La rapporteuse du budget de l’État, Corinne Cahen, montre sa fascination pour l’intelligence artificielle. La députée libérale veut que le Luxembourg trouve des niches pour y exceller.
Corinne Cahen fonce tête baissée dans l’intelligence artificielle. Ce thème a occupé une très grande partie de son discours, comme attendu, puisqu’elle l’a choisi comme thème central de son rapport sur le budget. L’opposition ironise, à l’image de David Wagner qui déclare attendre toujours le rapport sur le budget de l ‘État.
Corinne Cahen y voit un lien. Un rapport récent, commandé par Google à Implement Consulting Group, évalue que le Luxembourg pourrait voir son PIB augmenter de six à huit milliards d’euros par rapport à 2022 (+9 %), entre 2028 et 2034, «à condition que l’IA générative soit pleinement intégrée».
Parce que l’implantation des technologies de l’IA progresse à une vitesse vertigineuse, il est essentiel et urgent de trouver des niches dans lesquelles le Luxembourg, et l’Europe en général, pourront exceller. Les bénéfices économiques se retrouveront dans de nombreux secteurs, tels que la finance, la santé, le commerce, l’innovation et la recherche, ou encore la défense.
Il ne s’agit pas seulement de relever des défis économiques. Des domaines tels que l’éducation, les services publics, la santé et le marché du travail devront vite s’adapter aux nouvelles technologies, en retenant que l’être humain devra toujours garder la maîtrise sur la technologie. Les risques inhérents à l’IA engendrent des préoccupations quant aux considérations éthiques. «Un cadre juridique s’impose, afin que les nouvelles technologies en général, et l’IA en particulier, évoluent dans un cadre respectant la protection des données, les droits d’auteur et la vie privée des personnes», prévient Corinne Cahen.
Elle souhaite un Luxembourg ambitieux, capable de développer un écosystème national performant en ce qui concerne l’IA et de se positionner rapidement comme un acteur majeur dans ce domaine, tout en garantissant une approche durable.
«L’État devra veiller à investir non seulement dans l’éducation des enfants et des adolescents en leur apprenant à utiliser les nouvelles technologies, mais aussi dans l’encouragement aux entreprises, salariés et fonctionnaires à proposer et suivre des cours de formation continue (upskilling, reskilling) afin que puissent être relevés les défis liés à l’arrivée et au développement de l’IA.». Cet objectif à un coût susceptible d’exercer une pression sur le budget de l’État, reconnaît Corinne Cahen. «Mais ces investissements seront nécessaires afin de pouvoir faire des économies à long terme», insiste-t-elle, tout comme il faudra prévoir les budgets «afin de protéger nos libertés et notre sécurité, car celles-ci pourraient être mises à rude épreuve avec l’arrivée de l’IA».
Au service des citoyens
Dans ses recommandations au gouvernement, Corinne Cahen demande l’introduire dans les meilleurs délais des chatbots sur les sites internet des administrations publiques pour répondre aux questions courantes, améliorer l’accès à l’information 24h/24 et réduire les files d’attente dans les services d’accueil et sur les lignes téléphoniques. Les chatbots peuvent traiter des questions simples très rapidement, permettant ainsi aux employés de consacrer plus de temps aux demandes plus complexes et d’offrir un service plus personnalisé, estime la rapportrice. L’ Estonie le fait déjà.
La digitalisation et l’IA se retrouvent à travers tout le budget, tous les ministères et dans tous les domaines. Le budget du ministère de la digitalisation augmente d’ailleurs de 7 % pour passer à 272 millions d’euros en 2025.
Justement, l’IA, qui se retrouve dans tous les domaines, se décline aussi à travers la centaine de recommandations de la rapporteuse. Jusqu’à la création d’une Maison de l’intelligence artificielle Luxembourg. Un espace qui permettrait de se familiariser avec l’IA en proposant des démonstrations, une zone d’innovation et un lieu d’apprentissage. Un lieu qui serait aussi un point de rencontre pour les professionnels, les chercheurs et les spécialistes de l’IA.
Les députés diront aujourd’hui ce qu’ils en pensent. Le débat sur le budget de l’État ne fait que commencer. Avec ou sans IA.