L’organisation sanitaire de la région Grand-Est est difficile à cerner. De part et d’autre de ce vaste territoire de 57 400 km2, les réalités ne sont pas les mêmes face au virus. La sénatrice de Meurthe-et-Moselle nord, Véronique Guillotin, elle-même en poste à l’hôpital de Mont-Saint-Martin (frontière de Rodange), fait le point avec Le Quotidien.
Les échos venant de la région Grand-Est sont alarmants. Et d’un autre côté, on nous annonce une situation plus acceptable sur les territoires proches du Luxembourg. Qu’en est-il vraiment ?
Je peux vous parler du territoire qui s’étend de Longuyon à Villerupt en passant par le bassin de Longwy. Donc le Pays-Haut dans une version large. À l’heure où je vous parle (NDLR : mardi 31 mars, 15 heures), sincèrement, il n’y a pas de saturation face au coronavirus. Je le dis aussi bien concernant l’hôpital de Mont-Sain-Martin, que pour les cabinets de médecins de ville ou les organisations pluridisciplinaires. On a du travail mais on n’est pas Mulhouse, ni Metz.
Comment expliquer ce phénomène ?
Les paramètres sont nombreux. C’est très local, à Nancy ils ne renvoient pas non plus de tels échos. Cela dépendant de la situation géographique -si vous êtes un « cluster » de l’épidémie ou non. Ça dépend aussi de la capacité de lits, du potentiel humain dont le territoire dispose par rapport à sa population etc.
Concrètement, les médecins du Pays-Haut ont quand même subi la « vague » au début de l’épidémie ?
Au début oui. Beaucoup d’appels, d’inquiétudes, de monde dans les salles d’attentes… Mais on a tellement fait de communication autour du virus que les gens ne vont plus chez le médecin, même quand la raison est valable, même quand ça n’a rien à voir avec le coronavirus. Nous sommes désormais dans une situation de retour de pendule : alors que nos soignants sont bien organisés sur le territoire, les patients sont moins là.
Les impulsions sont notamment parties de la base chez nous
Comment s’organise les équipes de votre territoire face au coronavirus ? Au Luxembourg, des centres de soin avancés permettent de diagnostiquer et de traiter les patients, jusqu’à les « dispatcher » dans les hôpitaux si besoin. Ce qui semble efficace…
On ne peut pas comparer avec l’échelon national du Luxembourg. Les impulsions sont notamment parties de la base chez nous : de Longuyon à Villerupt, les médecins libéraux, infirmiers, paramédicaux et tous les soignants se sont organisés pour un service de proximité, en partenariat avec les acteurs locaux. À Hussigny-Godbrange, la commune a mis à disposition la salle communale pour deux médecins : le matin, ils font leur consultation « hors corona » à leur cabinet, l’après-midi, ils font du « corona » à la salle communale, avec une organisation précise. À Réhon, l’organisation s’est faite à partir d’une équipe de soins primaires et de tournées « coronavirus » distinctes des tournées habituelles. À Longuyon, les permanences coronavirus sont liées à la Maison de santé. Idem à Longwy, avec un travail en cours pour raccrocher d’autres médecins que les titulaires habituels de la Maison de santé. Etc.
Il y a beaucoup d’initiatives. Mais comment savoir qui appeler ?
On appelle son médecin traitant habituel, point barre. C’est lui qui connaît tous les rouages. C’est parfois lui qui a mis en place dans son cabinet des créneaux de consultations Covid-19 aussi. On va au plus près de chez soi, au plus efficace. On ne dérange pas pour rien, mais on se fait soigner, de façon logique. Par ailleurs, on ne se prive pas de demander un rendez-vous médical pour autre chose que le coronavirus : la vie et ses tracas habituels continue, les médecins sont là.
Entretien avec Hubert Gamelon