Le Mouvement écologique et natur&ëmwelt critiquent le plan du gouvernement censé accélérer la construction de logements. Les mesures risqueraient d’avoir un impact négatif sur la nature.
«Nous allons simplifier et accélérer considérablement les procédures essentielles en matière de protection de la nature pour les projets et constructions dans les zones destinées à être urbanisées.» Cet engagement, formulé le 19 juin par le ministre de l’Environnement, Serge Wilmes (CSV), provoque d’importants doutes auprès du Mouvement écologique et de l’association natur&ëmwelt. Leur principale question : est-ce que le paquet de 40 mesures ficelé par le gouvernement pour faciliter et accélérer la création de davantage de logements va-t-il se faire au détriment de la nature?
Les deux ONG environnementales ne remettent pas en cause le besoin d’agir, aussi à l’échelle des procédures trop lourdes. «L’objectif déclaré du gouvernement avec cet ensemble de mesures est d’établir des procédures afin de réduire les obstacles à la construction de logements tout en préservant la protection de la biodiversité», note le Mouvement écologique. Néanmoins, le plan d’action serait «trompeur». Au lieu de «prendre en compte les différents intérêts», le paquet risquerait «en réalité s’avérer être une boîte de Pandore au détriment de la nature et de la qualité de vie des gens».
Une «analyse totalement unilatérale du problème»
L’association natur&ëmwelt argumente dans le même sens : «Même si aucun détail précis n’est encore disponible à l’heure actuelle, ces mesures gouvernementales annoncées comportent des risques importants pour la protection de la nature». Dans un communiqué, l’ONG ajoute qu’«au vu du mauvais état de la nature au Luxembourg, ainsi que de la crise du climat et de la biodiversité, de mauvaises priorités sont fixées ici. La restauration et le développement du patrimoine naturel devraient plutôt être considérés comme une tâche prioritaire et être abordés de manière interministérielle».
Selon le Mouvement écologique, le gouvernement procède à une «analyse totalement unilatérale du problème». Seule la lourdeur administrative qui impacte les maîtres d’ouvrage serait prise en compte, sans se soucier «des intérêts des communes, des citoyens, de la conservation de la nature et, dans une certaine mesure, de l’agriculture».
Un appel lancé au ministre Wilmes
Le manque de détails est également un point d’inquiétude. «Le fait d’employer des formulations générales, sans se montrer plus précis, contourne les questions vraiment importantes. Or, il semble que le ténor est la flexibilisation et la simplification, même si cela se fait au détriment de la conservation de la biodiversité et de la qualité de vie des gens», réitère l’ONG, tout en lançant un appel à Serge Wilmes : «Le gouvernement – et en particulier le ministre de l’Environnement – ont le devoir de prouver le contraire!».
D’autant plus qu’il serait «une erreur de penser que les principaux obstacles à la construction plus rapide de logements se situe principalement dans le domaine de la protection de la nature». «Ce genre de narratif, propagé par certains politiciens, est bien trop simpliste», souligne encore le Mouvement écologique. En misant uniquement sur la simplification administrative, le gouvernement finirait par «résoudre un nombre limité de problèmes tout en créant ou déplaçant d’autres». Sont notamment énumérés les effets d’une croissance trop rapide des communes ou un manque d’intégration des nouveaux habitants.
Le Mouvement écologique estime que le gouvernement ne respecte pas son engagement de tenir compte de tous les intérêts sociaux. L’ONG conclut qu’un équilibre suffisant entre la légitime amélioration des procédures, la protection de l’environnement et la qualité de vie des gens, qui plus est à l’heure du changement climatique, n’est pas donné dans la version actuelle du plan». D’où un second appel lancé à l’adresse des ministres compétents : ne pas précipiter la mise en œuvre du paquet de mesures.