière », a promis la Première ministre française Elisabeth Borne, venue sur place mercredi après-midi.
Au total, 28 personnes se trouvaient dans le bâtiment, dont 17 ont pu sortir à temps, selon la préfecture du Haut-Rhin, département où se trouve Wintzenheim. Les 13 pensionnaires logés au rez-de-chaussée ont été rapatriés chez eux indemnes.
En revanche, 11 personnes, dont 10 adultes souffrant de handicaps mentaux légers, ont péri parmi les résidents logés dans les étages. Plusieurs d’entre elles dormaient dans une mezzanine qui s’est effondrée, ce qui a compliqué la récupération des corps, selon le lieutenant colonel Hauwiller.
« Feu qui a couvé »
L’association AIEM, qui prend en charge des personnes handicapées intellectuelles, a précisé à l’AFP que cinq de ses membres s’étaient inscrits de manière individuelle à ce séjour. Seul l’un d’entre eux a été rescapé.
Mercredi soir, une cérémonie œcuménique a rassemblé environ 70 personnes. Onze bougies ont été placées devant l’autel en hommage aux victimes.
Mme Kielwasser avait déclaré mercredi que « l’origine serait vraisemblablement pour le moment un feu qui a couvé », mais sans qu’il soit possible « à ce stade » de déterminer « les causes de ce feu couvant ».
Le gîte, qui se trouve sur un terrain fermé avec plusieurs bâtiments, « fonctionne depuis plusieurs années sans problème », a assuré le maire-adjoint Daniel Leroy. La propriétaire avait signé un contrat pour 16 personnes correspondant au gîte installé dans les étages, a-t-il rapporté.
Un laboratoire mobile pour l’identification des victimes a été déployé. Il permet des analyses rapides d’ADN, avec des résultats obtenus en l’espace de deux à trois jours.
Le sinistre est le plus meurtrier enregistré en France depuis l’incendie d’un bar dans la ville de Rouen (nord) en 2016.