Le Statec refuse encore de se prononcer avec la dernière certitude sur le déclenchement de la prochaine tranche indiciaire. Lundi, un point sur l’inflation a été fait avec la Chambre des députés.
Au vu de l’inflation galopante, la deuxième tranche indiciaire peut-elle encore être déclenchée au bout de ce mois de mai, qui s’achève aujourd’hui? «On ne peut rien exclure», estime le député Sven Clement (Parti pirate) après avoir écouté, hier matin, les explications de Serge Allegrezza, le directeur du Statec. Il semble toutefois plus réaliste que le seuil qui va faire tomber un prochain index ne sera dépassé que courant juin. Mais, encore une fois, rien n’est acquis.
«L’honnêteté scientifique et intellectuelle veut que le Statec attende le moment du déclenchement avant de se prononcer. Par le passé, il a déjà fait l’expérience suivante : la locomotive de l’inflation a été freinée peu avant que le seuil ne soit déclenché», relate André Bauler (DP), le président de la commission des Finances et du Budget. Gilles Roth (CSV) estime, lui, «très probable» le déclenchement de la prochaine tranche courant juin. «Il faudra néanmoins attendre le 8 juin et la prochaine réunion du Statec avec les partenaires sociaux pour y voir plus clair», ajoute le coprésident de la fraction chrétienne-sociale.
Vous l’aurez compris, l’imbroglio qui entoure l’inflation, et donc l’échéancier des prochaines tranches indiciaires, reste important. Les explications livrées en commission parlementaire par les responsables du Statec, invités sur demande du CSV, n’ont pas vraiment permis de mettre les choses au clair. «Nous savons que ne nous savons rien», résume Sven Clement. Cette phrase vaut plus particulièrement pour les prévisions concernant 2023.
Au départ, le Statec ne prévoyait aucune tranche indiciaire pour l’année prochaine. La révision vers la hausse de l’inflation à 2,8 % pour 2023 est venue changer la donne. Cet index supplémentaire doit tomber entre le premier et le troisième trimestre 2023, précise Gilles Roth. «Mon sentiment personnel est cependant qu’il est impossible de faire des prédictions fiables pour l’année prochaine», fait remarquer Sven Clement.
Inflation à plus de 8 % chez nos voisins
En cette fin mai 2022, le Statec mise sur une inflation de 5,8 % pour l’année en cours. La Commission européenne part même sur 6,8 % pour le Luxembourg. Hier, l’Allemagne a annoncé une inflation frôlant les 8 %. La Belgique pointe à 8,4 %, un niveau record depuis 1982. Partout, les prix de l’énergie sont le principal facteur qui «dope» l’inflation.
Au Grand-Duché s’ajoutent entre autres les prix de la construction (+10 % sur 12 mois), les produits industriels (+25 %) et le logement (+12 %). «On observe que les prix élevés dans le domaine de la construction et du logement amènent des personnes privées à retarder leur projet déjà autorisé», avance Gilles Roth, citant les expériences faites en tant que député-maire de Mamer.
Un troisième index en 2022 ? Deux ou même trois tranches indiciaires en 2023 ? Combien de tranches à verser de manière cumulée en avril 2024 ? Quelles mesures de compensation étatiques, avec quel coût pour les finances publiques, menacées par une baisse de l’activité sur la place financière et à la pompe ?
Toutes ces questions restent encore ouvertes alors que les travaux de la commission spéciale tripartite vont reprendre aujourd’hui. Pour rappel : les mesures arrêtées par la tripartite, dont le crédit d’impôt devant compenser le report de la tranche indiciaire de cet été, doivent être avalisées au plus tard fin juin.
La Chambre des métiers veut désindexer les allocations
Sans surprise, la Chambre des métiers, «salue le décalage des tranches indiciaires». Cette mesure offrirait aux entreprises artisanales «une meilleure prévisibilité et permet de mieux anticiper les différentes augmentations salariales à payer».
Les patrons du secteur artisanal redoutent, toutefois, de se retrouver dans la situation de devoir verser deux tranches au 1er avril 2024, un scénario qui n’est pas à exclure en raison de l’inflation galopante. «Afin d’éviter (…) ce cumul de coûts jugé insoutenable (…)», la Chambre des métiers «demande» au gouvernement qu’une «solution adaptée soit prévue en concertation avec les partenaires sociaux».
La Chambre des métiers est bien plus critique à l’égard des autres mesures actées par la tripartite. Elle doute ainsi de la subvention loyer qui aurait comme «effet secondaire préjudiciable» une hausse des loyers. L’augmentation des aides pour études supérieures est également remise en question en raison d’un «manque de sélectivité sociale». Est par ailleurs critiquée l’absence d’une «mesure de compensation spécifique» pour soutenir les PME s’investissant dans la formation d’apprentis.
Ce qui devrait faire le plus de bruit? Assurément, la revendication de mettre fin à l’indexation des allocations familiales. Plus concrètement, la Chambre des métiers «déplore pour des raisons de manque de sélectivité sociale et d’équilibre durable des finances publiques» le maintien de ce mécanisme.