Les Rout Léiwen doivent ramener quelque chose de ce double déplacement bulgaro/hongro-biélorusse. Ou le mois de novembre les verra en danger de réintégrer le groupe des nains du continent.
Le Grand-Duché, aux portes de se qualifier pour l’Euro en mars, peut-il raisonnablement se retrouver, en novembre prochain, menacé de relégation en Ligue D de la Nations League ? En football, pour les nations qui n’ont pas la taille critique pour s’assurer un certain degré de compétitivité, y a-t-il fatalement un gouffre qui s’ouvre après l’ivresse des sommets ?
Laurent Jans, en montant dans l’avion en direction de Plovdiv, vendredi matin, l’a un peu théorisé comme ça : il va falloir trouver les ressources morales pour se remobiliser après la déception de Tbilissi et cette élimination en demi-finale des barrages, contre la Géorgie (2-0). C’est-à-dire ne pas vivre trop longtemps avec le sentiment d’être passé à côté de l’histoire.
On ne l’avait pas vu venir mais dans la foulée de ce moment terrible, les Rout Liéwen, qui ont certes battu le Kazakhstan (2-1) en «consolante», mais sous l’effet de l’adrénaline d’une campagne dantesque, ont peut-être pris un effet boomerang : la décompression. Voire la dépression.
Les défaites estivales logiques contre la France et la Belgique, avec un groupe amputé de nombreux titulaires (deux fois 3-0) n’étaient que des péripéties sans aucun intérêt, mais les deux premières journées de Nations League, un non-match à Belfast contre l’Irlande du Nord (2-0) et une claque inattendue face au Bélarus (0-1), laissent planer l’idée que ça ne va pas. Qu’il va falloir penser à passer à autre chose, que l’Euro-2024 était un rêve pour toute la nation, mais qu’il va falloir y survivre.
Holtz : «Je me suis trompé sur certains choix»
Mica Pinto l’a rappelé vendredi, après avoir parlé à un ancien coéquipier géorgien, à l’issue du match de mars : «Il m’a dit qu’eux étaient passés par ce genre de déception à cinq reprises. Ce genre de choses nous fait grandir». Pour grandir, les Lions ont parlé.
Et Luc Holtz a synthétisé la somme de leurs conversations : «On sait qu’on devra jouer mieux qu’en septembre pour ramener quelque chose. Émotionnellement, certains n’étaient pas encore revenus de leur déception. On a eu des échanges très importants et on va s’investir davantage. Parce que personne n’a été à 100 % en septembre et je m’inclus dans la réflexion. Je me suis trompé dans certains choix».
Le sélectionneur en a effectué un fort, de choix, la semaine passée. Rappeler Gerson. Quelle image l’attaquant a-t-il renvoyé, sur les premières séances? Est-il suffisamment redevenu celui qu’il doit être pour maintenir une forme de hiérarchie devant ? Légèrement agacé qu’on y revienne, encore, Holtz n’a pas fui la question : «Il a entendu le message, il est sur le bon chemin. Pas encore au niveau d’il y a deux ou trois ans ou quand il jouait en Ligue des champions avec Kiev, mais il a fait quelque chose et cela se voit. Mais je ne veux pas qu’on recommence à se focaliser sur lui. Personne n’était à 100 % le mois dernier». Oui, mais il est le seul à avoir été écarté…
Au-delà de ça, le Luxembourg n’a jamais battu la Bulgarie. Pire : hormis en 1969 (2-1), à chaque fois qu’il a mis les pieds dans ce pays, il a pris au moins trois buts. Plus souvent quatre. Il faudra donc au Grand-Duché tordre le cou à l’histoire au moment où cela semble le plus difficile à faire et que le fighting spirit bulgare pourrait faire très mal si la mentalité n’est pas au rendez-vous.
Ce n’est pas sans intérêt parce qu’à l’heure d’un ballon rond européen quasiment débarrassé de rencontres amicales, la Nations League constitue l’ordinaire du football de sélection. C’est, désormais, une année sur deux de la vie d’une fédération et se retrouver relégué ferait perdre concrètement 365 jours de travail à la FLF, même si on ne doute pas qu’elle ne moisirait pas en Ligue D.