Le syndicat n’appelle pas qu’à se mobiliser contre l’extrême droite. Il exhorte aussi le gouvernement luxembourgeois à ne pas «répéter les mêmes erreurs» que les dirigeants français.
«C’est extrêmement inquiétant ce qui se passe en France», souligne d’emblée Nora Back, la présidente de l’OGBL. Le comité national s’est longuement penché, hier, sur la percée de l’extrême droite dans l’Hexagone. Pas question de remettre en cause son indépendance. «Mais nous ne sommes pas politiquement neutres. L’OGBL défend les intérêts de la population active. Et nous savons que les partis d’extrême droite sont toujours les ennemis des travailleurs», lance Nora Back. La crainte est que la prise de pouvoir du parti de Marine Le Pen ait à la fois un impact négatif sur les travailleurs français, y compris les frontaliers, et l’Europe dans sa globalité.
«Il existe une menace réelle que le Rassemblement national décroche une majorité absolue. On doit se défendre contre un tel scénario. C’est pourquoi nous lançons un appel à faire barrage à l’extrême droite», insiste la cheffe de file de l’OGBL, tout en mettant en garde le gouvernement luxembourgeois : «il ne faudra pas commettre les mêmes erreurs» que la classe politique française. «La conséquence de ce qui se passe en France résulte du fait que la politique a pendant des années exclu les personnes des décisions prises. Il y a eu un soulèvement, mais la population n’a pas été écoutée. Tout cela a mené à des inégalités grandissantes», développe Nora Back.
La crainte d’une dégradation supplémentaire du climat social au Grand-Duché est bien présente dans les rangs de l’OGBL. Trois messages clairs sont envoyés au gouvernement conservateur-libéral : pas question de mener une politique d’austérité, de démanteler le système de pensions ou encore de flexibiliser le temps de travail. Or, surtout sur ces deux derniers points, l’OGBL dit être fortement préoccupé par les récentes annonces et évolutions.
Dès demain, le ministre du Travail, Georges Mischo (CSV), veut parler avec le patronat et les syndicats d’une «modernisation du temps de travail». «Les sirènes d’alarme retentissent. Dans le contexte d’un accroissement de maladies liées au travail, il est clair que nous n’allons accepter aucune flexibilisation. Le droit du travail est là pour protéger les salariés et non pas pour augmenter la compétitivité des entreprises ou la croissance économique», souligne Nora Back.
Pensions : de «fausses» projections
Pour ce qui est de la réforme des retraites, l’OGBL répète qu’il n’acceptera aucune détérioration. Sous peu, le syndicat compte aussi soumettre une évaluation chiffrée de la situation financière du système d’assurance pension «qui prouvera que les projections à long terme sont fausses». L’urgence de mener une réforme ne serait donc pas fondée. Néanmoins, le syndicat se dit prêt à engager la discussion à l’échelle de la tripartite. «Si nous voulons un débat sérieux sur un si important pilier de notre système social, il faut qu’il soit mené entre les partenaires sociaux qui représentent les trois contributeurs : l’État, les entreprises et les assurés», avance Nora Back. Cela ne doit pas empêcher la consultation plus large souhaitée par le gouvernement, en tête avec la jeune génération.
De la récente déclaration sur l’état de la Nation du Premier ministre, l’OGBL retient en outre l’annonce de vouloir lutter contre la pauvreté des enfants. «Il s’agit en soi d’une bonne chose, mais il ne suffira pas de miser sur une simplification administrative. Des investissements sont nécessaires», avance Nora Back. Elle revendique encore et toujours une hausse du Revis (ancien RMG) et du salaire social minimum et une revalorisation structurelle des allocations familiales. «Les enfants sont pauvres, car leurs parents sont pauvres. On touche ici aux classes sociales les plus démunies. Il nous faut agir de manière concrète. Or aucun des points précités n’a été évoqué lors de la déclaration du Premier ministre», déplore la présidente de l’OGBL.
Fin des plafonds énergétiques :
600 euros de plus par an?
L’OGBL fustige la décision du gouvernement de ne pas mettre en place une sortie progressive des plafonds étatiques sur les prix de l’énergie. Seule la moitié de la hausse attendue de 60 % du prix de l’électricité, qui est à prévoir en 2025, sera encore compensée financièrement.
Selon un calcul effectué par le syndicat, un ménage moyen avec une consommation moyenne de gaz et d’électricité risque de devoir payer, l’an prochain, quelque 600 euros de plus pour couvrir ses frais énergétiques. Le tarif peut augmenter à 1 200 euros pour un ménage doté d’une pompe à chaleur. «Ce n’est pas rien pour beaucoup de gens», souligne Nora Back.