Le 12 octobre, les habitants de la commune voteront à propos d’un abaissement de vitesse généralisé à 30 km/h. Une façon de donner «la parole directement aux citoyens».
Rarement utilisée au Luxembourg, la consultation par référendum local trouve une place à Leudelange. Six ans après la dernière expérience concernant le rattachement de la commune à la circonscription électorale du Centre, la Ville relance l’exercice, cette fois-ci de sa propre initiative. Les habitants de plus de 18 ans et inscrits sur les listes électorales de la commune se prononceront sur la question suivante : faut-il instaurer une zone 30 dans toutes les rues principales du village ?
«Nous voulions donner la parole directement aux citoyens sur une question importante, qui touche leur quotidien», explique le bourgmestre Lou Linster. Ce dernier insiste sur le caractère général du projet : «Ce n’est pas un simple aménagement de voirie. C’est aussi une réflexion sur l’ensemble de la qualité de vie.»
La circulation est en effet un sujet sensible à Leudelange. Situé entre Esch-sur-Alzette et la capitale, le village est exposé à de forts flux de voitures et les demandes de régulation routière seraient récurrentes. «Beaucoup de concitoyens m’ont fait part de leur souhait d’avoir un environnement plus calme et plus sûr», poursuit-il.
Le gouvernement, dans son Plan national de mobilité 2035, encourage à adapter localement les limitations de vitesse. Depuis 2023, les communes peuvent donc demander de limiter la vitesse à 30 km/h sur les «voies de distribution». À Leudelange, cette mesure concernerait donc les rues de la Gare, de la Vallée, de Cessange, du Lavoir, de Bettembourg, d’Esch et de Luxembourg.
Pour Lou Linster, cette consultation implique «une mesure importante et il nous semblait juste de la soumettre à la population». Une réunion publique d’explication était organisée le 17 septembre et cette dernière a démontré tout l’intérêt des habitants à propos de leur commune. «C’était animé et constructif. Nous avons pu éclairer les habitants sur leurs inquiétudes, qu’il s’agisse des pertes de stationnement ou des délais de trajet.»
Selon le collège échevinal, le temps de parcours entre la gare et l’hôtel de ville serait rallongé d’«environ deux minutes» à 30 km/h, ce qui représenterait peu par rapport au niveau de sécurité gagné. Quant au stationnement, des places disparaîtront certes le long des rues au profit des pistes cyclables, mais l’objectif reste «d’en supprimer le moins possible».
«Sortir de l’idée qu’un « non » est un échec»
Un «oui» ouvrirait la voie à une mise en place progressive sur dix ans, accompagnée de nouveaux aménagements (trottoirs élargis, pistes cyclables sécurisées, passages piétons surélevés et rétrécissements de chaussée). À la suite de la réunion du 17 septembre, les coussins berlinois ne seront pas privilégiés. La commune compte plutôt sur des ralentisseurs de type «sinus» : moins bruyants, moins abruptes et plus confortables à 30 km/h.
Ce référendum s’inscrit dans une politique plus large de transition des mobilités. Leudelange souhaite ainsi améliorer la qualité de vie de ses habitants avec moins de pollution ou de bruit et, à l’inverse, gagner en sécurité. «J’utilise aussi la voiture, mais il est également nécessaire d’augmenter la part des mobilités douces», nuance le bourgmestre.
Le centre du village, lui, fera bientôt l’objet d’un aménagement séparé : un «shared space» limité à 20 km/h, où la priorité sera donnée aux piétons. «Cette vitesse est nécessaire pour que cet espace, avec plusieurs commerces et notre école, fonctionne.» Ce projet, déjà estimé «consensuel», n’est pas soumis au vote. Pour Lou Linster, l’enjeu dépasse la question des vitesses. Il s’agit de tester une autre manière de gouverner : «Nous devons sortir de l’idée qu’un « non« est un échec. Le référendum, c’est avant tout un exercice de démocratie participative.»
Un «non» laisserait la limite de 50 km/h en place, mais les efforts en faveur des mobilités douces continueraient. Un «oui», en revanche, enverrait un signal positif à plusieurs niveaux. «Si notre population approuve ce projet, cela montrera que les citoyens sont prêts à accompagner le changement», estime-t-il.
La participation des habitants ne s’arrête d’ailleurs pas au vote. Avant chaque réaménagement, des ateliers seront organisés rue par rue, afin de définir les mesures les mieux adaptées. Cette méthode a déjà porté ses fruits pour la rue de la Montée : le projet avait été «soutenu par une large majorité des riverains».
Dimanche, les électeurs auront donc l’occasion de décider s’ils veulent ou non ralentir la circulation à Leudelange. Quelle que soit l’issue, le bourgmestre espère que «cela encouragera d’autres communes à impliquer davantage leurs citoyens dans la prise de décision», avant de conclure par «rendez-vous dimanche».