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L’initiative citoyenne, un beau principe négligé


Il reviendra à la Chambre des députés de se prononcer sur les propositions aux fins de légiférer présentées par 125 électeurs soutenus par au moins 12 500 électeurs. (photo DR)

Cette année, l’initiative citoyenne européenne fête ses dix ans. La réforme constitutionnelle introduit au Luxembourg une initiative législative citoyenne, en espérant que la loi saura la faire pleinement exister.

Les citoyens auront à leur disposition un instrument novateur de démocratie directe : un droit d’initiative législative. Ce nouvel outil permettra aux citoyens et à la société civile de soumettre des idées législatives de manière plus précise et contraignante que par la voie d’une simple pétition. Voilà ce que promet le dernier chapitre de la réforme constitutionnelle qu’il reste à soumettre au vote.

Un nouvel article consacre cette forme de participation citoyenne et il reviendra à la Chambre des députés de se prononcer, en séance publique, sur les propositions motivées aux fins de légiférer présentées par 125 électeurs soutenus par au moins 12 500 autres électeurs. La loi règlera l’exercice de ce droit d’initiative législative.

Le principe est toujours très séduisant sur le papier. Les pétitions publiques peinent souvent à rassembler les 4 500 signatures et quand elles décrochent le graal, un débat public à la Chambre, elles ne sont souvent pas suivies d’effets. Certains pétitionnaires attendent toujours une simple carafe d’eau gratuite sur la table au restaurant. En dépit du succès de la pétition, rien ne rend obligatoire ce service au client.

Balayée par la Commission

Justement, en parlant d’eau, une autre initiative, européenne cette fois, «Right2Water», avait été la première à récolter le million de signatures nécessaires provenant d’un tiers des pays, au moins, de l’UE. Elle réclamait un accès universel à l’eau et à l’assainissement dans les pays membres au sein de l’UE, mais la Commission avait déçu les pétitionnaires en donnant, comme seule suite à cette initiative, une consultation publique sur la directive «eau potable».

Une autre pétition a également rempli les conditions, assez contraignantes, pour déclencher une réaction de la Commission. L’initiative citoyenne «L’un de nous» s’opposait résolument à la pratique de l’avortement, même si ce droit était pourtant acquis dans de nombreux pays européens. Elle a été tout bonnement balayée par la Commission, qui n’a rien voulu entendre. Elle n’est pas obligée d’agir, d’ailleurs, mais elle doit expliquer les raisons qui la poussent à ne pas donner suite.

Il est plus que souhaitable que les initiatives citoyennes respectent les valeurs européennes que sont l’égalité, la solidarité, la justice, le respect de la dignité humaine ou encore la démocratie, comme le relève le laboratoire d’idées européen «Pour la solidarité». En 2015 déjà, alors que le bilan des initiatives paraissait sombre, il concluait à la nécessité de réviser le processus et, surtout, de revoir la capacité d’écoute de la Commission européenne.

Encore du flou

«Il est essentiel que les institutions européennes mènent une réflexion globale sur le devenir politique des initiatives citoyennes bloquées pour des raisons juridiques, comme l’a montré l’initiative Stop TTIP», écrivait le think tank en estimant encore que l’Union européenne n’a pas suffisamment exposé et soutenu les initiatives citoyennes européennes, nombre d’entre elles connaissant un échec.

Quand on voit la faible mobilisation autour de certaines pétitions au Luxembourg, il est difficile de penser que 125 personnes pourraient présenter un texte soutenu par 12 500 électeurs. Et encore, on ne sait pas comment seront réparties les signatures, si les circonscriptions seront prises en compte, par exemple, ou si elles seront récoltées indifféremment sur le plan national. Les électeurs luxembourgeois vivant à l’étranger auront-ils le droit de signature ? C’est la loi qui le dira.

Dixième anniversaire

Instrument de démocratie participative au niveau européen, l’initiative citoyenne européenne a été introduite par le traité de Lisbonne et est entrée en vigueur le 1er avril 2012. Elle permet aux Européens d’émettre des propositions de lois et de participer au processus décisionnel en s’adressant directement aux institutions de l’Union européenne. Les organisateurs peuvent utiliser gratuitement le système central de collecte géré par la Commission, qui permet de recueillir les signatures en ligne en respectant pleinement le principe de protection des données.

L’initiative citoyenne européenne fête cette année son dixième anniversaire.

2 plusieurs commentaires

  1. L’essentiel n’est pas que les citoyens proposent encore de nouvelles lois mais qu’il aient l possibilité de supprimer les trois quarts de lois existantes, qui sont inutiles voire nuisibles.

  2. Je cite: »Quand on voit la faible mobilisation autour de certaines pétitions au Luxembourg, il est difficile de penser que 125 personnes pourraient présenter un texte soutenu par 12 500 électeurs. », Moi, je dirais quand on voit le grand nombre de signatures pour une pétition et quand on voit où ça fini (poubelle), on se demande pourquoi perdre du temps dans ce cirque proposé à la populace…
    Quand on voit ce que ça donne quand le citoyen EU ne vote pas dans le sens de ces dirigeants EU, qu’est-ce qu’ils disent déjà?  »Ah oui, le peuple ne sait pas voter, on va choisir pour eux ».
    Tant que le peuple ne sera pas au pouvoir et le pouvoir au peupe, tout le reste sera toujours de la corruption de la part de l’EU-OMS-ONU-NATO-Droit de l’homme, etc, envers le peuple et depuis le Covid et maintenant cette russophobie c’est flagrand.
    L’initiative citoyenne européenne est une distraction pour la populace tout comme le site pétition national.