Beaucoup d’étudiants inscrits à l’université du Luxembourg cherchent encore un studio ou une chambre à quelques semaines à peine du début des cours. Une mission compliquée face au marché de l’immobilier en surchauffe.
C’est la première préoccupation de tout nouvel étudiant : une fois inscrit dans le cursus de ses rêves, encore faut-il trouver à se loger, pas trop loin du campus, et pour pas trop cher si possible. Or, au Grand-Duché plus qu’ailleurs, la crise du logement rend la tâche particulièrement délicate. Le manque d’offres crée des tensions et poussent les loyers toujours plus hauts.
Le 18 septembre, ils seront environ 7 300 à faire leur rentrée à l’université du Luxembourg, dont près de 2 800 nouveaux arrivants. Si les étudiants originaires du pays ont souvent la possibilité de rester au domicile familial le temps de leurs études, ils ne représentent que 35 % des inscrits. La majorité – 4 500 étudiants l’an passé – arrive de l’étranger avec ses valises.
Or, l’université, qui fête ses 20 ans d’existence cette année, n’a que 1 000 logements abordables à sa disposition, attribués sur dossier par le Service des études et de la vie étudiante (SEVE). D’où une longue liste d’attente, et des situations parfois critiques, comme en 2019, où 300 étudiants se trouvaient toujours sur le carreau à la veille de la rentrée. Ce qui avait poussé le recteur de l’université de l’époque à lancer un appel pour trouver des chambres en urgence.
Pour éviter que le problème du logement ne se dresse comme une barrière infranchissable sur le parcours de ses futurs talents, l’institution s’engage donc à étoffer son parc : «L’université n’est pas en position de pouvoir loger tous les étudiants, mais agrandir l’offre est un effort permanent», précise Britta Schlüter, responsable du service communication, qui note que les résidences actuelles abritent 8 % d’étudiants luxembourgeois, environ deux tiers originaires d’un État membre de l’UE et un tiers d’élèves issus de pays hors UE.
Elle souligne aussi que «le besoin de logement abordable est particulièrement fort au début des études, puis diminue avec le temps, tandis que les étudiants s’installent en colocation avec des pairs ou des partenaires».
Des contrats désormais à durée limitée
Fermée depuis deux ans pour un souci de contamination des eaux, la résidence «Les Dominicaines» à Luxembourg qui propose une soixantaine de logements, devrait rouvrir en 2024. D’autres projets de construction sont en cours de préparation, indique l’université, comme la résidence Porte de France à Belval, avec 140 unités de logement, dont la livraison est programmée pour 2027.
En parallèle, «de nouvelles possibilités de logement verront également le jour au Kirchberg et probablement à Esch-sur-Alzette», poursuit Britta Schlüter, ajoutant que l’université travaille avec des partenaires publics et privés pour étendre son offre.
En attendant, l’établissement mise d’abord sur l’information en décrivant la situation tendue dès le début du processus d’inscription, de façon à ce que les étudiants ne soient pas pris de court.
Ensuite, elle a pris des mesures pour garantir que les logements attribués soient bel et bien occupés juste le temps des études : la durée des contrats de location est désormais limitée à 36 mois pour les étudiants en bachelor, et 24 mois pour ceux de master et doctorat, «dans une démarche de fair-play».
La Ville d’Esch-sur-Alzette contribue également à l’offre de logements destinés aux étudiants avec un parc de 45 unités reparties dans trois résidences. L’attribution se fait sur dossier, et les loyers sont plafonnés : il faut compter entre 350 et 500 euros. Sans surprise, tout est déjà complet, indique la commune, et 150 jeunes figurent sur liste d’attente à quelques semaines du début des cours. C’est pourquoi le développement du parc fait partie des priorités politiques pour les six prochaines années.
Et dans la ville voisine d’Audun-le-Tiche, côté français, l’offre s’est aussi développée ces dernières années : une résidence de 130 appartements meublés aux loyers encadrés accueille étudiants et jeunes actifs depuis 2018, sous conditions de ressources.
Jusqu’à 1 200 euros en colocation
Du côté des agences immobilières, le téléphone n’arrête pas de sonner durant l’été avec, au bout du fil, des étudiants en quête d’un toit. Dans le quartier de Belval, plusieurs résidences privées proposent des appartements pour les universitaires, mais les places sont chères.
«On a beaucoup de demandes en ce moment, malheureusement, nous sommes déjà complets jusqu’à fin septembre», répond l’agence Genimmo à Belval, chargée de la gestion des 220 logements étudiants de la résidence Galileo implantée juste à côté du campus. «Ça va de la chambre en colocation à 760 euros par mois au studio pour une personne seule à 1 390 euros», nous précise-t-on. Là aussi, pour une durée limitée dans le temps, puisque l’agence réclame la présentation d’un justificatif de scolarité.
Vu l’énorme demande et le peu d’offres, les étudiants sont contraints de se tourner vers le marché privé, où chambres et studios s’arrachent à prix d’or. Le site spécialisé appartager.lu affiche des annonces de chambres meublées chez l’habitant ou en colocation avec des loyers entre 500 et 900 euros autour de Belval, et entre 800 et 1 000 euros à Luxembourg. D’après la plateforme, une quinzaine seraient encore disponibles actuellement à Esch-sur-Alzette et une trentaine dans la capitale.
Enfin, dernier recours pour espérer dénicher la perle rare, le bouche-à-oreille ou les groupes privés sur les réseaux sociaux. Comme les annonces s’adressent à tous les publics, étudiants comme actifs, les prix pratiqués pour une chambre en colocation dépassent parfois les 1 000 euros mensuels : 1 200 euros charges comprises pour cette «chambre lumineuse et spacieuse» libre de suite au Limpertsberg par exemple. Un loyer clairement incompatible avec un budget d’étudiant.
Paul : «C’est stressant, à quelques semaines de la rentrée»
À 23 ans, déjà diplômé d’un master en droit, Paul a choisi le Grand-Duché pour boucler son cursus avec une spécialisation en droit européen. Mais le voilà confronté à la galère de trouver à se loger au Luxembourg, le tout à distance, puisque ce jeune Français habite Nantes. «Je recherche une chambre en colocation avec un budget de 750 euros, et ce n’est vraiment pas évident. D’ici, je dois passer par des mandataires, faire des visites en visio, tout en évitant les arnaques. Les biens sur le marché partent très vite, et c’est stressant à quelques semaines de la rentrée», confie-t-il. Il a déposé une demande auprès de l’université, et attend fébrilement une réponse ces jours-ci. «Si c’est négatif, je devrais faire une croix sur cette dernière année, ou prendre un studio de l’autre côté de la frontière avec une heure de trajet chaque jour.»
Faite signe des nouvelles informations