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Loi sur la nationalité : une bonne nouvelle pour la Fédération luxembourgeoise de football


De nouveaux joueurs pourraient rapidement être naturalisés et prétendre aux sélections nationales. (photo archives LQ)

La Fédération luxembourgeoise de football (FLF) se tient prête à déposer ses premiers dossiers. La réforme de la nationalité, qui entrera en vigueur le 1er avril, va changer son ordinaire.

Viviane Loschetter, rapporteure de la loi sur la nationalité, était jeudi à mille lieues de toute considération sportive au moment où celle-ci a été votée. Mercredi encore, la députée écologiste parlait de «meilleure participation démocratique», de «sauvegarde de notre cohésion sociale» ou encore de «protection de ce qui est un atout précieux, le multiculturalisme national». Forcément, le foot ne faisait pas partie de ses priorités du moment et pourtant, la FLF compte parmi ceux qui, au pays, sont sans doute le plus enthousiasmés par ce merveilleux changement de paradigme qu’est le droit du sol.

Et jeudi, en ce jour un peu révolutionnaire pour les sélections nationales, ses jeunes Portugais, ses jeunes ex-Yougoslaves… on sentait bien que Marc Diederich, le juriste de la fédération, se sentait pousser des ailes : «C’est très, très intéressant. Cela va nous permettre de lancer plein de procédures pour des jeunes nés ici, mais qui n’ont pas encore le droit de jouer pour nous.» En cherchant bien, cela recoupe vaguement ce que Viviane Loschetter voulait sans doute dire en utilisant le mot «multiculturalisme».

Ces dernières années, la FLF ramait un peu. Elle a perdu quelques jeunes assez emblématiques (tel un Mirza Mustafic, aux portes de l’équipe A de Mönchengladbach mais qui a opté pour la Bosnie) sans que la loi ait quoi que ce soit à voir là-dedans, mais n’a pas pu en faire jouer beaucoup d’autres à cause d’elle. Ce qui a des répercussions concrètes sur le niveau de jeu de ses équipes et des joueurs eux-mêmes, alors qu’une année de formation coûte plusieurs milliers d’euros.

« Cette loi sera très très bonne pour que nous puissions disposer de toutes nos forces vives »

La fédération n’avait pas énormément de solutions de repli. Elle subissait. Accompagnait les parents de ses jeunes joueurs «étrangers» en dispensant elle-même des cours de luxembourgeois (une trentaine à chaque session tout de même) pour les aider à obtenir la nationalité. A même circulé, un temps (sans qu’on sache si le projet est depuis longtemps abandonné ou en passe de l’être), la rumeur d’un contrat qu’elle souhaitait faire signer à ses jeunes et qui pourrait éventuellement les contraindre à rembourser une partie de la formation au cas où ils opteraient pour une autre sélection une fois arrivés à l’âge adulte.

Depuis jeudi, on est loin de tout ça. Si la FLF introduit ses requêtes le 1er avril prochain, au moment où la loi changera effectivement, elle a de grandes chances de voir tout le monde naturalisé avant juillet. D’ailleurs, Gerson Rodrigues (Fola) et Dany Mota (Virtus Entella/Ita) ont déjà suffisamment avancé dans leurs dossiers respectifs pour qu’à la fédération, on les imagine, le cas échéant, sélectionnables pour les Pays-Bas, en juin (même si Mota doit encore choisir pour quelle sélection il veut jouer).

Et ce n’est que la partie immergée de l’iceberg, puisque sur les 300 joueurs à demeure au CFN, c’est sans doute un peu moins de la moitié qui pourraient être concernés par cette loi et ses effets. «On en avait trois chez les U19, cinq chez les U17… », égrène Reinhold Breu, le patron de la formation luxembourgeoise, sans aller au bout tant ils sont nombreux, les joueurs qui étaient empêchés de jouer pour les Roud Léiwen par la loi. « Mais 99 % d’entre eux veulent jouer pour le Grand-Duché! Alors cette loi sera très très bonne pour que nous puissions disposer de toutes nos forces vives. On a dû attendre leurs 18 ans pour aligner des Danel Sinani ou des Ricky Delgado. Pourtant, ils avaient leur place ici, avec nous! Comme tous ceux nés au pays!» Alors bienvenue!

Julien Mollereau