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Les travaux de transformation démarrent au moulin de Schifflange


Construit en 1803, le bâtiment classé va être totalement rénové, tout comme la brasserie attenante, Am Brill. (Photo : julien garroy)

Emblématique de la commune, le moulin Bestgen accueillera d’ici deux ans un nouveau centre socio-thérapeutique pour enfants de 6 à 12 ans, confié à l’association Telos-éducation.

Après deux ans de procédures administratives, les travaux de rénovation et de transformation totale du moulin Bestgen démarrent pour de bon. Ce projet, mené en partenariat avec l’État et chiffré à 10,5 millions d’euros, prévoit l’ouverture de deux structures dédiées à l’enfance, sous la houlette de l’association locale Telos-éducation.

«Ce sera un vrai changement pour nous, puisqu’on va doubler nos capacités d’accueil», se réjouit son président, Fernand Schintgen. «Nous disposons déjà d’un centre socio-thérapeutique ici à Schifflange, qui accueille actuellement huit enfants, et qui restera. Celui du moulin s’y ajoutera en 2026, avec huit places supplémentaires.»

Ce qui ne sera pas de trop, vu les besoins. En effet, les huit centres socio-thérapeutiques (CST) déjà opérationnels dans le pays à Mersch, Kautenbach, Grevenmacher, Bergem, Alzingen, Luxembourg et Schifflange, s’occupant d’élèves de l’enseignement fondamental en détresse scolaire et avec des troubles du comportement, sont tous pris d’assaut, avec une liste d’attente longue comme le bras.

Trois nouvelles ouvertures annoncées

D’où trois nouvelles ouvertures annoncées pour ces prochains mois dans la capitale et à Lamadelaine. Car le concept a fait ses preuves. Dans ces structures pilotées par le ministère de l’Éducation nationale, via la Commission nationale d’inclusion, les enfants de 6 à 12 ans suivent une année scolaire adaptée, avec un travail spécifique sur leur comportement, afin de retrouver de l’apaisement et de préparer leur réintégration dans leur classe d’origine.

«En agissant à cet âge, on évite des parcours encore plus compliqués par la suite», poursuit Fernand Schintgen qui plaide pour des investissements conséquents. «On est face à des enfants en crise qui ont un dégoût pour l’école. Les enseignants sont à bout, les parents pleurent à la maison. C’est ça la situation», décrit-il sans langue de bois. Au fil des mois, aux côtés des psychologues et éducateurs, les enfants accompagnés retrouvent l’envie et une certaine stabilité émotionnelle. Le ministère confirme : les retours du terrain, après réintégration, seraient très positifs.

Telos prête à doubler ses effectifs

Une autre partie du moulin Bestgen sera utilisée pour organiser des rencontres parents-enfants nécessitant un encadrement ordonné par la justice (dans le cadre d’une séparation par exemple). Un service assuré là encore par Telos-éducation. La jeune ASBL, constituée il y a moins de dix ans et aujourd’hui conventionnée et reconnue d’utilité publique, est en plein essor. Elle vient en aide à 150 enfants en moyenne chaque année.

Alors qu’elle compte actuellement près de 80 collaborateurs, elle devrait passer à 150 employés dès 2025, avec le lancement de plusieurs sites : deux nouveaux centres d’accueil jour et nuit pour enfants placés, à Differdange et à Walferdange – en plus de ceux de Luxembourg et Kayl. Et des logements encadrés pour jeunes adultes à Rumelange sont aussi au programme, tout comme un foyer réservé aux jeunes mamans avec leur bébé.

telos-education.lu

Plus de deux fois centenaire

Cet ancien moulin, érigé au bord de l’Alzette en 1803, a d’abord appartenu à l’exploitant agricole de Lallange, Nicolas Olinger, puis à son fils. Mais les cartes historiques répertorient déjà un moulin sur cette parcelle dès 1777. Le moulin Bestgen était l’un des deux moulins en activité à Schifflange au XIXe siècle pour moudre toutes sortes de céréales. C’est au mariage de la fille de la maison avec un certain Nicolas Bestgen, en 1899, que la bâtisse prend le nom qu’on lui connaît.

L’activité de broyage s’arrête en 1930, tandis que le meunier s’oriente vers le commerce d’alimentation pour bétail. La roue stoppera définitivement sa course en 1947. À l’abandon pendant des années, le moulin fut ensuite occupé par l’Action sociale pour jeunes ASBL dans les années 1990, puis par le CIGL Schifflange et le réseau Objectif plein emploi de 2006 à 2013, avant d’être racheté par l’État en 2016 et classé en 2018. En 2022, la commune et le ministère de l’Éducation nationale décident d’en faire un futur centre socio-thérapeutique.