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L’ONU en quête d’un nouveau souffle avec Antonio Guterres


Les attentes envers Guterres, polyglotte de 67 ans, sont d'autant plus élevées que le discret Ban Ki-moon a déçu. (photo AFP)

Le socialiste Antonio Guterres, ancien Premier ministre portugais, âgé de 67 ans, a été désigné ce jeudi comme le prochain secrétaire général des Nations unies. Il succèdera à Ban Ki-moon le 1er janvier 2017.

Le Portugais Antonio Guterres a été élu jeudi secrétaire général de l’ONU, avec pour mission de donner un nouvel élan à une institution affaiblie face aux multiples crises auxquelles le monde est confronté.

L’ex-Haut commissaire de l’ONU aux réfugiés, qui vient d’affronter à ce titre la plus grave crise humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale, a été officiellement nommé par les 193 pays membres de l’ONU pour un mandat de cinq ans, après avoir reçu jeudi dernier la bénédiction des 15 pays du Conseil de sécurité.

L’ex-Premier ministre portugais, premier ex-chef de gouvernement à accéder à ce poste, ne prendra la succession du Sud-Coréen Ban Ki-moon que le 1er janvier. Mais les attentes sont déjà fortes pour qu’il reprenne l’initiative sur les grandes crises actuelles, comme la guerre en Syrie ou la crise des réfugiés, dans un contexte de tensions exacerbées entre les Etats-Unis, la Russie et la Chine.

Avec lui, « les Nations Unies se dotent du meilleur barreur possible pour cette période de tempêtes: un leader capable de tracer une direction et de rassembler, un grand professionnel capable de réformer et d’innover, un humaniste doté d’une vraie boussole morale », a ainsi estimé l’ambassadeur français à l’ONU François Delattre.

« Il est capable à la fois de leadership, de vision, d’inspiration, de donner une direction mais aussi de mener les réformes en interne pour plus d’efficacité (…) et pour faire que le tout soit plus que la simple somme de ses composants », a déclaré de son côté l’ambassadeur britannique Matthew Rycroft.

Les attentes envers Guterres, polyglotte de 67 ans, sont d’autant plus élevées que le discret Ban Ki-moon a déçu: piètre communicateur, il a été incapable d’actions fortes face aux grands conflits du moment, Syrie, Yémen ou Soudan du Sud. « Tout le monde est très poli sur Ban mais soyons honnêtes… tout le monde sait qu’il n’a pas été un secrétaire général fort, ni sur le plan du leadership externe, ni pour les réformes internes », a expliqué un diplomate du Conseil de sécurité sous couvert d’anonymat.

« Servir les plus vulnérables »

« Il a les bons instincts sur la Syrie et le reste, mais il n’a pas réussi à peser sur l’opinion internationale sur tous ces sujets », a-t-il ajouté. Quant à Guterres, « Je ne dis pas qu’il aura un plan de paix pour la Syrie, mais je crois qu’il fera tout pour que le secrétaire général soit impliqué de façon centrale sur ces questions », a encore estimé ce diplomate. M. Guterres doit prononcer un discours après son élection jeudi, avant de prendre ses quartiers avec son équipe de transition dans des bureaux temporaires situés en face du siège de l’ONU à New York (Etats-Unis).

Dès la semaine dernière, cet homme râblé aux yeux brillants a promis de « servir les plus vulnérables », comme « les victimes des conflits et du terrorisme ». Il a aussi exprimé l’espoir que sa désignation plus rapide que prévue soit « symbolique d’une capacité du Conseil de sécurité d’agir dans l’unité et le consensus, pour pouvoir répondre rapidement aux terribles défis de notre temps ».

Guterres arrive fort du soutien unanime du Conseil de sécurité, après une campagne d’une transparence inédite pour le poste le plus prestigieux de la diplomatie mondiale. Des décennies durant, sa sélection était le fruit de tractations à huis clos entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité – Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni. L’ambassadrice des Etats-Unis, Samantha Power, a néanmoins prévenu qu’il héritait « des défis les plus complexes posés à la paix, à la sécurité, aux droits de l’Homme et au développement que le monde ait connus ».

Signe des tensions actuelles entre grandes puissances, le Conseil de sécurité se déchire depuis des mois sur le conflit syrien. Deux textes concurrents, l’un proposé par la France et l’autre par la Russie, ont ainsi été rejetés samedi, qui appelaient à stopper les hostilités. Outre le conflit syrien et la crise des réfugiés, plusieurs missions de maintien de la paix de l’ONU sont aussi en difficulté. En Centrafrique notamment, où les Casques bleus ont été accusés d’agressions sexuelles sur des enfants, ou au Soudan du Sud plongé dans un sanglant chaos.

Le Quotidien / AFP