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Logement abordable : il faut accélérer


À Olm, les premiers habitants du nouveau quartier Elmen se sont installés en février dernier. À terme, ce nouveau village comptera 2 000 habitants, dans dix ans, si tout va bien.

Entre 10 et 20 ans, voire davantage, c’est le temps qu’il faut compter pour la réalisation des grands projets immobiliers publics. Accélérer le mouvement en temps de crise serait une idée.

Il n’est pas rare de constater que les membres du gouvernement interrogés par les députés omettent de répondre à toutes les questions qui leur sont posées. Sans doute parce qu’ils n’ont pas les réponses ou que les questions les dérangent. L’ex-députée Nathalie Oberweis, qui ne s’est pas présentée aux dernières élections, vient d’obtenir une réponse du ministre du Logement, Henri Kox, posée le 29 septembre dernier à propos de la crise immobilière.

Le secteur de la construction tire la langue et la Chambre des métiers évoque une situation très difficile avec une baisse substantielle des marchés privés due à l’envolée des taux d’intérêt, mais aussi publics en raison des élections communales suivies des élections législatives.

La députée rappelle au ministre que les entreprises de construction et de l’artisanat ont appelé le gouvernement à accélérer la réalisation, voire avancer la mise en travaux, des projets de construction de logements publics pour maintenir l’activité et éviter des licenciements économiques et des faillites.

Les projets d’envergure ne manquent pas pour la Société nationale des habitations à bon marché (SNHBM) ni pour le Fonds du logement (FdL), projets que la Chambre des députés a d’ailleurs votés.

Le ralentissement de l’activité dans le secteur immobilier privé peut-il conduire à une accélération de la réalisation de logements par les promoteurs publics? «On pourrait effectivement y réfléchir», répond le ministre, dont le mandat touche à sa fin et qui réserve certainement cette décision à son successeur.

Henri Kox, qui a sombré avec la grande majorité de ses camarades de parti (déi gréng) le 8 octobre, tient quand même à rappeler le coup d’accélérateur qu’il a donné ces dernières années pour la construction de logements publics dits abordables. Pour la SNHBM, le personnel a été augmenté de 55 % et le chiffre d’affaires en relation avec la construction de logements a été augmenté de 88 %, soit de 17 % en moyenne par an, pour passer de 59 millions d’euros en 2018 à 111 millions d’euros en 2022.

Idem pour le FdL où les dépenses de construction ont connu sur la même période un accroissement de 60 %, voire de 130 % en y incluant les acquisitions foncières. Le personnel a augmenté de 80 %. Mais ici, le chiffre d’affaires global est passé de 34,5 millions à 31,6 millions entre 2018 et 2022. De nombreux projets ont été entamés, mais les premières livraisons ne sont pas attendues avant 2028.

En fournissant un tableau des projets d’envergure déjà votés et de ceux qui devront encore l’être l’année prochaine et jusqu’en 2026, le ministère du Logement montre à quel point la réalisation prend du temps. Le 12 octobre dernier, Henri Kox a déposé le projet de loi pour la deuxième phase du projet Elmen, après le premier qui date de 2020. Certes, il s’agit d’un projet d’une taille équivalente à celle d’un nouveau village avec la réalisation de plus de 800 logements à Olm, sur le territoire de la commune de Kehlen. Il pourra loger 2 000 personnes, c’est un peu plus que le nombre d’habitants que comptent près d’un quart des communes du Luxembourg. Sa réalisation est prévue jusqu’en 2033.

La plupart des projets d’envergure votés depuis 2020 nécessitent entre 10 et 20 ans de travaux pour être achevés complètement, c’est dire combien il faudra encore patienter. Quant aux projets qui pourraient être priorisés et dont la construction pourrait être accélérée, le ministre ne dit mot, alors que la question de Nathalie Oberweis était clairement posée.

4 600 emplois menacés

Henir Kox ne dit pas non plus s’il a eu des discussions avec les deux promoteurs publics à ce sujet ni si des raisons budgétaires, économiques, procédurales ou autres empêcheraient dans la situation actuelle l’accélération ou l’avancement dans le temps de projets immobiliers publics.

Entretemps, la Chambre des métiers a estimé le nombre de logements non construits à 1 500 unités, et évalué l’impact défavorable direct sur les finances publiques à près de 300 millions d’euros. Ceci en termes de baisse des rentrées fiscales (TVA, droits d’enregistrement) et de hausse des dépenses (indemnités de chômage). D’après ces estimations, 4 600 emplois dans le secteur de la construction seraient menacés. Avec la crise actuelle, il est évident que l’écart entre la demande potentielle et l’offre se creusera davantage et que l’attractivité du pays en pâtira.

Le nouveau gouvernement va hériter d’une situation catastrophique, même si depuis cinq ans les promoteurs publics ont mis tout en œuvre pour accélérer la production de logements abordables, comme le rappelle Henri Kox.

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