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LGBTIQ+ : surmonter la peur des parents


Exclure ou pas les thématiques LGBTIQ+ de l'éducation des mineurs, telle était la grande question des deux débats publics hier à la Chambre.

Les pétitionnaires qui veulent exclure de l’école les cours sur les orientations sexuelles se défendent d’être homophobes, mais craignent l’impact des cours sur leurs enfants. Débat public.

«Les enfants sont sensibles aux messages qui ne correspondent pas à leur stade de développement», indique Helder Rui De Almeida Neves, l’auteur de la pétition visant à exclure les thématiques LGBTIQ+ de l’éducation des mineurs. Il cite de nombreuses personnalités directement concernées par le sujet, des transgenres comme des homosexuels, pour appuyer ses arguments. Certaines mettent en garde contre «toute forme d’endoctrinement» ou craignent que ces thématiques puissent «causer de la confusion».

Le pétitionnaire refuse que quiconque puisse douter du niveau de tolérance dont il fait preuve, et celle qui doit être enseignée, mais il demande de ne pas «introduire de la complexité». Il s’est fait traiter d’homophobe et ne comprend pas ces attaques. «Pensez-vous que nous voulons revenir à une époque où on brûlait les sorcières vivantes? Pensez-vous vraiment que 10 000 parents sont des extrémistes?», interroge-t-il en référence au nombre de signataires de sa pétition.

Le débat public à la Chambre montre clairement que les députés, dans leur très grande majorité, sont favorables à l’introduction de cette thématique LGBTIQ+ dans l’enseignement. De quoi ravir l’auteur de la seconde pétition qui, à l’inverse de la première, réclame que cette notion soit davantage développée à l’école. En effet, Marc Gerges est intimement convaincu que les parents peuvent toujours transmettre des valeurs à leurs enfants, mais «notre société fonctionne parce que nous partageons des valeurs différentes qui sont fondamentales. C’est du respect, de l’égalité, pas de la discrimination, bref tout ce qui permet une coexistence pacifique».

Les parents ont peur que leur enfant change de sexe? Comment faire pour leur enlever cette peur? «L’école reste le meilleur exemple et les élèves peuvent l’expliquer aux parents. Les milieux culturels peuvent aussi intervenir», suggère Marc Gerges pour répondre à la question de Corinne Cahen (DP). De son côté, le député pirate Marc Goergen se met à la place des parents qui témoignent de cette crainte et affirme qu’ils ont besoin de savoir ce que contient cet enseignement, et à partir de quel âge l’enfant est sensibilisé à la thématique LGBTIQ+. «Les parents ont besoin de plus de transparence», insiste-t-il.

«Sensibiliser et informer sont deux choses différentes», précise de son côté le Dr Erik Schneider qui officie au Centre psycho-social et d’accompagnement scolaires (Cepas) où il anime un espace de parole, protégé et propice aux échanges sur les expériences personnelles et un soutien mutuel. Les contacts se font via l’association Intersex & Transgender Luxembourg (ITGL).

À ce titre, il connaît bien les positions du ministre de l’Éducation nationale sur le sujet.

Connaître le contenu des cours

Claude Meisch a rappelé hier que le thème de la sexualité concerne bel et bien l’école, «car c’est une réalité sociale sur laquelle l’école ne peut pas simplement fermer les yeux». Les recommandations du Conseil de l’Europe comme la stratégie de l’Union européenne sur le sujet ne disent pas le contraire.

«Nous avons des experts qui ont travaillé sur le sujet. Bien sûr, on explique la biologie, et oui il est important que dans l’école fondamentale, on parle de tous ces aspects dans le respect et la tolérance», répond le ministre Meisch, en faisant référence à la matière «vie et société» où ce thème ne peut pas être contourné, parce que «l’école est un reflet de la réalité».

La ministre de l’Égalité des genres et de la Diversité, Yuriko Backes, se dit sidérée d’entendre que ces communautés n’ont jamais été discriminées. Elle l’est tout autant quand elle relève que certaines personnes «pathologisent le sexe» et déclare que «c’est grave».

«On parle d’éthique, mais la réalité sexuelle n’a rien à voir avec l’éthique et la morale», ajoute-t-elle.

Son ministère travaille actuellement sur un plan d’action national en étroite collaboration avec l’Éducation nationale, et qui sera présenté au printemps. Elle invite chacun, entretemps, à prendre connaissance sur le site www.sciences.lu des déclarations du professeur de pédagogie sexuelle, Stefan Timmermanns, qui explique comment se développent l’identité de genre et la sexualité chez les enfants, tout en mettant en lumière le rôle de la génétique et de l’environnement ainsi que l’impact de l’ouverture de la société sur les identités queer. «Il faut le lire», insiste la ministre Yuriko Backes.

La peur des parents, c’est l’impact des cours sur leurs enfants. Les députés ont invité le ministre Claude Meisch à présenter en commission jointe le matériel utilisé dans les cours «vie et société», lesquels abordent des questions liées aux thématiques LGBTIQ+.