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Longwy : projection-débat sur l’écoblanchiment


Le documentaire l'Illusion verte, réalisé par l'Autrichien Werner Boote (à gauche) sera diffusé à Longwy mardi, avec un débat qui s'annonce intéressant à la clef (Photo : DR).

Le documentaire L’Illusion verte sera projeté mardi 15 octobre à 20 h à Kinepolis Longwy, avec un débat à la clef. Joe Labat, anthropologue et professeur à l’Université de Lorraine, sera présent pour les échanges.

bonetti labate

Le synopsis du documentaire de Werner Boote ? Les industriels investissent beaucoup de temps et d’argent à « verdir » leur image : voitures électriques, huile de palme labellisée bio, ou encore produits issus du commerce équitable. Tout est fait pour nous déculpabiliser et expliquer que nous pourrions sauver le monde en consommant ces produits. Une pratique dangereusement populaire nommée « greenwashing » ou « écoblanchiment ». Et si, à défaut de sauver le monde, ces pratiques ne servaient qu’à enrichir les multinationales ?

 

Comment présenter ce film ?

Joe Labat : Il tourne autour du mensonge de l’écoblanchiment, le paradis dans lequel se réfugient les entreprises pour pouvoir continuer leurs pratiques, qui tournent autour de la croissance, de l’exploitation de l’espèce humaine, de la démesure. L’espèce humaine est bourrée d’excès, et se lance dans une fuite en avant qui a provoqué la rupture avec le monde de la nature et qui définit la modernité. On est dans une société axée sur quatre principes : l’extractivisme, le productivisme, la consommation et les déchets. Et tout cela épuise la planète. On est dans l’incohérence. Et nous ne nous en sortirons pas si nous restons là-dedans. Le film évoque tout cela, ces multinationales qui adaptent leur discours pour se faire passer pour écologiques, alors qu’elles ne changent rien au final. On continue à bétonner, exploiter, et les espèces disparaissent à un rythme effrayant. Ce qu’on a perdu, on ne le retrouvera pas.

Le greenwashing, c’est du colonialisme vert

Quel est le lien avec l’anthropologie ?

Je ferai le lien avec les peuples racines, les peuples autochtones, qui ne produisaient et ne produisent pas d’entropie (NDLR : l’entropie caractérise le degré de désorganisation, de dégradation, de désordre d’un système), ou si peu. Alors que nos sociétés, si. Et plus on en produit, moins on s’en sort. On a tout déstabilisé. Et on vit dans une forme d’illusion. Le greenwashing est le concept du colonialisme vert. C’est

l’hypocrisie moderne, pour faire croire qu’on continue comme avant. Il fait partie de ces concepts rassurants comme « développement durable », « transition énergétique », etc. Alors qu’il faudrait une révolution écologique.

De quoi allez-vous parler dans votre conférence ?

De la gratuité, qui est un mot tabou, car on est dans une société marchande, qui fétichise la marchandise. Plus c’est cher, meilleure est la qualité. Alors qu’il faudrait plutôt de bien commun. Pourquoi les premiers mètres cubes d’eau ne sont-ils pas gratuits ? Pourquoi l’eau des piscines n’est-elle pas surtaxée ? Pourquoi les transports en commune ne sont-ils pas gratuits, alors que dans toutes les villes qui l’appliquent, ça fonctionne très bien ?

Propos recueillis par Sébastien Bonetti (Le Républicain Lorrain)