Ils étaient venus au Grand-Duché pour demander l’asile. Aujourd’hui, ils dorment à Schrassig à cause d’un cambriolage au Limpertsberg fin janvier 2017.
L’un voulait aider financièrement sa sœur et ses trois nièces en Géorgie. L’autre devait trouver de l’argent pour aider sa mère très malade en Géorgie. Le troisième prévenu, qui n’est plus incarcéré à Schrassig, avait demandé à son avocate de le représenter au procès, en prétendant n’avoir pas les papiers pour venir «légalement» au Luxembourg. «On veut faire pleurer dans les chaumières, mais on ne produit aucun document», constatait le représentant du parquet mercredi après-midi.
Les trois hommes se sont retrouvés dans le viseur des autorités après un cambriolage au Limpertsberg le 27 janvier 2017 au matin. Cambriolage lors duquel des bijoux, un appareil photo, un iPad, un iPhone, des lunettes, un ordinateur… d’une valeur totale de plus de 10 000 euros avaient disparu. Selon la police, les malfrats avaient cassé le cylindre de la porte de l’appartement.
Mais avant même que le propriétaire ne découvre les dégâts, une partie du butin avait été découverte à la Structure d’hébergement d’urgence au Kirchberg (SHUK), sur un lit dans une tente occupée par David S. et Dimitri S. Lors d’un contrôle de routine d’un agent de sécurité au foyer, le duo s’était fait surprendre. Il n’avait pas eu le temps de dissimuler les biens sous une couverture. Mais à l’arrivée des renforts, ils avaient toutefois pris la poudre d’escampette.
Le troisième homme suspecté dans cette affaire, Giorgi G., avait pu être interpellé dans une autre tente. À la différence des deux autres, il ne semble pas avoir quitté la structure peu après 8h. Mais les caméras de surveillance retracent après 10h – donc après le retour de David S. et Dimitri S. – trois sorties suspectes de sa part. Ses sorties étaient-elles pour dissimuler l’ordinateur portable, l’iPad et l’iPhone qui n’ont jamais été retrouvés ?
«Les empreintes digitales ne mentent pas»
Plus que la disparition du butin, ce sont les tergiversations des deux prévenus présents à la barre qui auront occupé la 13e chambre correctionnelle. Leur position semblait pourtant bien claire. Seul Dimitri S. reconnaissait le cambriolage. David S., quant à lui, contestait les faits. Revirement cinq minutes plus tard, où ils déclaraient avoir agi à deux pour ensuite à nouveau déclarer le contraire…
Faisant l’objet d’un mandat d’arrêt européen, David S. et Dimitri S. ont été extradés respectivement de Suisse et de France au Grand-Duché l’année dernière. D’après l’enquêteur luxembourgeois, tous les deux ont fait pas mal de kilomètres en Europe et sont bien connus des services de police. Le premier a l’habitude de jongler entre plusieurs identités. Ses empreintes digitales n’ont toutefois jamais changé. Et c’est ainsi, grâce aux bases de données européennes, que l’enquêteur a pu retracer son parcours : Pays-Bas, France, Belgique, Suisse, Allemagne…
À la barre, David S. ne voulait rien savoir de tout cela. Lorsque la présidente a tenté de lui inculquer que «les empreintes digitales ne mentent pas», il a répondu : «Peut-être se sont-ils trompés.»
«Alors beaucoup de pays se sont trompés…», a rétorqué l’enquêteur, qui est convaincu qu’il se servait de son statut de demandeur d’asile pour faire le tour de l’Europe et commettre des infractions. David S. laissera finalement la parole à son avocate. «Mon client a eu du mal à s’exprimer à la barre. Il voulait faire des aveux sincères. Mais il a eu peur qu’on lui reproche tout ce qu’il a commis en Europe», a-t-elle avancé pour tenter de sauver les meubles.
Le parquet a fini par requérir 30 mois de prison et une amende contre le voleur récidiviste. Contre Dimitri S., il demande 18 mois de prison et une amende du fait que son casier judiciaire est un peu moins rempli et qu’il a reconnu les faits dès son extradition. Un doute subsistant quant à la participation du troisième prévenu, Giorgi G., le parquet a demandé son acquittement.
Prononcé le 15 mai.
Fabienne Armborst