Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Face à une concurrence féroce, les chiffres de l’aéroport lorrain n’affolent pas les compteurs, mais ils ne sont pas alarmants.
Difficile de se faire une place dans l’univers impitoyable du transport aérien. L’aéroport Metz-Nancy Lorraine (MNL) en sait quelque chose. Cet équipement situé au sud de la métropole messine fut imaginé dans une stratégie légitime de diversification de l’offre, sauf que ces dernières années, son taux de fréquentation peinait à (re)décoller. La faute, notamment, au Findel à Luxembourg, qui possède la force de frappe d’une capitale et une variété de destinations. «L’offre est pléthorique autour de nous, constate Yves Loubet, le directeur de l’aéroport Metz-Nancy Lorraine. Outre Luxembourg, il y a Strasbourg, qui fait maintenant le Maroc et la Crète, Sarrebruck et même Paris, Francfort…»
Pour autant, les chiffres de l’aéroport lorrain ne sont pas alarmants. Ils sont même en progression pour cette année 2025 : «On est sur 15 % de fréquentation en plus. De 105 000 passagers en 2024, on mise sur 120 000 à la fin de l’année.» Certes, on demeure loin des objectifs qui tablaient sur 500 000 passagers par an, mais Yves Loubet se veut réaliste.
Des infrastructures à revoir
«Les vols d’affaires se sont effondrés avec des destinations comme Lyon, Nice… Le segment qui résiste est celui des vols vacances. Là, on avance par petites touches, outre les trois destinations vers l’Algérie, les deux rotations vers le Maroc, on a réussi à proposer Héraklion, en Grèce, pour la période estivale en 2025 et 2026. Également, on aura des vols – une seule date – vers Malte, la Croatie, l’Albanie. Le transport aérien a basculé depuis cinq ans, et réussir à faire venir un tour-opérateur, c’est compliqué, d’autant qu’ils raisonnent en blocs de sièges et piochent dans les liaisons qui existent plutôt que d’affréter un avion.»
Et pour ceux qui rêveraient à un développement exponentiel de l’aéroport lorrain, sans doute très coûteux, il faudrait aussi revoir les infrastructures. «L’été, quand il y a trois avions, la piste, ça va. Mais on est vite saturé au niveau des salles d’embarquement», reconnaît Yves Loubet, pour qui «il faut une réflexion sur l’aéroport», mais tout «en gardant les pieds sur terre».
À partir de 2026, de nouvelles destinations vers l’Italie et l’Espagne seront proposées depuis l’aéroport de Sarrebruck en Allemagne, situé à une vingtaine de kilomètres de Forbach et Sarreguemines. La compagnie à bas coûts Ryanair proposera des destinations touristiques vers Trapani (Sicile), Lamezia Terme (Calabre) et Alicante, sur la Costa Blanca espagnole. Deux vols par semaine seront mis en place durant la période d’été, de mars à octobre 2026. Les réservations sont déjà ouvertes. Thomas Schuck, le directeur de l’aéroport de Sarrebruck : «Je me réjouis qu’avec Ryanair, nous ayons pu convaincre une autre compagnie aérienne internationale des atouts de l’aéroport et de la région. Notre offre s‘élargit.»
Avec 300 000 voyageurs en 2023, l’aéroport de Sarrebruck-Ensheim compte parmi les 16 aéroports internationaux allemands. Il propose une douzaine de destinations : Berlin, Hambourg, Djerba, Majorque, la Crète, Rhodes. Des vols quotidiens vers Antalya, en Turquie, sont également au programme actuellement. La Turquie fait partie des destinations les plus prisées au départ de Sarrebruck. «L’aéroport contribue à la croissance et à l’emploi en Sarre en tant que site économique, scientifique et touristique», assure la direction.
Olivier Chaty
(Le Républicain lorrain)
