Une crise sociale entièrement provoquée par le gouvernement, une opposition maltraitée, une transparence qui fait défaut, une politique climatique en plein déclin… Les verts n’épargnent rien.
Il faut admettre que le travail abattu par les quatre députés déi gréng à la Chambre des députés est énorme, comme en témoigne leur bilan parlementaire qui liste, sur une dizaine de pages, toutes les motions et résolutions déposées, les questions parlementaires adressées au gouvernement, les demandes d’interpellation, les convocations de commissions et, pour finir, les demandes d’accès aux documents.
En présentant leur bilan, les verts n’ont pas mentionné tout ce travail, leur cheffe de file, Sam Tanson, a surtout exposé leurs inquiétudes face au fonctionnement des institutions démocratiques, l’affaiblissement des politiques environnementales et climatiques et surtout la crise du dialogue social. «On oublie que les syndicats sont un facteur de stabilité dans le pays», note Sam Tanson.
Manque de transparence
La grande manifestation du 28 juin à l’appel de l’OGBL et du LCGB était destinée à faire comprendre au gouvernement que «les gens voulaient être entendus». Pas seulement eux. Les députés aussi. Sam Tanson explique que les parlementaires ne sont pas respectés. «La commission de ce matin le prouve encore», dit-elle, en faisant référence à la visite de Georges Mischo, le ministre du Travail, et de Martine Deprez, la ministre de la Sécurité sociale, qui était destinée à tenir les députés au courant des négociations de la tripartite, si toutefois c’en est une.
Rien n’a été divulgué aux députés, qui se sentent complètement mis à l’écart. «C’est à nous que reviendra la mission de légiférer sur les textes qui seront soumis à l’issue de ces négociations», souligne la cheffe de file des verts. La transparence n’est pas d’actualité pour ce gouvernement qui doit rendre des comptes aux députés et leur fournir les documents nécessaires à leur mission de contrôle. «J’attends encore une réponse à ma demande de pouvoir consulter le procès-verbal de la réunion du Conseil de gouvernement du 2 mai», se lamente Sam Tanson.
«Le DP et le CSV dressent délibérément les uns contre les autres»
Il s’agit de la réunion lors de laquelle Luc Frieden aurait annoncé aux membres du gouvernement les pistes pour la réforme des pensions. Les députés libéraux n’étaient pas avertis. Les verts veulent en avoir le cœur net. «Le DP et le CSV dressent délibérément les uns contre les autres. On le voit pour les pensions : ce sont les anciens contre les jeunes. Pour l’économie, c’est la croissance contre le droit du travail. Et pour l’environnement, c’est le climat contre le logement», constate amèrement Sam Tanson.
Au sein même du CSV, le Premier ministre serait «de plus en plus isolé et contesté». Sa communication désastreuse en serait une des causes. Au sein du gouvernement, le ministre Gilles Roth se préparerait à prendre sa succession, selon Sam Tanson.
Finances et transparence
La transparence, thème cher aux verts, n’est pas au rendez-vous. D’abord à la Chambre des députés, où toutes les réunions des commissions devraient être retransmises. Certes, le président Claude Wiseler a déjà bien fait bouger les lignes en annonçant qu’en septembre prochain, les réunions de 18 commissions seraient diffusées sur le site de la Chambre, mais pas les plus importantes, selon Sam Tanson, qui cite la Défense, les Affaires étrangères, les Finances, l’Économie, les Pétitions, le Bureau et la Conférence des présidents. «Finalement c’est un choix arbitraire», dit-elle.
Pour en revenir au gouvernement, les verts sont préoccupés par le manque de considération en matière environnementale. «On est en pleine crise climatique et le gouvernement travaille contre l’environnement, contre le verdissement des villes», regrette Sam Tanson. Les aides à la mobilité électriques diminuent, celles pour le photovoltaïque aussi. Les verts saluent quand même le préfinancement pour l’installation de panneaux solaires, mais c’est bien le seul point positif dans la politique climatique du gouvernement.
Enfin, les écolos se font du souci en ce qui concerne les finances. Les dépenses que vont engendrer la réforme fiscale et celles promises pour le budget de la défense risquent de nuire aux investissements. Or, pour les verts, il y a urgence à investir dans la mobilité, les écoles, les hôpitaux et la protection du climat.
Le fait que le ministre des Finances, Gilles Roth, a été le bourgmestre de Mamer, la commune la plus endettée du pays (80 millions d’euros), ne rassure pas les verts, qui ne souhaitent pas que la même gestion soit appliquée au niveau national.