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Etat de la Nation : l’opposition critique, Luc Frieden insiste 


Absence de vision, discours de chef d’entreprise, banalisation des grands problèmes : l’opposition n’a pas ménagé Luc Frieden et son gouvernement.  (Photo : julien garroy)

Six heures de débat à la suite du discours de Luc Frieden sur l’état de la Nation et peu de réponses de la part du Premier ministre. Il refuse le reproche de vouloir banaliser les grands problèmes.

«Je savais à l’avance comment vous alliez réagir», répond en guise d’introduction le Premier ministre, Luc Frieden, l’air amusé. Ce n’était pas difficile à deviner. Après un débat de six heures, il ne s’est pourtant pas attardé au pupitre pour répondre aux représentants de l’opposition qui n’ont pas été tendres avec le gouvernement. «J’ai observé des contradictions», avance Luc Frieden.

Lesquelles? «Madame Bofferding me reproche d’avoir tenu un discours trop conservateur et libéral, et Fred Keup estime qu’il n’est pas assez conservateur à son goût.» Petit tollé dans la salle pour la comparaison, pas très heureuse, entre la cheffe de file des socialistes et le leader des réformateurs populistes. Le Premier ministre en conclut qu’il a raison, que son gouvernement se situe bien au centre de l’échiquier politique. L’opposition ricane.

Alors que, tout à tour, Marc Spautz, Gilles Baum, Diane Adehm et Carole Hartmann défendent bec et ongles les mesures annoncées, calquées sur l’accord de coalition, l’opposition est plutôt sidérée de constater que les simplifications administratives prévues vont résoudre le problème du logement et celui de la pauvreté grandissante dans le pays. «Si c’était si simple, pourquoi ne l’avoir pas fait depuis tout ce temps?», questionne Marc Baum (Déi Lénk), se souvenant que le sujet revient sur la table dans chaque discours sur l’état de la Nation depuis belle lurette.

«Je suis ouvert aux propositions de l’opposition»

Sam Tanson (Déi Gréng) prend note que ce gouvernement veut «réaliser» plus que «gérer», mais elle n’entend que «procédures, commissions, simplifications digitales et baisses d’impôts». Et c’est précisément ce dernier point qui «empêche la réalisation», faute de contre-financement.  À l’adresse des verts qui lui reprochent de n’avoir «aucune vision», Luc Frieden dit au contraire qu’il offre un tableau complet des ambitions de son gouvernement : cohésion sociale, pouvoir d’achat renforcé, lutte contre la pauvreté – surtout infantile –, compétitivité et transition énergétique. Pour lui, tout y est, sans compter les obstacles qu’il veut supprimer pour construire davantage et plus vite.

Le Premier ministre ne comprend pas comment l’opposition peut lui reprocher de vouloir «banaliser» les grands problèmes alors qu’il estime les prendre à bras-le-corps. Dans son intervention de quelques minutes, Luc Frieden s’adresse aux députés en leur demandant de tomber tous d’accord sur deux sujets qui lui paraissent capitaux : le nécessaire effort collectif pour la défense (2 % du PIB pour l’OTAN d’ici 2030), et la lutte contre la pauvreté infantile, «un sujet qui me perturbe beaucoup» : «Je suis ouvert aux propositions de l’opposition pour faire une politique efficace dans ce domaine.»

Compétitivité vs solidarité

 Sam Tanson, tout aussi surprise que Marc Baum de la courte intervention du Premier ministre après des heures de débat, insiste pour avoir une réponse à une question claire qu’elle lui a posée. Quel sera l’impact de la suppression du plafond tarifaire des énergies sur l’inflation? Réponse : 1,2 %. La cheffe de file des verts prend note, de même qu’elle acte l’absence des thèmes qui sont chers dans le discours du Premier ministre : la protection de la nature et de la biodiversité.

Dans son discours, Luc Frieden avait alerté sur les dangers de la montée de l’extrême droite, partout en Europe. Le député Marc Baum ne s’en étonne pas et constate que le mot fétiche de Luc Frieden, qui est «compétitivité», en est sans doute à l’origine. «Les Européens doivent être compétitifs face aux Américains et aux Chinois, et les Luxembourgeois doivent être compétitifs face aux Français, aux Irlandais, aux Allemands, aux Néerlandais, bref, les uns contre les autres, pas les uns avec les autres.» Une politique «dans l’intérêt d’une minorité d’ultrariches et de multinationales, qui s’enrichissent de façon obscène aux dépens des personnes pour lesquelles ils travaillent, grâce aux services publics.»

Diane Adehm (CSV), rappelle que la compétitivité est à la base de la création d’emploi, donc des salaires pour tous.

Au sujet des salaires, la socialiste Taina Bofferding dépose une motion pour réclamer à nouveau une augmentation de 100 euros du salaire social minimum. Motion rejetée. Le chef de file des libéraux, Gilles Baum, lui fait remarquer que l’opposition qui s’inquiète du contre-financement des mesures ne peut pas parallèlement exiger une telle augmentation.

Quant à Mars di Bartolomeo (LSAP), qui veut savoir si le gouvernement, dans sa volonté de vouloir créer une classe d’impôt unique, se dirige plutôt vers la classe 1 ou la classe 2, il n’a pas obtenu de réponse. «L’heure n’est pas aux questions au gouvernement», lui indique le président Claude Wiseler.

Le député socialiste entendait tester la nouvelle formule envisagée pour les questions au gouvernement, que chacun veut «plus spontanée» et «moins technique». Il devra attendre le bon moment.

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