L’évolution de la productivité du travail est « médiocre » au Luxembourg

Dans son rapport annuel, le Conseil national de la productivité (CNP) constate que « l’évolution médiocre de la productivité du travail persiste depuis plus d’une décennie » au Luxembourg.

La lecture des premières lignes du rapport que le CNP a remis au ministre de l’Économie commence plutôt bien. Il est indiqué qu’en 2022, le PIB par heure travaillée était d’environ 127 dollars au Luxembourg. Un chiffre qui dépasse ainsi de loin ses pays voisins : la Belgique (99 dollars), l’Allemagne (88 dollars) et la France (85 dollars), tout comme la zone euro (77 dollars) et les États-Unis d’Amérique (90 dollars) (voir graphique).

Mais en avançant un peu plus dans le document intitulé «La productivité − un moteur de la compétitivité», un autre constat apparait. L’évolution de la productivité du travail au Luxembourg y est décrite comme « médiocre », tandis que « celle des pays voisins du Grand-Duché ont évolué à la hausse sur le total de la période observée ». Et ce, depuis plus d’une décennie, même si la productivité de l’économie luxembourgeoise a bien résisté face aux multiples crises des trois dernières années, note le rapport.

Une faible évolution de la productivité du travail encore plus inquiétante, précise le rapport, si on analyse la richesse créée par personne
employée. Depuis 2017, la moyenne des heures travaillées par employé et par année affiche une tendance à la baisse. En cause : le recours accru au travail à temps partiel, l’extension des congés légaux et spéciaux ou encore la hausse du taux d’absentéisme observée au Luxembourg au cours des dernières années.

Cette réduction du temps de travail provoque un besoin supplémentaire d’emplois et, par conséquent, un besoin accru de logements, d’infrastructures, de mobilité, etc.

Et comme le coût salarial croît plus vite au Luxembourg que dans ses pays voisins et la zone euro dans son ensemble, cela entraîne ainsi une perte de la compétitivité-coût du Grand-Duché, précise encore le CNP.

Des disparités existent entre les différents secteurs d’activité. Le niveau de productivité du travail est porté par la branche des activités financières et d’assurance, «branche dominante de l’économie nationale» selon le CNP. Elle «affichait de loin le niveau le plus élevé en termes de productivité du travail en 2022; son niveau était environ 2,5 fois plus élevé que celui du total des branches».

Mais si là aussi, on s’intéresse à l’évolution de la productivité entre 2010 et 2022, les activités financières et d’assurance, la construction, le commerce et le secteur de l’hébergement et de la restauration ont perdu en productivité. Parmi les principales branches de l’économie marchande, ce sont les services administratifs, l’industrie manufacturière, les transports et les activités spécialisées qui ont connu une hausse de leur productivité du travail depuis 2010. La branche de l’information et de la communication vient de retrouver son niveau d’il y a douze ans.

Ainsi, si la croissance annuelle de la productivité du travail au Luxembourg, pour l’ensemble des branches d’activité, est de 0,6% entre 2020 et 2022, elle est de -0,1% entre 2010 et 2022.

Le CNP appelle donc à des politiques différenciées afin de relancer la productivité. La recherche et développement (R&D), l’innovation et la digitalisation, le renforcement et la reconversion des compétences de la main-d’œuvre ainsi que l’assouplissement continu du cadre réglementaire restent des domaines d’action prioritaires aux yeux de l’organisme.

La productivité étant en effet important pour conforter la compétitivité des entreprises, soutenir l’évolution des salaires réels et accroître le niveau de vie à long terme.

Le rapport peut être téléchargé sur le site web du Conseil national de la productivité.