Alors que l’avenir du site sidérurgique de Dudelange est suspendu à la liquidation potentielle de Liberty Steel Liège, le LCGB, syndicat majoritaire au sein de l’usine, reste confiant, notamment grâce à la mobilisation du gouvernement.
Les déboires financiers s’enchaînent pour Liberty Steel, alors que sa filiale liégeoise est menacée de liquidation – la justice belge se prononcera le 30 mars prochain – et que les mesures de chômage partiel, appliquées ces derniers mois à près de 40 % des effectifs de Dudelange, soit environ 15 % de la masse salariale, ne seront pas reconduites.
Le comité de conjoncture ayant émis un avis défavorable cette semaine, le sidérurgiste devra se débrouiller seul pour assumer la totalité des coûts de personnel de son site du Wolser dès le 1er avril.
En cause : l’échec des négociations pour un plan de maintien dans l’emploi en début d’année, les syndicats ayant jugé que les garanties avancées par Liberty Steel étaient insuffisantes.
«Les liquidités manquent»
Pour le LCGB, majoritaire au sein de l’usine, l’étau se resserre : «Si le site a fonctionné tant bien que mal jusqu’ici, désormais, il n’y a plus de volume ni de production. La flamme est en train de s’éteindre», estime Robert Fornieri, secrétaire général adjoint du syndicat.
«Les clients ont déserté, les liquidités manquent pour s’approvisionner, le PME a échoué et maintenant le chômage partiel n’est plus octroyé : tout ça a des conséquences très lourdes et laisse penser qu’après le site de Liège, visé par une procédure de liquidation, Dudelange va suivre», prévient-il.
Car si au niveau légal, rien ne lie les deux sites, Dudelange dépend directement de la filiale belge pour tout ce qui concerne le processus industriel : fourniture en matières premières et liquidités financières.
«Seul un miracle pourrait permettre à Liberty Steel de trouver de l’argent à injecter pour régler salaires et factures, alors que la production est à l’arrêt», poursuit le syndicaliste.
«On trouvera une solution transitoire»
Tous les scénarios possibles ont été décortiqués par les syndicats et le ministère de l’Économie, très engagé dans ce dossier, afin de parer à toutes les situations, même la pire.
«Nous travaillons depuis de nombreux mois et je dirais que nous sommes prêts, aujourd’hui, à faire face, même si tout n’est pas gagné. En cas de catastrophe, je reste confiant : grâce au soutien du gouvernement, on trouvera une solution transitoire qui permettra à ce site, toujours très performant, de se relever et de garder ses emplois», confie Robert Fornieri, évoquant même la possibilité d’un rebondissement dès ces prochains jours.
Quant à un possible retour d’ArcelorMittal, «toutes les pistes sont envisagées et envisageables», se contente-t-il d’indiquer. En bref, «Liberty Steel reste propriétaire, tant que les charges sont payées», mais il semble que le dénouement soit proche après une année ubuesque pour les 195 salariés du site.
Pour Robert Fornieri, ancien sidérurgiste, la meilleure issue pour ceux qu’ils considèrent toujours comme «ses collègues», serait que Liberty Steel se retrouve en cessation de paiements, ce qui ouvrirait la voie à un potentiel repreneur. «Un défi qu’on est prêt à relever», conclut-il.
Une centaine de salariés a claqué la porte
Le site de Dudelange, qui comptait 300 salariés au moment du rachat en 2019, n’en occupe plus que 195 aujourd’hui.
La faute à l’attitude «indigne» de Liberty Steel, selon le LCGB : «Leur façon d’agir, peu respectueuse des salariés à qui ils n’ont donné aucune perspective et qui ne savent pas de quoi demain sera fait, a poussé un tiers d’entre eux à partir ailleurs. Ce qui est une vraie catastrophe, puisque ce sont ceux qui ont le plus d’expérience, leur profil étant très recherché, qui ont quitté l’entreprise.»