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[Ligue Conférence] Vova, incarnation de l’espoir strassenois


Vova y croit ! (photo archives Editpress)

Modèle de longévité au parcours atypique, le milieu de 38 ans croit aux chances de Strassen de prolonger le sien en Ligue Conférence, ce jeudi soir à Kuopio, théâtre du 1er tour retour face aux Finlandais de KuPS.

En août 2022, à la veille de tenter une improbable remontada en barrage retour de Ligue Conférence contre les Suédois de Malmö, Carlos Fangueiro, à l’époque entraîneur d’un F91 battu 2-0 à l’aller, s’était pointé en conférence de presse d’avant-match flanqué de Vova, pourtant son 3e choix dans l’entrejeu derrière la paire Morren-Bojic. Pourquoi ? Car le milieu, réapparu à 34 ans en BGL Ligue après sept ans dans les divisions inférieures (avec Bissen puis Steinsel), puis lancé sur la scène européenne à 35, incarnait mieux que personne l’adage selon lequel «tout est possible dans le football».

L’association d’idées est toujours valable en 2024 : à 38 ans, 6 mois et 20 jours, l’ancien Dudelangeois disputera ce soir à Kuopio le 11e match continental de sa longue carrière, lors d’un 1er tour retour de Ligue Conférence que Strassen aborde en outsider et non en victime expiatoire après son bon nul de l’aller à Differdange (0-0).

Quand bien même il se définit comme un éternel «ambitieux», le Cap-Verdien ne s’attendait évidemment «pas à ça» l’été dernier en passant du F91 à l’UNA, un club à l’historique européen vierge où Vitor Pereira dit avoir supplié «presque à genoux» son président Luc Hilger de l’engager. Mais il faut croire que la vie de Nelito Carlos Da Cruz, dit Vova, est vouée à être rythmée d’heureux imprévus.

«Depuis le match aller, on y croit»

Quand il a débarqué au Grand-Duché en provenance du Cap-Vert, où il jouait en D1 sur son île natale de Santo Antão (chacune des dix îles formant l’archipel possède son propre championnat), en 2012, c’est en jouant «de petits matches avec les gars de la Pétrusse» qu’il a décroché, par l’entremise d’un type qui passait par là, un essai puis un contrat au RFCU. Il n’y aura passé qu’une saison, tronquée par une pubalgie (10 matches), longtemps restée sa seule en BGL Ligue. Jusqu’à ce SMS de Carlos Fangueiro à l’été 2020, alors qu’il était sur le flanc depuis sept mois, dont il a d’abord cru que c’était «une blague».

Celui qui le faisait jouer n° 10 à Bissen voulait le reconvertir milieu défensif à Dudelange. «Il savait que j’étais un gars travailleur», sourit un Vova qui n’a de cesse de le prouver depuis quatre ans, qui attribue sa longévité à «la passion», celle qui lui fait encore faire «des pompes, du gainage et des abdos» chaque matin, sa bonne «hygiène de vie» et ce mental dont il a fait sa boussole.

«Si la tête est là, théorise-t-il, le corps suit. Et dans ma tête, tout est possible!» Comme le fait d’aller chercher une qualification chez un KuPS pourtant largement favori de cette double confrontation, du haut de ses sept campagnes continentales de suite (17 au total). «Depuis le match aller, on y croit, assure le n° 29 strassenois. La pression est de leur côté. On a tout à gagner.» En l’occurrence, un 2e tour face aux Norvégiens de Tromso.

Tenir 45 minutes, puis…

Pour créer l’exploit à Kuopio, l’UNA devra encore veiller à résister à la pression finlandaise en première période.

D’autant plus «énorme» qu’il a été précédé d’une nuit quasi blanche (le départ avait été fixé à 3 h du matin), le très long voyage effectué entre Strassen et Kuopio pesait encore dans les jambes des hommes de Vitor Pereia hier en Finlande, à la veille du 1er tour retour de Ligue Conférence entre le Kuopion Palloseura et l’UNA. L’impact de ce périple, couplé aux 26 matches déjà disputés par les Finlandais cette saison (contre un pour Strassen), devrait logiquement faire pencher, d’un point de vue athlétique, la balance en faveur de KuPS, ce soir à la Väre Areena.

Mais l’équipe entraînée par Jani Honkavaara n’en est pas moins perfectible dans ce domaine, sa baisse de régime progressive, jeudi dernier à l’aller à Differdange (0-0), en atteste. C’est là la limite de sa philosophie, qui consiste selon Vitor Pereira à «mettre beaucoup d’intensité» pour faire la différence dans le premier acte, où elle a inscrit 9 de ses 10 derniers buts, avant de «gérer au niveau physique».

Käerjeng, seul novice à s’être qualifié

Face à cette furia annoncée, l’objectif pour l’UNA sera de reproduire l’«énorme travail défensif» de l’aller, tout en veillant à «se lâcher un peu plus avec le ballon» et si possible «mettre l’aiguille» dès les 45 premières minutes, en profitant des espaces laissés par des Finlandais joueurs et prompts à se découvrir. «On a encore de la marge sur les coups de pied arrêtés», complète Pereira, persuadé comme ses hommes qu’il y a «la place» pour créer la sensation à Kuopio.

«Avec un tel adversaire, la limite entre créer l’exploit et perdre 2 ou 3-0 est fine, admet l’entraîneur strassenois. Mais on a la conviction qu’on peut faire quelque chose.» Si tel est le cas, Strassen deviendra le deuxième club luxembourgeois seulement après Käerjeng, tombeur en 2007 des Norvégiens de Lilleström au 1er tour de la Coupe de l’UEFA (l’ancien nom de la Ligue Europa), à décrocher une qualification pour ses grands débuts sur la scène européenne.

S. B.