Après le débat de jeudi, la question de la liste des chiens susceptibles d’être dangereux sera réétudiée, a assuré le ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen. Sans être plus précis, car il s’interroge : «peut-être faudrait-il la rallonger ou la raccourcir, voire l’abolir.»
La loi actuellement en vigueur au Luxembourg, qui date de 2008, n’est plus forcément d’actualité. En effet, celle-ci affirme que quatre races de chien (staffordshire bull terrier, mastiff, american staffordshire terrier, tosa et les pitbulls) sont susceptibles d’être dangereux et que les chiens concernés doivent être signalés à l’administration des Services vétérinaires, qui est compétente pour décider si des cours théoriques et de dressage sont nécessaires.
Dans leur plaidoyer en faveur de l’abolition de cette liste recensant ces races spécifiques de molossoïdes, la pétitionnaire, soutenue par le médecin-vétérinaire Sylvie Neis et Sacha André, de l’Association pour la protection des animaux de Schifflange, a largement axé ses arguments sur un point bien précis : un chien, quel qu’il soit, ne peut être dangereux par essence. Le comportement agressif du chien doit donc être imputé à l’éleveur, au dresseurs ou au maître.
«Un chien n’est pas une machine de combat»
Plus précisément, la pétitionnaire et ses soutiens ont présenté de nombreux raisonnements justifiant, à leurs yeux, l’abolition de cette fameuse liste ancrée dans la loi. Notamment le fait que d’autres pays ont déjà franchi le pas (Pays-Bas, Italie et différents Länder allemands), la discrimination et la stigmatisation de quelques races, «alors qu’un chihuahua, aussi, peut mordre, de même qu’un dobermann», dixit Sacha André.
Autres arguments avancés : la volonté d’axer sur le préventif en responsabilisant davantage les humains en charge des bêtes en question, le prix «exorbitant» des cours théoriques imposés par l’administration des Services vétérinaires («250 euros le cours et 50 euros de l’heure pour un dresseur, soit un total de plus de 1 500 euros», selon Sacha André), la revendication visant à réglementer et à professionnaliser les comportementalistes canins, la doléance aspirant à ce que les maîtres soient également «dressés» ou encore la volonté selon laquelle tout chien nouvellement acquis doive obligatoirement être déclaré auprès des services communaux du lieu de résidence du maître.
À la remarque du député DP Claude Lamberty, selon laquelle certains de ces molossoïdes sont – ou ont été dressés pour devenir – «des machines de combat», Sacha André s’est quelque peu emporté : «Cette appellation me dérange car je considère qu’un chien n’est pas une machine de combat. Certes, les chiens policiers, par exemple, ont été dressés d’une manière spécifique, mais ce ne sont pas des machines de combat.»
La réaction du ministre de l’Agriculture Fernand Etgen
Au terme du débat, le ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen, a estimé que cette pétition était tombée à point nommé, car «le texte a été déposé en 2002, mais voté seulement en 2008, preuve qu’un consensus avait été, à l’époque, difficile à trouver». De plus, le ministre a rappelé que cette loi avait été pensée à la suite d’une série de faits divers dramatiques s’étant produits à l’étranger. Par ailleurs, Fernand Etgen a indiqué que sur les 40 000 chiens déclarés au pays 500 étaient issus des races listées et rappelé qu’il est obligatoire de déclarer tout chien au Luxembourg.
Plus spécifiquement, le ministre a estimé que les quatre races en question n’étaient pas les plus concernées. «Au contraire!», a-t-il ajouté. Avant, pour lui, de s’interroger sur cette liste de chiens dits susceptibles d’être dangereux : «Peut-être faudrait-il la rallonger ou la raccourcir, voire l’abolir.» Bref, le ministre a laissé ouvertes toutes les options envisageables.
En guise de conclusion, il a également jugé que «la dangerosité d’un chien n’est pas un paramètre objectif, à l’inverse de celle d’un maître ou d’un dresseur» et évoqué l’introduction d’avertissements taxés dans la loi. Ceci dit, le ministre a promis de réétudier le texte législatif «sans précipitation, avec tous les acteurs concernés, dont ceux du terrain, dans le cadre d’une large consultation».
Claude Damiani