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L’ordinateur de l’instituteur contenait plusieurs milliers d’images pédopornographiques…


L'instituteur avait téléchargé des milliers d'images pédopornographiques (Photo d'illustration : Julien Garroy)

Pendant près de dix ans, l’enseignant de l’école fondamentale d’Useldange avait collectionné des images à caractère pédopornographique sur son ordinateur. En janvier 2017, il a été placé sous contrôle judiciaire. Lundi après-midi, le prévenu de 37 ans comparaissait devant le tribunal correctionnel de Diekirch.

Dans le cadre de la perquisition à son domicile le 17 janvier 2017, les enquêteurs avaient saisi pas moins de 1,7 million d’images sur l’ordinateur de l’enseignant. Face à cette masse de données, impossible pour les enquêteurs de tout analyser. Ils se concentrent donc sur une sélection. «Sur les 347 000 images que nous avons regardées, 1 544 photos et 479 films étaient à caractère pédopornographique. Sur 3 714 photos, les jeunes portaient des bikinis», récapitule l’enquêteur de la police judiciaire, service protection de jeunesse. Il avait pu retracer des images sauvegardées jusqu’en 2007.

Les enquêteurs avaient lancé leur enquête à la suite d’un signalement de l’Office européen de police Europol au mois d’août 2016 : une adresse IP luxembourgeoise avait téléchargé sur une plateforme de chat une image pédopornographique représentant un garçon âgé de six à dix ans. Cette adresse IP a permis d’identifier un enseignant du cycle 4.2 de l’école fondamentale de la commune d’Useldange. La suite, on la connaît. L’instituteur est suspendu. Placé sous contrôle judiciaire, il a, entre autres, l’obligation d’éviter tout contact avec des mineurs et de suivre un traitement.

Face à la police, le trentenaire reconnaît rapidement les faits. Il serait tombé par hasard sur les images pédopornographiques en consultant des sites de tourisme, dit-il. Il indique aussi faire la différence entre ses élèves à l’école et les images sur internet. Jamais il n’aurait regardé ses élèves comme des «objets sexuels». Une affirmation que le prévenu de 37 ans a répétée, lundi après-midi, à la barre. L’enquêteur a exprimé ses doutes.

«J’aimerais rester dans l’éducation»

Outre le caractère fourni du matériel pédopornographique, l’enquêteur relève le classement méticuleux sur l’ordinateur : «Il n’a pas seulement téléchargé les images. Il a également créé divers fichiers qu’il a nommés, puis classés.»

Enfin l’enquêteur est tombé sur des photos d’activités scolaires. Si 95 % d’entre elles lui semblent «normales», une vingtaine lui paraissaient «douteuses». Y apparaissaient le derrière de filles, leur poitrine… Actuellement l’enseignant est toujours suspendu. À la question du président de savoir s’il envisage une réorientation professionnelle, il a répondu hier : «J’aimerais de préférence rester dans le domaine de l’éducation.»
Ce projet n’est pas compatible avec les conclusions tirées par l’expert psychiatre. Le spécialiste a relevé des signes de pédophilie. Il estime qu’il est important qu’il suive un traitement sur une durée d’au moins cinq à six ans. Durant toute cette période, il n’aurait pas le droit d’entrer en contact avec des mineurs, insiste l’expert. Pour la suite, il faudrait consulter l’avis du thérapeute.

Un « véritable collectionneur »

Le trentenaire avait aussi confié à l’expert être tombé par hasard sur ce type d’images. Il aurait cliqué dessus par curiosité. Il lui arrivait de les regarder pour s’endormir. Il reconnaît le téléchargement et la consultation des images depuis 2007. Mais selon lui, c’est au printemps 2016 qu’il aurait accédé pour la première fois à la plateforme de chat lui permettant d’échanger du matériel pédopornographique.
Dans sa plaidoirie, Me Gilles Boileau a encore soulevé que son client a scrupuleusement respecté son contrôle judiciaire en entamant une thérapie deux jours après la perquisition. Il demande d’assortir l’intégralité de la peine d’un sursis.

«Son suivi était une condition du juge d’instruction. Donc cela n’est pas venu de sa propre initiative», a rétorqué la représentante du parquet. Lors de son réquisitoire, elle a qualifié le trentenaire de «véritable collectionneur» : «Il collectionne les images comme des trophées. Il les catalogue.» Le parquet relève encore son manque d’empathie vis-à-vis des victimes. «L’internet n’a rien à voir avec la vie réelle», avait-il ainsi affirmé lors de son audition
«Je ne crois pas en ses regrets sincères», a-t-elle conclu avant de requérir quatre ans de prison. Seule une partie devrait être assortie d’un sursis probatoire. Elle demande également que l’enseignant suspendu ait pendant dix ans l’interdiction d’exercer une activité impliquant un contact habituel avec des mineurs ou de tenir école. Prononcé le 24 mai.

Fabienne Armborst.