Alors que les 60 députés obtiendront le dossier d’instruction de l’affaire Traversini, le parti déi gréng cherche à remplacer Carole Dieschbourg. Les personnels politiques disponibles ne se bousculent pas.
Pas moins de cinq projets de loi, composant le paquet «déchets», attendaient Carole Dieschbourg cette semaine à la Chambre des députés. Comment aurait-elle pu sereinement les défendre avec une menace de mise en accusation qui planait sur elle ? Après sa démission la semaine dernière, ce sera à Claude Turmes, le ministre de l’Énergie, de la remplacer au pied levé, lui qui assure l’intérim pour traverser ces nouvelles turbulences.
L’homme est suffisamment expérimenté pour se plier à l’exercice. L’ex-vice-président du groupe des Verts au Parlement européen, rappelé par Bruxelles après le décès de Camille Gira en mai 2018 pour rentrer au gouvernement, fait face, une fois encore, à une situation d’urgence.
La grande question qui se pose est celle de savoir qui va pouvoir remplacer Carole Dieschbourg, l’élue de l’Est, au gouvernement. Et l’autre question est de savoir comment les verts vont se relever de cette nouvelle épreuve à un an et demi des élections législatives et alors que le pays est déjà secoué par une crise énergétique qui va s’étendre à d’autres secteurs. La crise climatique ne doit pas en pâtir, c’est l’autre urgence absolue.
Il faudra avoir les reins solides pour reprendre les dossiers à une si brève échéance, surtout l’administration de l’Environnement qui n’est pas réputée la plus facile. Le même problème s’est posé aux libéraux au moment de remplacer Pierre Gramegna au ministère des Finances. Le Premier ministre, Xavier Bettel, est sorti des rangs de son parti pour recruter Yuriko Backes dont le CV correspondait à la perfection au poste. Toute la classe politique a reconnu dans cette opération un «coup de génie».
Le parti déi gréng serait tenté de faire de même. Les jeunes députés en place à la Chambre ont encore peu de kilomètres au compteur et leur cheffe de file, Josée Lorsché, pourtant en bonne position pour reprendre le flambeau au gouvernement, trop précieuse pour la fraction. Elle est d’ailleurs l’élément de stabilité dans ce groupe qui a régulièrement laissé rentrer la jeune génération au fil de la législature.
L’affaire n’est pas finie
Le départ de Carole Dieschbourg du gouvernement ne va pas être une page tournée aussi simplement pour les verts. Encore une fois, leur image a été écornée et la remontée sera dure. Pour l’opposition qui réclamait la tête de la ministre écolo depuis l’affaire de la cabane de jardin, l’affaire n’est pas finie.
Lundi soir à la Chambre des députés, une réunion conjointe du Bureau et de la Conférence des présidents était organisée afin d’étudier un avis juridique pour connaître des suites à donner à cette affaire. Le parquet a transmis le dossier sur les soupçons de favoritisme à la Chambre en lui indiquant qu’en application des articles 82 et 116 de la Constitution, seule la Chambre des députés a le pouvoir discrétionnaire d’accuser un membre du gouvernement.
Pour ne pas toucher à la fraction parlementaire, les verts pourraient rappeler Tilly Metz, la députée européenne qui a repris le flambeau de Claude Turmes à Bruxelles en 2018. Ce serait alors au tour de Meris Sehovic, actuel président du parti avec Djuna Bernard, de reprendre le mandat de député européen.
À 30 ans, il a déjà un beau parcours derrière lui. À tout juste 22 ans, ce brillant élément devenait chef de bureau et porte-parole du député Claude Turmes à Bruxelles et, en tant que conseiller politique, il a mis le nez dans de nombreux travaux législatifs européens.
Il y a eu un précédent en 2012 dans l’affaire Wickrange/Livange, un dossier d’extorsion et de tentative d’extorsion dans laquelle l’ancien ministre socialiste de l’Économie, Jeannot Krecké, était visé. Les députés avaient voté une résolution dans laquelle ils exprimaient leur opposition à mettre un ministre en accusation.
Ils estimaient qu’il ne saurait y avoir de confusion entre les rôles respectifs du Parlement et de la justice. Cet article de la Constitution ne dispose d’aucune loi d’application et doit disparaître dans le nouveau texte.
Il s’agit du dernier chapitre de la révision constitutionnelle consacrée à la Chambre des députés et au Conseil d’État qui n’est pas encore passé au vote.
Carole Dieschbourg a démissionné pour affronter la justice et prouver, comme elle le répète, depuis trois ans, qu’elle n’a rien à se reprocher. Lundi soir, les députés se sont entendus sur un aspect : ils vont tous consulter le dossier de l’instruction et se retrouveront pour prendre une décision. Ils demanderont certainement alors à la justice d’entendre l’ancienne ministre pour avoir un dossier complet avec ses déclarations.
La procédure va prendre encore quelques semaines.