OGBL et LCGB comptent organiser une grande manifestation nationale pour faire opposition aux «attaques massives» contre les syndicats et les salariés. Ce nouveau coup de pression doit «ramener le gouvernement à la raison».
La récente médiation du Premier ministre, Luc Frieden, et l’annonce du table ronde sociale n’ont pas été suffisantes pour calmer les ardeurs des syndicats. Au contraire, OGBL et LCGB renforcent leur front syndical uni afin de mettre la pression sur le gouvernement, mais aussi le patronat. La mobilisation va s’intensifier au fil des prochains mois avec comme point culminant une grande manifestation nationale, annoncée pour le 28 juin prochain.
Il s’agit d’une nouvelle réaction aux «attaques toujours plus massives du gouvernement contre les syndicats». «Ils veulent nous écarter, nous écraser. On se trouve à un tournant du mouvement syndical au Luxembourg», martèle Nora Back, la présidente de l’OGBL. Son homologue du LCGB, Patrick Dury, remet une couche, en dénonçant «les pires attaques contre les syndicats depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale».
Les cavaliers seuls du gouvernement dans une série de dossiers ayant trait au droit du travail continuent à provoquer l’ire des deux syndicats, qui forment désormais une «alliance historique» pour faire opposition. «Aussi longtemps que la libéralisation totale des heures de travail dans le commerce et la flexibilisation extrême des heures de travail se trouvent sur la table, aussi longtemps que la question des conventions collectives n’est pas clarifiée et qu’une déterioration des pensions est envisagée, nous allons faire forte opposition», souligne Nora Back.
Il reste pile cinq mois pour l’entame de «négociations sérieuses afin de trouver des solutions» et pour «ramener le gouvernement à la raison». La table ronde sociale devrait être convoquée à courte échéance. «Nous sommes demandeurs pour le dialogue, mais uniquement si des négociations sérieuses sont menées. Il n’est plus question de palabrer, mais de mener des discussions pour dégager des compromis, et au mieux un consensus», développe la présidente de l’OGBL.
En attendant, les différents projets de loi (travail du dimanche, extension des heures d’ouverture du commerce, conventions collectives) devraient être mis en suspens.
«Le compte à rebours est lancé. Il n’est pas encore trop tard, mais le temps commence à presser pour désamorcer la situation», renchérit le président du LCGB. «Si le dialogue social se limite à des consultations sans mener des discussions sérieuses, si l’on ne veut plus rien entendre des syndicats, le modèle social est à bout. Le climat social s’est déjà énormément dégradé», enchaîne Patrick Dury.
Un dernier avertissement est lancée : OGBL et LCGB ne vont plus tolérer que les syndicats soient «dénigrés, qualifiés de rétrograde ou d’incapables». Ils resteraient bien représentatifs, et rempliraient un rôle de «correctif face à la politique néo-libérale extrême». «Notre objectif est de travailler pour le bien du pays et d’assurer l’équilibre nécessaire pour protéger l’économie et les salariés», termine Nora Back.
Les points majeurs de la discorde
CONVENTIONS COLLECTIVES Le programme gouvernemental prévoit de «faciliter» la conclusion de conventions collectives «entre employeurs et salariés». Les syndicats y voient une remise en question de leur droit exclusif à négocier et signer de telles conventions. De plus, le gouvernement envisage d’«alléger le contenu obligatoire minimal des conventions collectives afin de ne pas surcharger les négociations». Deux initiatives «inacceptables» pour OGBL et LCGB.
TRAVAIL DOMINICAL Les syndicats fustigent le cavalier seul du ministre du Travail pour étendre de manière générale le travail du dimanche de 4 à 8 heures. Sont concernés le commerce de détail et l’artisanat. OGBL et LCGB souhaitent maintenir la négociation du travail dominical par le biais de conventions collectives.
HEURES D’OUVERTURE Le ministre de l’Économie prévoit une libéralisation partielle des heures d’ouverture du commerce, de 5 h à 22 h du lundi au vendredi et de 5 h à 19 h les samedis et dimanches. L’obligation d’ancrer la nouvelle réglementation dans une convention collective n’est pas suffisante aux yeux des syndicats.
PENSIONS Le camp syndical craint que la pérennisation de l’assurance pension ne se traduise par une détérioration du niveau des retraites.