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L’OGBL et le LCGB s’opposent à l’ouverture des commerces jusqu’à 22 h


Cette réforme représente pour les syndicats une nouvelle attaque du gouvernement sur les conditions de travail. (Photo: archives editpress/julien garroy)

Les deux syndicats font front commun face à la volonté du gouvernement d’étendre les jours et les horaires d’ouverture des commerces et des métiers de bouche.

Après leur opposition à l’extension du travail dominical dans les commerces de détail, qui pourrait passer de 4 à 8 heures, les syndicats se lancent dans une nouvelle bataille. Dans leur ligne de mire : la réforme du ministre de l’Economie Lex Delles visant à étendre les heures d’ouverture dans les commerces et les métiers de bouche (voir encadré). «Une libéralisation quasi-complète» selon l’OGBL et le LCGB qui entrainerait le régime «le plus libéral de toute la Grande Région.»

Dans un communiqué commun, les syndicats mettent en garde contre «une régression sociale d’envergure» qui «détruira toute vie familiale ou privée pour les 50 000 salariés concernés.» D’après eux, cette réforme, ainsi que celle du travail dominical, entre en contradiction avec une étude réalisée en 2018 par le Liser pour le compte du ministère des Classes moyennes. Devant servir de base pour une réforme du cadre légal, celle-ci montrait qu’une grande majorité de salariés du commerce ne souhaitaient pas travailler le dimanche, ni tard le soir. Ces heures supplémentaires auraient même un effet néfaste sur la santé et le bien-être. «L’étude a également mis en évidence qu’une libéralisation favorise les grandes entreprises et qu’elle aggrave les problèmes d’attractivité des petits artisans et commerçants», ajoutent l’OGBL et le LCGB.

«Tactique de saucissonnage»

La réforme va en outre être particulièrement préjudiciable aux femmes et aux frontaliers, très représentés dans ces métiers, et n’aidera pas à améliorer l’attractivité d’un secteur qui souffre déjà d’une pénurie de main-d’œuvre. La question des jours fériés inquiète particulièrement les syndicats car cette réforme «pourrait constituer un premier pas en direction d’une
augmentation généralisée du temps de travail de tous les salariés dans l’ensemble des secteurs d’activités.»

Cette modernisation du temps de travail pose donc de nombreuses questions aux représentants des salariés qui regrettent que le gouvernement applique «une tactique de saucissonnage» pour faire passer sa réforme. «Au lieu de négocier ces questions en bloc au sein du Comité permanent du travail et de l’emploi (CPTE), le gouvernement contourne activement cette institution tripartite et les usages du dialogue social au Luxembourg et met les partenaires sociaux devant des faits accomplis, tout en adoptant une position purement patronale.»

Face à ce qu’ils considèrent comme une nouvelle attaque contre les conditions de travail, le LCGB et l’OGBL ont décidé d’envoyer un courrier au Premier ministre. Dans l’attente une réponse, les syndicats annoncent déjà avoir commencé à mobiliser les salariés pour lancer prochainement leurs premières actions.

Le contenu de la réforme

La réforme portée par le ministre de l’Economie permettra aux commerces de détail et de bouche :

– d’ouvrir de 5 h à 22 h en semaine et de 5 h à 19 h les samedis, dimanches et jours fériés
– d’ouvrir durant huit des onze jours fériés de l’année (l’obligation de fermeture ne sera maintenue que sur trois trois jours spécifiques : le 1er janvier, le 1er mai et le 25 décembre)
– cette nouvelle catégorisation des jours fériés entraînera également deux catégories de veilles de jour férié : ouverture jusqu’à 19h00 pour les veilles de jours fériés ouvrables et jusqu’à 18h00 pour les veilles de jours fériés non-ouvrables
– d’ouvrir pendant 24 heures deux fois par an (contre une fois actuellement)