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«Les produits biologiques luxembourgeois sont le meilleur choix»


D’après le Mouvement écologique, 48,2 % des échantillons analysés ne contiennent pas de résidus de pesticides. 

Le Mouvement écologique reprend des données luxembourgeoises et européennes sur les aliments contaminés aux pesticides pour lancer un appel au gouvernement.

Si vous mordez dans une fraise produite au Luxembourg de manière conventionnelle, vous avez de très grandes chances d’avaler un fruit contaminé par des résidus pesticides. D’après les analyses de l’Administration luxembourgeoise vétérinaire et alimentaire (ALVA) sur des aliments luxembourgeois et importés, près de 50 % sont contaminés par des pesticides.

Cette information est disponible depuis quelques semaines dans le dernier rapport publié par l’ALVA sur les résidus de pesticides. Chaque année, ce document est élaboré dans le cadre des campagnes d’analyses menées à l’échelle européenne par l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA).

À l’issue de la dernière campagne, les résultats des analyses de 608 échantillons (19 % d’échantillons luxembourgeois, 48 % d’autres pays de l’UE, 29 % de l’extérieur de l’UE et 5 % d’origine inconnue), tels que des fruits, des légumes, des céréales ou encore des épices, ont été publiés. Jeudi, le Mouvement écologique (Méco) revenait avec un œil critique sur le rapport de l’ALVA et sur ses résultats lors d’une conférence de presse.

L’avantage du bio pas mis en valeur

Selon le Méco, l’ALVA omet bien souvent de mettre en comparaison les aliments issus de l’agriculture conventionnelle et ceux issus de l’agriculture biologique. Sur les 608 échantillons cités précédemment, seulement 119 venaient de l’agriculture bio. Que ce soit dans le rapport luxembourgeois ou dans le rapport global publié par l’UE, la conclusion est claire : les produits biologiques sont moins contaminés (12,6 % de produits contaminés en Europe) que les aliments issus de l’agriculture conventionnelle (61,1 % en Europe et 54,5 % au Luxembourg). Pourtant, si cela est clairement formulé dans les pages du document élaboré par l’UE, le Méco regrette l’absence de cette déclaration dans le rapport de l’ALVA.

Toujours en comparant les deux rapports, le Méco souligne que l’ALVA ne traite pas des résidus de substances actives dans son document. Ces substances qui peuvent être utilisées comme pesticides sont réglementées au niveau de l’UE. Dans le rapport européen, sur les 132 pesticides détectés dans les aliments, 42 n’étaient pas autorisés dans l’agriculture de l’UE au moment des analyses. Le Méco ajoute que quatre échantillons de produits alimentaires conventionnels fabriqués au Luxembourg contenaient également de telles substances.

Au niveau de l’UE, l’Agence européenne de sécurité des aliments demande aux États membres d’analyser chaque année un nombre minimum d’échantillons issus d’une sélection de produits agricoles afin d’y détecter des résidus de pesticides. Parmi les fruits et légumes luxembourgeois, les fraise et les pommes produites de manière conventionnelle se distinguent. Toutes les fraises analysées étaient contaminées, tout comme 92 % des pommes. Le Méco indique aussi les différences importantes quant aux résultats des aliments analysés par l’ALVA et ceux analysés dans l’UE.

Pommes, fraises, choux, salades, épinards et tomates, tous ces aliments vendus au Luxembourg sont plus contaminés en moyenne que ceux proposés dans l’UE. Le Mouvement écologique déplore qu’une fois de plus, aucun parallèle ne soit fait avec les aliments issus de l’agriculture biologique.

Une liste de recommandations

«Retirer rapidement les aliments contaminés de la consommation, sanctionner systématiquement les infractions et encourager les citoyens à acheter des aliments bios», voilà ce que le Mouvement écologique aurait aimé voir écrit dans le rapport de l’ALVA. «Les produits biologiques luxembourgeois sont le meilleur choix», martèle Blanche Weber, la présidente du Méco.

Elle et son équipe ont élaboré une feuille de route constituée de dix points. Comme un appel pour déclencher une réaction de la part du gouvernement. Parmi ces points, on retrouve la revendication d’un renforcement du respect des règles de l’UE, notamment sur les produits importés. Au niveau luxembourgeois, il s’agit de revoir le plan d’action sur les pesticides qui arrive bientôt à échéance. «Il ne fonctionne pas, il est nécessaire de le reprendre avec de nouvelles mesures», assure Blanche Weber.

Le Méco propose que les fonds de la politique agricole commune (PAC) soient utilisés pour aider les agriculteurs à adopter des pratiques agroécologiques. Enfin, parmi les propositions notables, le Mouvement écologique demande que le modèle Restopolis, la structure de l’Éducation nationale qui gère l’approvisionnement des cantines scolaires, soit étendu à d’autres cantines publiques.