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Les sages-femmes mobilisées contre les violences obstétricales


Un accouchement vécu positivement peut éviter des conséquences sévères pour la vie de la femme, rappelle l’ALSF.

Une période périnatale sûre et digne : c’est l’objectif pour lequel s’engage l’association luxembourgeoise des sages-femmes.

Alors que ce 25 novembre marque la Journée internationale pour l’élimination de la violence envers les femmes et les filles, nos voisins allemands célèbrent aussi aujourd’hui le Roses Revolution Day, qui vise à sensibiliser au manque de respect et à la violence en obstétrique.

Un combat que l’association luxembourgeoise des sages-femmes (ALSF), présidée par Anna-Cristina Rings-Alborinoar, porte aussi, en pleine Orange Week côté luxembourgeois.

Mais de quoi parle-t-on exactement ? Le sujet est si tabou qu’il peut être difficile de le cerner. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit la violence obstétricale comme «tout abus, tout manque de respect ou tout mauvais traitement infligé par des professionnels de santé lors de l’accouchement et portant atteinte à la dignité des femmes».

Cela peut inclure des violences physiques, des humiliations, des violences verbales, un manque de confidentialité ou la négligence, causant des douleurs inutiles et/ou des complications évitables.

Des actes non appropriés

Le Conseil de l’Europe, dans une résolution de 2019, précise que les violences obstétricales et gynécologiques, longtemps cachées, «restent encore trop souvent ignorées».

«Dans l’intimité d’une consultation médicale ou d’un accouchement, des femmes sont victimes de pratiques violentes ou pouvant être perçues comme telles. Il s’agit d’actes non appropriés ou non consentis, tels que des épisiotomies et des touchers vaginaux pratiqués sans consentement, l’utilisation de l’expression abdominale (NDLR : pratique consistant à appuyer fortement sur le ventre) ou la non-utilisation de l’anesthésie pour des interventions douloureuses.» Des comportements sexistes ont aussi été recensés lors de consultations médicales, souligne le Conseil.

Au Luxembourg aussi

Des violences qui existent aussi au Luxembourg, pointe l’ALSF, tout en s’y opposant fermement : «Favoriser et soutenir une expérience positive de l’accouchement devrait être primordial dans le respect de la santé de la femme et de sa santé mentale», note l’association, auprès des mères au quotidien.

Et pour elle, il est grand temps que le modèle en place au Luxembourg se modernise. «Des changements au sein même de la structure de notre système de santé s’avèrent particulièrement nécessaires.»

En 2021, un groupe de travail du Conseil scientifique – composé majoritairement de femmes – rappelait ainsi les bonnes pratiques aux professionnels de santé et publiait son avis avec une liste de recommandations en matière d’actes et de soins dans le cadre de la grossesse et de l’accouchement.

Des soins personnalisés

De son côté, l’ALSF s’implique en faveur de solutions connues, mais peu ou pas encore mises en œuvre au Grand-Duché. Par exemple, les sages-femmes défendent l’instauration d’un suivi continu par une même sage-femme – ou un petit groupe de sages-femmes – tout au long de la grossesse, puis lors de l’accouchement et durant la période post-partum.

Elles voudraient aussi avoir l’assurance que chaque sage-femme puisse accompagner une seule femme pendant l’accouchement (soins personnalisés ou one to one care), et ce, peu importe le lieu.

Éviter le traumatisme

L’ALSF rappelle que le rôle des professionnels de santé formés et spécialisés est indispensable dans la lutte contre les violences obstétricales : ils doivent communiquer clairement, informer, guider et accompagner les femmes, les couples et les familles afin que ceux-ci restent au centre de la prise en charge et puissent prendre des décisions en toute connaissance de cause.

«Un accouchement vécu positivement peut éviter des conséquences sévères pour la vie de la femme, comme la dépression post-partum ou le syndrome de stress post-traumatique, et favorise le bien-être psychologique, la confiance en soi ainsi que des avantages à long terme sur la santé mentale et émotionnelle, et la promotion de la relation mère-enfant», souligne, pour conclure, l’association.

Comment reconnaître les violences obstétricales

Voici des exemples de violences gynécologiques et obstétricales – qui peuvent se produire tout au long de la vie, pas seulement dans le cadre d’une grossesse.

– Non-respect de la gêne de la patiente, liée au caractère intime de la consultation ou du contexte

– Propos dégradants et hors du cadre de la prise en charge sur la sexualité, la tenue, le poids, la volonté ou non d’avoir un enfant

– Injures ou commentaires sexistes

– Actes (intervention médicale, prescription, etc.) exercés sans respecter le consentement ou le choix de la patiente

– Actes ou refus d’actes non justifiés médicalement

– Refus de suivre les demandes de la femme sans l’informer des alternatives

– Harcèlement sexuel, agression sexuelle, viol

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