Accueil | A la Une | Les profs veulent (encore) la tête de Meisch

Les profs veulent (encore) la tête de Meisch


Les représentants des comités d'enseignants du secondaire ont poussé un sacré coup de gueule. (photo Tania Feller)

Un vent de révolte souffle dans l’Éducation nationale : quatre enseignants sur cinq (80%) estiment que le ministre Meisch se fiche d’eux, en agissant systématiquement dans l’illégalité et de manière unilatérale.

Dédain vis-à-vis des enseignants», «mépris envers l’État de droit et la justice», «irresponsabilité», «incapacité à diriger un ministère»… Les accusations sont sévères et témoignent du ras-le-bol des comités d’enseignants du pays, qui ont lancé, jeudi, la fronde contre leur ministre Claude Meisch.

En toile de fond de cette grogne, 80% des profs de lycée reprochent au ministre d’avoir édicté deux règlements grand-ducaux contraires à la loi, puisqu’ils ont été annulés par le tribunal administratif, au motif de «graves vices de procédure». Et ils sont d’autant plus remontés que la dernière sentence prononcée (relative à la formation continue des profs de l’enseignement secondaire) date du 24 janvier : preuve que les plaies sont encore toutes fraîches.

«Le ministre doit en tirer les conséquences !»

Pour les représentants des profs, la chose est entendue : «Le ministre a aussi bien bafoué la Constitution que la loi et cela est inacceptable», s’est insurgé le vice-président du comité des professeurs de l’Athénée, Jacques Maas. Puis le représentant des comités des profs d’aller encore plus loin : «Force est de conclure que soit le ministre a été incapable d’appliquer convenablement les procédures législatives élémentaires, soit il a sciemment essayé de contourner les lois afin d’arriver à ses fins !»

Face à l’annulation de ses deux règlements grand-ducaux, les profs sont d’avis que Claude Meisch devrait «tirer les conséquences juridiques et administratives appropriées». Ils fustigent ainsi l’attitude de déni du ministre, qui, selon les termes d’un communiqué qu’il leur a fait parvenir, «pointe du doigt les soi-disant ‘ambiguïtés créées par le jugement du tribunal administratif !’».

De plus, les comités d’enseignants affirment que «le ministre essaie de contourner la justice en anticipant une défaite par l’adoption d’un nouveau règlement». De quoi faire sortir de ses gonds Jacques Maas, qui y décèle la création d’«un chaos réglementaire inacceptable» qui ferait outrage à l’indépendance de la justice. «Le pouvoir exécutif vide de sa substance toute décision du pouvoir judiciaire, qui se voit réduit à l’insignifiance», s’indigne-t-il encore.

De quoi faire retourner Montesquieu et Locke dans leurs tombes, eux qui ont théorisé la séparation des pouvoirs, principe fondamental des démocraties représentatives. À propos de «démocratie», justement, les représentants des enseignants ne se sont pas fait prier pour rappeler que le ministre est membre du Parti démocratique (DP); soit le comble du comble pour eux. Ils enfoncent le clou : «Quelle serait la raison d’être du tribunal administratif si tout ministre agissait ainsi?»

Bref, la coupe est pleine pour les profs, du moins pour 80% d’entre eux qui estiment que, depuis son arrivée au ministère, le ministre Meisch «s’est obstiné à empoisonner toute relation constructive avec le corps enseignant en lançant, sans relâche, des attaques gratuites et inutiles, au point de contraindre les enseignants à se défendre devant le tribunal administratif», dont les jugements leur ont donné «satisfaction».

Claude Damiani