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Lorraine : le garde du corps des stars se confie


Son héros c’était Zorro. Jacky Links a consacré la plus grande partie de sa vie professionnelle à la protection rapprochée des personnalités (Photo : Pierre Heckler / Le Républicain Lorrain).

Agent de protection depuis 40 ans, le Lorrain Jacky Lincks a surveillé de près des dizaines de stars. Il raconte mais en toute discrétion…

C’est l’homme en noir souvent au second plan sur la photo. Il apparaît derrière Michaël Jackson, Patrick Bruel, Tina Turner, Johnny Hallyday, M Pokora… Le CV de Jacky Lincks est plus impressionnant qu’un numéro spécial de la presse people. Depuis bientôt quarante ans, ce Lorrain est agent de protection rapprochée d’un nombre incroyable de personnalités, artistes ou sportifs mais aussi joailliers ou hommes d’affaires. Dans les années 1990, il a même assuré la surveillance 24h/24 d’un… cheval. Mais pas n’importe quel quadrupède puisqu’il s’agissait d’Ourasi, « quadruple vainqueur du grand prix d’Amérique dont chaque saillie valait la bagatelle de 90 000 francs». Des anecdotes comme celle-ci, Jacky en a des centaines. « À l’époque, on ne faisait pas de selfies. J’ai peu de photos, mais plein de souvenirs. » Bientôt à la retraite, encouragé par ses deux fils, il a accepté de livrer quelques confidences.

À Paris, recruté le soir même…

En 1980, le gamin de Richemont (son père était ingénieur à la centrale électrique) revient de l’armée et vit de petits boulots. Judoka accompli, on lui propose d’assurer la sécurité pour un gala de Daniel Balavoine à Gandrange. « On m’a juste dit de rester à côté de la loge et d’empêcher que Balavoine soit embêté… » Du haut de son 1 m92, pour 120 kg à l’époque, Jacky a le physique de l’emploi. Il a aussi la patience et la discrétion nécessaire. L’homme prend vite goût à ce qui ne devait être qu’un petit boulot de plus jusqu’à ce qu’il décide de monter à Paris. Frappant au culot à la porte d’une société événementielle, il est recruté le soir même pour accompagner Chris Rea de la gare de l’Est au grand Rex.

La suite ? Ce sont deux décennies sur les routes aux côtés des stars, « écoutant sans écouter, regardant sans regarder […] Des beaux hôtels, des grands restaurants mais toujours à l’esprit une préoccupation première : protéger. »

Bruel : « je n’ai jamais vu autant de filles tomber dans les pommes »

Sa vie de famille en Moselle est, évidemment, compliquée et marquée par deux divorces. Plus présent aujourd’hui, Jacky est très fier de ses deux fils. « À la naissance d’Alexandre en 1990, je suis rentré d’urgence de Barcelone, j’étais en mission avec Dire Straits. » À la naissance du second, Thomas, il est sur les routes avec Patrick en pleine bruelmania. « J’ai jamais vu autant de filles tomber dans les pommes, s’amuse Jacky. Elles espéraient rester à l’arrière de la scène pour croiser l’artiste mais dès qu’elles allaient mieux, on les renvoyait au fond de la salle. » Pas de quoi impressionner le bodygard. Bon vivant et bavard, il reste pourtant d’une discrétion professionnelle à toute épreuve.

À l’écouter égrener ses souvenirs de Paul Préboist mort de tract, des valises de cravates de Gilbert Bécaud ou de Demis Roussos et Enrico Macias le taquinant sur son poids, les artistes seraient tous du genre sympa. « J’aime pas les cons, souffle-t-il, mais je ne me fâche que quand on me manque de politesse. » À demi-mot, Jacky reconnaît qu’il a peu de tendresse pour les « nouvelles stars » ou pour ces joueurs de foot sortis de leur avion aux couleurs du Qatar et qui ne prennent même pas la peine de saluer les enfants… Mais l’homme n’est décidément pas du genre à balancer. Des aventures adultères dans les douches ou des grosses beuveries de ses people protégés il a tout vu… Mais il ne dira rien. « Ça ne me viendrait même pas à l’idée, je préfère les histoires sympas. »

Lucie Bouvarel (Le Républicain Lorrain)