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Liaison A30/Belval : mention bien… mais peut mieux faire


Environ 10 000 voitures empruntent chaque jour le contournement, en comptant les deux sens de circulation. (Photo : RL)

La liaison est ouverte depuis trois mois. L’occasion d’un premier bilan, plutôt positif. Mais ça ne résout pas tous les problèmes de bouchons… La bonne nouvelle ? Le parking relais de la gare de Belval voit son taux d’occupation exploser. Autant de frontaliers qui prennent le train!

Le 17 décembre 2016, élus luxembourgeois et français inauguraient la liaison Micheville-Belval. L’aboutissement d’un projet long de 15 ans, avec un cofinancement inédit – les Luxembourgeois ayant investi 12,5 millions d’euros côté français. La liaison devait permettre de fluidifier la circulation à la frontière. Quel premier bilan peut-on faire? La route ne fonctionne que depuis trois mois, inutile de tirer de grandes conclusions. Mais des tendances nettes se dessinent.

Pas de miracle pour les bouchons…

Dans un dossier commun, Le Quotidien et LeRépublicain lorrain avaient pointé les incohérences du projet, avec deux inquiétudes principales. Tout d’abord, la nouvelle liaison ouvrait, sans être reliée à l’autoroute A4 vers Luxembourg, avec de beaux bouchons en perspective. Deuxième inquiétude : le contournement allait-il permettre de désengorger les communes jusqu’alors traversées?

Sur le premier point, pas de miracle : les automobilistes qui vont vers Luxembourg témoignent des bouchons qui se forment «souvent dès la sortie du rond-point Raemerich (NDLR : Belval), décrit Sylvie, qui vit à Villerupt. En revanche, sur la liaison en elle-même, ça circule bien.» Le trajet est agréable, même si la portion de route dans le département meurthe-et-mosellan est dangereuse.

Sur le deuxième point, le désengorgement de Villerupt, Audun-le-Tiche et Esch-sur-Alzette commence à bien se voir. «Il y a un véritable effet, constate Henri Hinterscheid, échevin à la mobilité à Esch-sur-Alzette. Mais nous ne pouvons pas le quantifier pour le moment.» Du côté d’Audun-le-Tiche, même constat. «La circulation est plus fluide dans la rue du Maréchal-Foch, malgré un ralentissement toujours latent, notamment aux heures d’arrivée à l’école», analysent nos confrères du Républicain lorrain. Point noir en revanche, l’accès à la liaison : la D16 est toujours encombrée. Certes, c’est toujours mieux qu’avant. Mais impossible d’ignorer le flux continu de véhicules entre Beuvillers et Audun-le-Tiche sur cette route bidirectionnelle. Les ralentissements se forment avant même l’entrée de la commune. Il n’y a pas de miracle. Un seul accès, des centaines de voitures, un secteur urbanisé : forcément ça coince.

De vraies améliorations quand même

Les grands gagnants de la nouvelle liaison sont sans surprise les frontaliers du bassin de Villerupt-Audun, ou encore les frontaliers qui habitent plus loin, mais qui travaillent à Belval. Sylvie, qui bosse depuis 30 ans à Luxembourg et qui vit à Villerupt, dit gagner «une vingtaine de minutes le matin, et parfois une demi-heure le soir. Avant la liaison, je faisais toutes les petites routes pour arriver sur l’A4 au Luxembourg… Russange, Belvaux, c’était compliqué!» Emmanuelle, de son côté, vit à Florange, mais travaille à Belval dans une enseigne de pâtisserie. La liaison a changé sa vie! «Avant je prenais l’A31. Pour arriver à 8 h 30, je partais vers 6 h 30.» Depuis l’ouverture de la liaison, elle prend l’A30 et part désormais à 8 h de chez elle.

Les autres gagnants : ceux qui prennent le train !

Dès l’ouverture de la liaison, le ministère en charge des Transports avait insisté sur la possibilité de laisser sa voiture dans un P+R à l’entrée de Belval, et de prendre le train. C’est évidemment une solution d’avenir, puisque l’A4 vers Luxembourg est de toute façon engorgée aux heures de pointe, liaison ou pas. Contre toute attente, et c’est tant mieux, cette stratégie marche : +90 % d’occupation du P+R des CFL depuis l’ouverture de la liaison, pour un total de 735 places occupées. Sur 1 600 places disponibles, il y a encore de la marge… mais l’effet est clairement là! «Ce sont des automobilistes qui stationnent en majorité plus de huit heures par jour, analyse Mike van Kauvenbergh, le responsable de la communication des CFL. Ce sont donc des horaires de bureau.» D’ailleurs, le taux d’occupation le week-end n’a pas vraiment augmenté, ce qui montre encore une fois qu’il s’agit de travailleurs.

Hubert Gamelon avec la collaboration de Damien Golini et Xavier Jacquillard (Le Républicain Lorrain)