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Logements abordables : déi Lénk ne voit pas d’«offensive»


Le député David Wagner et Gary Diderich, co-porte-parole de déi Lénk, appellent à renforcer les moyens des communes au lieu de «subventionner directement les marges bénéficiaires» des promoteurs privés. (Photo : claude lenert)

Le parti d’opposition critique les mesures du ministre Claude Meisch pour doper la construction de logements abordables. L’implication des promoteurs privés est particulièrement fustigée.

Pile une semaine après la présentation par le ministre du Logement d’un nouveau paquet de mesures pour augmenter le parc de logements abordables, déi Lénk a présenté, vendredi, un premier avis très critique sur le plan d’action validé par le gouvernement. Même si le parti décèle «quelques bonnes modifications» du cadre légal existant, il estime qu’«il ne faut pas se leurrer : ces mesures ne permettront pas de créer plus de logements.»

Claude Meisch est même accusé de «tromperie». Il s’attend à la création de 500 logements abordables supplémentaires par an, grâce à une plus étroite implication des communes comme promoteurs et bailleurs sociaux. Une des mesures clés proposées par le ministre est que les communes pourront à leur tour profiter de l’ensemble des aides étatiques en place depuis 2023 : une aide à la pierre couvrant 75 % des coûts d’un projet (terrain et construction), accompagnée de la garantie – sur 40 ans – d’un taux de rendement sur le capital investi (3,5 % pour les terrains, 4,5 % pour la construction), soit les 25 % restants du coût global.

Les communes «constructeurs de logements idéaux»

«Cette mesure est certes juste et peut soulager financièrement les communes qui construisent des logements. Cependant, cela n’inciterait pas pour autant 100 communes à se lancer elles-mêmes dans la construction, car les obstacles se trouvent ailleurs», estime déi Lénk, qui renvoie vers le manque de ressources humaines pour mener à bien un projet de construction.

Les communes resteraient néanmoins «les constructeurs de logements idéaux». «Elles ont juste besoin des moyens nécessaires pour pouvoir le faire. Mais la nouvelle loi ne le permettra pas», déplore le parti. Il revendique la mise à disposition de moyens financiers pour la création des capacités manquantes, mais aussi l’introduction «à moyen terme» d’un taux minimum de logements locatifs abordables pour toutes les communes.

Un déficit de plus de 30 000 unités

Déi Lénk rappelle que le déficit de logements abordables dépasse les 30 000 unités. Aujourd’hui, le parc existant se limiterait à 3 800 logements locatifs publics, soit 1,5 % du parc immobilier total. La moyenne sur les quatre dernières années est de 287 logements publics achevés. «Si ce rythme se maintenait, nous aurions atteint en 2130 le besoin en logements de l’année 2020», avance le parti.

La solution ne pourrait cependant pas être d’impliquer davantage les promoteurs publics dans la création de logements abordables, comme le prévoit le projet du ministre Meisch. Il s’agirait d’un «changement de paradigme problématique». «Si les promoteurs privés construisent des logements abordables sur leurs terrains et peuvent les louer à un loyer inférieur à celui du marché à des bailleurs sociaux, l’État subventionnera directement les marges bénéficiaires de Giorgetti et consorts», fustige le député David Wagner.

Pas de logements abordables pour les promoteurs privés

La revendication est claire : les promoteurs privés «doivent rester écartés de la construction de logements abordables». Tout au plus, ils devraient être «obligés» à céder aux promoteurs publics des quotas de logements locatifs lors de la réalisation de nouvelles unités de logements.

La responsabilité globale pour mener une véritable «offensive en matière de construction de logements abordables» reviendrait à l’État et aux communes, appelés à débloquer davantage de moyens financiers. Les dépenses réelles du fonds spécial mis en place par le gouvernement stagneraient depuis 2021, et «malgré des grandes annonces», se situeraient dans une fourchette située entre 170 et 183 millions d’euros.

Le budget pluriannuel prévoit une «augmentation considérable des dépenses théoriques» pour atteindre plus de 500 millions d’euros par an, «mais dans la pratique, elles devraient se situer autour de 300 millions d’euros de dépenses réelles», estime déi Lénk. Cet écart s’expliquerait «par l’expérience de ces dernières années qui nous enseigne que beaucoup de projets sont annoncés, mais peu sont réellement construits».