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Logement : le compte n’y est pas


Le prix de vente des logements en baisse en 2023. (Photo archives lq)

Alors que la fin de la législature approche, le gouvernement s’est cassé les dents sur plusieurs réformes liées au logement et le ministre Kox a bien du mal à défendre son bilan.

Alors que la part du revenu consacrée au logement pèse de plus en plus lourd pour les ménages, l’Observatoire de l’habitat soulignait l’an dernier que ce sont les locataires les moins aisés qui sont les plus touchés par la hausse des prix, suivis des propriétaires avec un emprunt en cours.

En 2019, les locataires consacraient en moyenne 37 % de leur budget mensuel au logement, contre 29 % pour les propriétaires remboursant un prêt. Avec de fortes disparités, puisque pour les 20 % des ménages les moins aisés, c’est la moitié de leur budget du mois qui était engloutie.

Une situation délicate, dans laquelle se trouvent de plus en plus de résidents qui n’entrent pas dans les cases du logement issu de la gestion locative sociale, mais n’ont pas non plus les moyens d’acquérir un bien vu les prix élevés du marché. D’où un tacle du Parti pirate au ministre du Logement dans une récente question parlementaire : que fait le gouvernement pour soutenir ces familles?

Henri Kox (déi gréng) commence par rappeler que la subvention de loyer accordée aux ménages à faibles revenus qui louent leur bien dans le marché privé a été augmentée deux fois au cours des cinq dernières années : d’abord boudée au moment de son lancement, elle a explosé en 2022 à la faveur d’une campagne d’information – beaucoup de bénéficiaires potentiels ignorant jusque-là qu’ils étaient éligibles. 90 000 subventions de loyer ont été versées en 2022 contre 4 000 seulement en 2016, avance-t-il. Un rebond dû aux critères d’accessibilité élargis et aux montants revus à la hausse en août dernier, à la suite de l’accord tripartite.

Avant cette réforme, un ménage avec deux enfants, un revenu de 4 500 euros par mois et un loyer de 1 800 euros recevait une aide de 187 euros mensuels. Aujourd’hui, cette allocation atteint 360 euros, soit près du double, et une augmentation de 6 % du revenu disponible, affirme le ministre. La réforme permet aussi à un ménage de percevoir une subvention de loyer de 336 euros si son revenu net s’élève à 5 400 euros, là où il n’aurait eu que 30 euros auparavant.

Un célibataire gagnant 2 400 euros par mois et ayant un loyer de 900 euros qui recevait une aide de 134 euros avant la réforme reçoit désormais 200 euros mensuels, soit une augmentation du revenu disponible de 4 %. Henri Kox se félicite qu’en moyenne la subvention de loyer ait augmenté de 78 %, passant de 157 euros par mois et par foyer à 280 euros. «Environ 17 millions d’euros ont ainsi été versés en 2022, et ce montant s’élèvera à près de 30 millions en 2023», écrit-il.

Un simulateur accessible en ligne permet d’estimer le montant de la subvention de loyer en fonction de la composition et des revenus du ménage. Parmi les autres mesures existantes, le ministre cite encore la garantie locative pour les personnes qui ne peuvent fournir la garantie nécessaire lors de la location d’un appartement, et indique que pour faciliter l’accès à la propriété, son ministère a débloqué 25 millions d’euros d’aides et de subventions en 2022.

Des réformes cruciales en suspens

Sur le front de la construction de logements sociaux, la stratégie nationale pour le logement abordable prévoit d’élargir le parc actuel (à peine 2 % du total) avec l’objectif d’en créer au moins dix fois plus, notamment à destination des 20 % de la population en difficulté.

«Les investissements de l’État dans le logement public sont passés de 40 millions d’euros en 2017 à 173 millions en 2023. Le parc de logements locatifs publics abordables des promoteurs publics (communes, Fonds du logement, SNHBM) a augmenté de 5 % en un an et s’établira à 4 065 logements au 31 décembre prochain», précise Henri Kox.

«950 logements supplémentaires inscrits à l’inventaire du fonds spécial sont en passe d’être achevés. Dans cette législature, 10 lois de financement des grands ensembles HLM ont été votées par la Chambre ou sont en préparation. Ces projets représentent 3 300 logements avec une participation de l’État de 1,5 milliard d’euros.»

Le Pacte logement 2.0 ou la réforme du logement abordable donnent «un élan supplémentaire» à cette dynamique, selon lui.

Toutefois, alors que la fin de la législature approche et que la crise du logement s’intensifie, ce gouvernement aura buté sur une série de réformes pourtant cruciales : tout d’abord, celle de la loi sur le bail à loyer, portée par Henri Kox lui-même et décriée jusqu’au sein de la coalition à cause d’une méthode de calcul ouvrant la voie à une augmentation des loyers, pointent ses détracteurs.

Sans oublier l’adoption du nouvel impôt foncier censé permettre de mobiliser enfin davantage de terrains constructibles et de logements laissés vides, dont le texte s’est vu retoqué par le Conseil d’État, là où la ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding, espérait un vote avant juillet.