Depuis 2020, une ASBL d’habitants de Schuttrange s’active pour réduire les nuisances de l’aéroport du Luxembourg. Pas satisfaite par les réponses apportées par les autorités, l’association souhaite accélérer les choses.
«Nous n’avons rien contre l’aviation modérée et respectueuse» prévient d’emblée un membre de l’ASBL DIGHSE (Défense des intérêts des habitants de Schuttrange et environs). Problème : ce n’est pas le cas de l’aviation luxembourgeoise selon elle.
Créée en 2020, cette ASBL compte près de 200 riverains désireux de réduire les nuisances des avions de l’aéroport de Luxembourg – Findel. C’est en 2019 que «la situation devient chaotique» avec le changement de tracé d’un couloir, le GTQ sur la piste 6 vers le sud, qui survole des zones habitées à l’est du tarmac. Un fait signalé en janvier 2023 dans une question parlementaire.
Odeur de kérosène, bruits sourds des moteurs, ballet d’avion dans le ciel, vibrations, le quotidien des habitants change radicalement, passant «de 0 à 50 survols par jour». Alors, ils décident de se mobiliser comme l’on fait avant eux d’autres voisins du Findel «tels que Schrassig, Sandweiler, Luxembourg Cents et Hamm».
Un changement de couloir contesté
Le premier point de tension concerne le changement de couloir réalisé par l’Administration de la navigation aérienne (ANA). D’un côté, le ministre de la Mobilité et des Travaux publics François Bausch assure que c’est «à cause de la proximité d’une zone militaire [TRA Lauter] sous responsabilité allemande située à l’est du pays». Pour l’ASBL DIGHSE, c’est une excuse.
Après avoir sondé l’ambassade allemande et le Ministère sans obtenir de réponses, elle considère que ce silence cache un mensonge : «Comment l’Allemagne nous mettrait à genoux ? Et sinon, cela serait documenté officiellement». Pour eux, la raison est simple : c’est une injonction des sociétés d’aviation pour faire des économies d’essence. Contacté par nos soins, l’ANA n’a pas encore répondu. Au-delà du motif, le changement de route irrite les habitants, non consultés par cette décision. «Dans n’importe quel pays, on construit une autoroute avec concertation et le ciel c’est pareil, c’est une route.»
« C’est un état cow-boy, il n’y a aucune police »
Face aux 3 000 réclamations adressées à l’ANA en 2012 et 2022 via un formulaire de signalement de nuisances, des mesures ont été prises. Le couloir de la piste 6 a été remis en place pour l’aviation sportive et l’altitude de vol minimale est passée de 1 700 pieds à 2 200 pieds. Pas de quoi satisfaire les riverains cependant. «Les pilotes sportifs ont toujours du mal à respecter le changement, on aimerait que les instructeurs soient plus précis».
Pour ce qui est de la hausse de l’altitude de 500 pieds (environ 150 mètres), c’est une fausse bonne idée selon eux. Au contraire, les avions feraient plus de bruit en voulant monter plus haut, plus vite. Alors, l’ASBL souhaite un retour à l’ancienne route et des balises au sol pour guider l’aviation sportive. Elle réclame également une police aérienne pour le Grand-Duché, sans quoi «c’est un état cow-boy, il n’y a aucune police donc pas de sanctions».
Le trafic aérien en hausse
Pour l’ASBL, il s’agit d’un «combat de David contre Goliath». Abonnés au site de traçage de vols Flightradar24 pour identifier les avions nuisibles, ses membres ne cessent de faire des réclamations. C’est également le cas du groupe Facebook Findel+ dont les 122 membres scrutent le trafic aérien depuis ce site afin de pointer du doigt les avions en vol durant le couvre-feu (minuit – 6h) notamment. Tous se plaignent de la hausse du nombre de vols quotidiens, estimés à 250 pour l’aviation commerciale, sans compter les jets privés ni l’aviation sportive, «autour des 50 quand il fait beau».
D’après les chiffres de l’ANA sur les trajets internationaux, il y a bien eu 866 vols commerciaux supplémentaires en janvier 2023 (4 927) par rapport à janvier 2022 (4 066). Pour le mois de février, c’est aussi 762 de plus.
Un recours aux instances européennes envisagé
L’un des habitants de Schuttrange estime que cet «imbroglio entre l’ANA, le ministère et les communes» résulte d’une politique favorisant l’augmentation du flux aérien.
Sans réponses à ses réclamations adressées à l’ANA ou au ministère, l’association souhaite accélérer sa démarche. «Nous avons décidé de ne plus discuter avec l’administration luxembourgeoise qui ne nous considère pas et tronque les chiffres» affirme un des riverains. Ils envisagent désormais de se tourner vers les instances européennes pour faire changer les choses. «Il y a des associations qui militent pour ça depuis 20 ans et qui n’ont rien obtenu. Mais quand on fera annuler des agréments étatiques, peut-être que ça avancera» espère-t-il.
Je comprends les riverains, l’état ne peut pas déplacer un couloir aérien sans concertation préalable et etude d’impact. Ce problème ne converne pas que Schuttrange, j habite en ville depuis 20ans et suis survolé par des avions depuis 2020 .. et c’est bruyant
Au Luxembourg le couvre-feu aérien c’est de 23h à 6h, quand la Ville de Luxembourg largement survolée par le trafic aérien interdit le bruit de 22h à 7h. Dans les deux cas la réglementation est de moins en moins respectée!