Une solution est en vue pour permettre à Caritas une liquidation en bonne et due forme. En parallèle, le ministère en charge de la Coopération s’engage à sauver des projets d’aide internationale.
La mort de la Fondation Caritas semble désormais actée. Ce mercredi, à la sortie d’une réunion avec sept commissions parlementaires, le Premier ministre, Luc Frieden, a annoncé que l’État compte accorder un prêt transitoire afin de permettre à l’ONG de procéder à une liquidation des activités qui n’ont pas été reprises par l’association Hëllef um Terrain (HUT).
Comme le rapportent nos confrères de plusieurs médias, le prêt, d’un montant situé entre 4 et 5 millions d’euros, doit notamment assurer que les salariés appelés à effectuer les derniers décomptes pourront être payés d’ici à la fin de l’année. Cette somme équivaut aux fonds publics qui sont encore dus à Caritas pour les prestations assurées en septembre et octobre. Une hypothèque sur des biens immobiliers de la Fondation est censée servir de garantie pour le prêt.
Ces nouvelles liquidités s’ajoutent à des fonds, non chiffrés, versés à la mi-août aux entités juridiques de Caritas non affectées par le détournement de fonds.
Après la découverte du détournement de 61 millions d’euros, le chef du gouvernement s’était dans un premier temps montré très ferme. Luc Frieden avait exclu de débloquer des fonds pour maintenir en vie Caritas. Un comité de crise a été mis en place pour sauvegarder au moins les activités nationales de l’ONG, prestées pour le compte de l’État. La nouvelle association Hëllef um Terrain a finalement vu le jour. Depuis mardi, elle a pris le relais de Caritas avec, pour le moment, 324 des 349 salariés qui ont rejoint la nouvelle structure.
LuxDev et plusieurs ONG sollicitées
Le Premier ministre n’est pas le seul à avoir retourné sa veste, mercredi, devant les députés. Le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, en charge de la Coopération et de l’Action humanitaire, informe avoir chargé LuxDev, l’agence chargée de la coopération au développement, pour étudier des possibilités afin de reprendre en main différents projets d’aide internationale que Caritas est contrainte d’abandonner. Des pourparlers sont aussi engagés avec d’autres ONG capables de prendre le relais sur le terrain.
Un exemple concret est le Soudan du Sud. L’antenne néerlandaise de Caritas est déjà venue à la rescousse. Une prolongation de cet engagement sera négociée. L’archevêché a, de son côté, débloqué 310 000 euros pour prendre en charge les engagements envers les collaborateurs de l’ONG dans ce pays africain.
Le ministère de Xavier Bettel tente aussi de mobiliser 200 000 euros pour soutenir trois organisations qui, sans les fonds alloués par Caritas, ne sont plus en mesure d’assurer leurs projets en Ukraine, Moldavie, au Mali et en Turquie.
Mardi, le président du conseil d’administration de Hëllef um Terrain, Christian Billon, avait déploré que l’État ne fût pas disposé à apporter une «solution exceptionnelle» afin de continuer à assurer les activités internationales menées par Caritas. Les initiatives annoncées ce mercredi sont certainement une consolation, en priorité pour les gens dépendant de l’aide humanitaire. Il reste à savoir combien d’emplois pourront être préservés. Mi-septembre, la Fondation avançait que 30 salariés au Luxembourg et 70 au Soudan du Sud et au Laos étaient concernés par l’arrêt de l’aide internationale.
Le dommage provoqué par le détournement de fonds pèse lourd. Sur les 5 millions d’euros versés par le gouvernement pour le travail de coopération et d’aide au développement, 4,7 millions d’euros ont disparu des comptes de Caritas.
Un avenir pour
le «Plaidoyer politique»?
Le service de Caritas qui accompagnait de manière critique la politique sociale menée au Luxembourg n’a pas pu être repris par Hëllef um Terrain. En cause, la non-prolongation d’une convention de financement, comme l’expliquait mardi Christian Billon. Mercredi, le Premier ministre a mis en perspective une possible solution pour finalement maintenir en vie le «Plaidoyer politique». L’objectif est de pouvoir recaser les employés concernés dans une autre structure. Auprès de nos confrères du Wort, la députée Djuna Bernard (déi gréng) a précisé que le gouvernement songe à la Fédération des acteurs du secteur social au Luxembourg (Fedas).