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L’hommage de l’Unesco pour le 150e anniversaire d’Aline Mayrisch


Aline Mayrisch est née en 1874 à Luxembourg. (Photo : archives Revue)

La Luxembourgeoise a été l’une des premières défenseuses des droits des filles et des femmes au Grand-Duché.

Cette année, l’Unesco a souhaité rendre hommage à Aline Mayrisch de Saint-Hubert pour le 150ᵉ anniversaire de sa naissance. Femme de lettres et mécène, la Luxembourgeoise a été l’une des premières femmes à défendre les valeurs féministes dans une période qui accordait peu de droits aux femmes et aux jeunes filles, notamment dans le domaine de l’éducation.

Aline Mayrisch marqua également le monde intellectuel et culturel de la première moitié du 20ᵉ siècle. Elle fut l’initiatrice du mouvement l’«Esprit de Colpach», un courant intellectuel européen basé au Luxembourg.

Une femme engagée dans le féminisme 

Très investie dans l’accès aux droits à l’éducation pour les femmes et les jeunes filles, Aline Mayrisch fonde, en 1906, l’«Association pour les intérêts de la femme». L’objectif principal est de favoriser la création d’écoles secondaires publiques et laïques pour les jeunes filles.

Quelques années plus tard, en 1909 et 1911, deux lycéens dédiés aux femmes ouvrent leurs portes à Luxembourg et à Esch-sur-Alzette. Ces établissements existent encore aujourd’hui et sont devenus, respectivement, le lycée Robert-Schuman et le lycée Hubert-Clément.

Une passion pour l’art et la littérature

En 1920, Aline Mayrisch et son époux s’installent dans un manoir à Colpach, un village tout proche de la frontière belge. Au fil des mois, la demeure devient un haut-lieu de rencontres intellectuelles, politiques et artistiques. La Luxembourgeoise entretient notamment des contacts avec André Gide, Ernst Robert Curtius ou Walther Rathenau.

Riche de ces rencontres, Aline Mayrisch et son époux, Émile Mayrisch, un industriel, commencent à constituer l’une des premières grandes collections d’art moderne du Luxembourg. Dans celle-ci, on y trouve des œuvres de grands noms de la peinture comme Théo Van Rysselberghe, Henri-Edmond Cross, Ker-Xavier Roussel, Maurice Denis, Paul Signac, Edouard Vuillard, Pierre Bonnard, Henri Matisse, James Ensor ou encore Henri Michaux.

Le couple acquiert également des sculptures de grands artistes français. On peut citer Aristide Maillol, Antoine Bourdelle et Charles Despiau. Ces œuvres peuvent toujours être admirées dans le parc du château. D’autres ont été confiées au musée d’Orsay à Paris et au Metropolitan Museum of Art de New York.

Aline Mayrisch publie aussi des articles sur des peintres allemands ainsi que des critiques littéraires dans la revue d’avant-garde belge L’Art moderne. Elle entretient par ailleurs d’intenses relations épistolaires avec des personnalités intellectuelles de son temps.

Aline et Emile Mayrisch à cheval à Dudelange en 1910. (Photo : archives/Revue)

L’une des fondatrices de la Croix-Rouge luxembourgeoise

En août 1914, les époux Mayrisch signent devant un notaire et avec d’autres membres fondateurs, l’acte constitutif de la Croix-Rouge luxembourgeoise. En octobre de cette même année, elle obtient la reconnaissance du comité international de l’association. À cette date, elle devient vice-présidente de l’association. Après, le décès de son mari en 1928, elle en assumera la présidence.

Avec le soutien de la Croix-Rouge, le couple apporte un important secours aux victimes, blessés et prisonniers de guerre pendant la Première Guerre mondiale. Durant cette période, les Mayrisch transforment même leur ancien domicile à Dudelange en hôpital de guerre.

Puis, après la Grande Guerre, ils participent activement à la reconstruction des zones dévastées en France, notamment à Verdun. Dans son testament, Aline Mayrisch, fait don de sa demeure de Colpach à la Croix-Rouge. Cette dernière sera transformée en maison de repos et de détente pour convalescents.

La mémoire d’Aline Mayrisch sauvegardée 

Tous les quatre ans, l’association «Le Cercle des amis de Colpach» organise un concours pour l’attribution d’un prix dédié à la mémoire des époux Mayrisch. La cinquième édition de ce prix aura lieu à l’automne 2024.

Celui-ci s’adresse aux chercheurs, étudiants, journalistes et auteurs résidant en Allemagne, en Belgique, en France et au Luxembourg. Ces derneirs doivent être âgés d’au moins 24 ans. Enfin, le lycée Aline Mayrisch, inauguré en 2001, décerne chaque année un prix aux élèves engagés et méritants de leur établissement.