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L’islamophobie toujours présente au Luxembourg


1 victime d’islamophobie sur 20 a subi une agression physique en 2022 et 1 victime sur 100 en 2023. (Photo : OIL)

Si les chiffres sont relativement en baisse en comparaison avec les précédentes années, l’islamophobie demeure présente au Grand-Duché.

Avec l’intention de contribuer à un Luxembourg plus ouvert et tolérant envers toutes les communautés, l’Observatoire de l’islamophobie au Luxembourg (OIL) a publié son quatrième rapport sur les actes et comportements discriminatoires à l’égard des musulmans sur les années 2022 et 2023.

L’enquête se base sur les témoignages de 299 personnes musulmanes, choisies aléatoirement ou sur la base du volontariat. Elles ont répondu à un questionnaire en ligne portant sur des critères socio-démographiques spécifiques, leurs perspectives sur des sujets affectant la communauté musulmane et sur les formes d’islamophobie perçue.

L’islamophobie, c’est quoi ?

L’OIL la définit comme «l’ensemble des discriminations ou violences, qu’elles soient verbales ou physiques, envers des individus ou des
institutions en raison de leur appartenance, réelle ou supposée, à l’islam».

Les résultats de l’enquête sont sans appel. Pour environ 67 % des répondants, l’islamophobie existe au Luxembourg, notamment dans le milieu professionnel, le système éducatif et de formation, les médias, la politique, et le secteur du logement. En revanche, ils sont moins nombreux à avoir vécu cette islamophobie. En 2022, ils étaient 21 % à avoir subi des actes islamophobes et 34 % à en avoir été témoin, contre respectivement 22 % et 29 % en 2023.

«Comparativement aux années 2020 et 2021, une baisse considérable des signalements est à souligner», note l’OIL. Ils sont d’ailleurs 73,24 % a estimé que les individus de confession musulmane sont bien intégrés socialement au Grand-Duché, 77,92 % qu’ils y sont en sécurité et 64,54 % d’entre eux pensent qu’ils y sont moins discriminés que dans les pays frontaliers.

Des personnes plus exposées

Le rapport insiste sur l’hétérogénéité des situations de discriminations selon les groupes sociaux. Une personne susceptible d’être discriminée pour d’autres choses que pour son appartenance à l’islam risque davantage de subir de l’islamophobie.

«Les femmes déclarent davantage en être victimes que les hommes, et d’autant plus lorsque ces dernières portent un signe d’appartenance religieuse.» Un constat qui se retrouve également pour les personnes d’origine étrangère et pauvre, ainsi que les jeunes et les séniors.

En ce qui concerne les actes recensés, la majorité sont des agressions verbales ou du rejet sous diverses formes. 5 % des victimes déplorent néanmoins des agressions physiques. Ces actes sont d’ailleurs très peu dénoncés : en 2022, seulement 13 % des personnes qui y sont confrontées (9 % en 2023) ont déclaré de manière formelle ou informelle les injustices subies.

Au travers de son rapport, l’OIL veut donc mettre en lumière les conséquences de l’islamophobie sur les personnes qui en sont victimes. «Elle grave profondément des cicatrices psychologiques, prenant une forme traumatique caractérisée par une érosion de l’estime de soi, ainsi qu’un sentiment persistant d’insécurité et de marginalisation.» Elle rappelle aussi l’entrave à l’accès aux opportunités économiques, éducatives et sociales que l’islamophobie représente.

Les 7 chiffres à retenir

• 1 personne sur 5 a été victime d’islamophobie durant l’année 2022 et 1 personne sur 3 en a été témoin sans que cela la concerne

• 1 personne sur 5 a également été victime d’islamophobie durant l’année 2023 et 1 personne sur 3 en a été témoin sans que cela la concerne

• 1 victime d’islamophobie sur 20 a subi une agression physique en 2022 et 1 victime sur 100 en 2023

• 1 victime sur 10 en 2022 et en 2023 a été menacée

• 1 victime d’islamophobie sur 10 signale l’acte dont elle a été victime

• Les actes islamophobes sont stables entre 2022 et 2023

• Plus de 7 personnes interrogées sur 10 estiment que les individus de confession musulmane sont bien intégrés au Luxembourg, qu’ils y sont en sécurité et y sont moins discriminés que dans les pays frontaliers