Le Grand-duc Henri et la délégation luxembourgeoise sont rentrés ce vendredi de voyage officiel en Lituanie. Pour célébrer les 25 ans des relations bilatérales, le Luxembourg et la Lituanie sont allées bien plus loin que les simples protocoles.
Partenariat écologique
Etienne Schneider, le ministre de l’économie, a signé un accord «win-win» et surtout une grande première. Le Luxembourg a en quelque sorte acheté de l’écologie à la Lituanie, jeudi, pour tenter de satisfaire aux objectifs d’énergie verte fixés par l’Europe. On explique. Normalement, chaque pays européens doit se fournir en énergie durable à hauteur de 20% de sa consommation d’ici 2020. Le Luxembourg n’y arrivera pas. «On part plutôt sur du 11%», lâche Étienne Schneider. Ce qui est déjà pas mal car on partait de très bas! D’autres pays en revanche, comme la Lituanie, font office de premier de la classe et vont dépasser l’objectif… Autour de 23% d’énergie durable, grâce aux éoliennes et à la biomasse notamment. Le Luxembourg a donc proposé d’acheter 2% d’écologie à la Lituanie, pour 10 millions d’euros qui seront versés d’ici 2020, et qui serviront concrètement à sponsoriser des projets d’énergie renouvelable en Lituanie.
Partenariats commerciaux
le Grand-Duc s’est montré un redoutable atout pour amplifier les relations commerciales avec la Lituanie, pour le moment très modestes : autour de 76 millions d’exportation de biens et de services en 2016. Il a rencontré des acteurs du monde des nouvelles technologies (les «ICT») avec Etienne Schneider, secteur qui explose en Lituanie (+24% de croissance en 2016). Le Grand-Duc a notamment pu visiter le «Sapiegos» de Vilnius, une plateforme de start-up et de jeunes créatifs installées dans un ancien hôpital. Un lieu insolite, qui accueille plus de 700 entreprises! Des relations avec la future House of Start-up de Luxembourg, qui sera installée proche de la gare en 2018, ont été envisagées. Dernier succès enfin : le séminaire Luxembourgo-lituanien, organisé jeudi avec la chambre de commerce de Luxembourg, qui a permis à 25 des plus grandes entreprises luxembourgeoises de tisser des relations avec des acteurs lituaniens de premiers rangs, notamment dans le domaine de la finance.
Rencontre avec les soldats luxembourgeois
22 soldats de l’unité TWC1 de Diekirch sont sur zone à Pabrade, au centre-est de la Lituanie, à la frontière Biélorusse. Ils ont intégré un bataillon de l’Otan cet été, qui exécute des manœuvres en prévention des mouvements de troupe russe à la frontière Biélorusse. Depuis l’invasion de la Crimée en 2014, et le conflit ukrainien, les états Baltes craignent pour leur sécurité. L’Otan a dépêché 1000 soldats en Lituanie. Les Luxembourgeois sont avec des Hollandais et des Belges, sous commandement allemand. Il n’y a a priori pas de danger immédiat, mais une situation instable. Spécialistes du transport, la TWC1, récemment créée dans l’armée luxembourgeoise, est aussi spécialiste de la dépollution de l’eau. Le Grand-Duc, en tenue militaire, a pu effectuer lui-même une manœuvre de chargement de M-113, un blindé de transport de soldats sur les théâtres d’opération.
Lien d’amitié resserré avec un état pro-européen
Le Grand-Duc a rencontré la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite a plusieurs reprises. Il s’est posé en défenseur d’une Union Européenne qui protège, et qui affirme sa solidarité envers tous les pays qui émettent un désir d’Europe. Ce qui est le cas de la Lituanie, membre depuis 2004, qui fait tout pour ne pas rester dans la zone d’influence étouffante de son voisin russe. La Lituanie avait d’ailleurs exprimé très tôt son souhait d’intégrer l’Union Européenne (et l’Otan), après son indépendance en 1990. Les deux chefs d’état ont conclu en clin d’œil, «qu’entre petits pays, il faut s’aider!»
Rayonnement du Luxembourg
Le Grand-Duc a insisté pour renvoyer l’image d’un pays résolument ouvert. Lors du forum économique, il n’a pas manqué d’affirmer que la diversité des résidents du Luxembourg est un atout important. Les étrangers du Luxembourg (et les frontaliers) seront certainement contents d’apprendre que l’on parle d’eux ainsi, sous les ors des palais lointains. Le Grand-Duc a évoqué un esprit d’ouverture qui fait que « chacun peut venir avec ses bonnes idées » au Luxembourg. Le Grand-Duc a également plaidé pour une Europe forte, notamment quand il s’agit d’assurer la stabilité du continent, gage de prospérité. Il a enfin cité quelques éléments clefs de la réussite à ses yeux, « que le Luxembourg partage avec la Lituanie » : le respect de la démocratie et de la justice. Bref, tout ce qui fait qu’on a envie de vivre et de réussir dans un pays.
Hubert Gamelon