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L’Irlande menacée d’élections anticipées


Leo Varadkar a souligné la nécessité d'avoir un exécutif en place pour défendre la position irlandaise quant à la future frontière avec l'Irlande du Nord, l'un des trois points-clé des négociations entre Londres et Bruxelles sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. (photo: AFP)

Le gouvernement irlandais risque une défaite au parlement mardi, lors d’un vote de confiance, menaçant d’entraîner des élections générales anticipées, en pleines négociations cruciales pour le pays dans le cadre du Brexit.

La motion de censure a été déposée contre la vice-Première ministre, Frances Fitzgerald, accusée d’avoir dissimulé aux parlementaires des informations au sujet d’un scandale qui éclabousse la police depuis 2014.

Il a déjà provoqué la démission d’un ministre de la Justice, de deux chefs de la police et, en début d’année, le départ précipité du Premier ministre Enda Kenny, remplacé en juin par Leo Varadkar.

L’actuel gouvernement minoritaire, dirigé par le Fine Gael, ne survit que grâce à un accord passé en 2016 avec le rival de toujours, le Fianna Fáil, lui aussi de centre-droit, qui s’est engagé à voter le budget pendant trois ans et la confiance à l’exécutif.

La motion de défiance déposée par le leader du Fianna Fáil enfreint cet accord et fera imploser la coalition si elle est votée.

« Je ne souhaite aucunement des élections générales et je ne pense pas que Micheál Martin en veuille non plus », a affirmé vendredi soir à la télévision le Premier ministre après avoir rencontré le chef de file du Fianna Fáil, avec qui il devait rester en contact ce weekend pour tenter de résoudre la crise.

Frontière et Brexit

Leo Varadkar a souligné la nécessité d’avoir un exécutif en place pour défendre la position irlandaise quant à la future frontière avec l’Irlande du Nord, l’un des trois points-clé des négociations entre Londres et Bruxelles sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

Cependant, la tenue d’élections anticipées paraît probable puisque les deux partis campent sur leur position, le Fianna Fáil réclamant le départ de la vice-Première ministre et le Fine Gael s’affirmant solidaire de Frances Fitzgerald.

« Les principaux acteurs se sont eux-mêmes enfermés dans cette position », observe David Farrell, directeur du département de science politique à University College Dublin (UCD).

Selon lui, cette situation est plutôt « un concours de circonstances », l’affaire liée au scandale dans la police n’expliquant pas à elle seule ce rebondissement, selon lui.

Michael Marsh, professeur de science politique au Trinity College de Dublin, abonde en ce sens: « Ce ne sera certainement pas le sujet abordé pendant les opérations de porte-à-porte, contrairement à la crise du logement, au Brexit et à la reprise économique », affirme-t-il.

Pour expliquer l’initiative du Fianna Fáil, Michael Marsh estime probable que son leader « est sous pression de certains membres de son parti » et que le dépôt de la motion de défiance vise « peut-être à ne pas céder du terrain au Sinn Féin ».

Ce parti d’opposition rival a lui aussi déposé une motion contre Frances Fitzgerald, dont seule une démission semble pouvoir désamorcer la crise.

Coopération impossible ?

Mais la plupart des commentateurs estiment que la campagne a déjà commencé avec, en préambule, chaque parti rejetant la faute sur l’autre.

D’après David Farrell, malheur au parti qui sera perçu comme responsable de ces élections imprévues, car « les politiques gardent en mémoire le résultat des dernières élections en Grande Bretagne », lors desquelles Theresa May a perdu sa majorité au lieu de la conforter.

Surtout, les plus récents sondages montrent peu d’évolution dans les intentions de vote par rapport aux précédentes élections générales en Irlande.

Et en cas de parlement sans majorité, la formation d’un gouvernement posera de nouveau problème, comme le note Pat Leahy, éditorialiste du quotidien Irish Times: « Après tant d’acrimonie destructrice, la coopération sera difficile, si ce n’est impossible » écrit-il.

Dans les rues de Dublin, nombreux sont ceux qui se disent opposés à un nouveau vote. « J’ai l’impression qu’il s’agit plus de jeux politiciens que d’un vrai problème », explique Louise, enseignante de 30 ans dans une école primaire, prête à retourner voter, même si elle jugeait que « le gouvernement faisait son travail ».

Même tonalité chez Padraig O’Neill, la cinquantaine, directeur de lycée, qui « espère que les deux leaders pourront trouver un compromis qui leur permette de sauver la face ».

Le Quotidien/ AFP.

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