Accueil | A la Une | Les postiers outrés par l’arrêt Nickts

Les postiers outrés par l’arrêt Nickts


L’actuel syndicat des facteurs juge «choquant» l’arrêt de la Cour d’appel et rappelle que les faits sont connus. (Photo : archives lq/fabrizio pizzolante)

L’affaire Nickts est désormais liée à un arrêt de la Cour d’appel, confirmé par la Cour de cassation. Et cette décision ne réjouit pas du tout les facteurs qui le font savoir.

Le président de la Bréifdréieschgewerkschaft (syndicat des facteurs), Raymond Juchem, a adressé un communiqué à l’ensemble de la presse pour dire combien son syndicat avait trouvé «profondément choquant(e)» la décision de la Cour qui interdit à nos confrères de RTL, sur tous leurs supports, de publier le nom ou l’image de Jos Nickts, ancien président de la Fédération syndicaliste des facteurs luxembourgeois (FSFL).

Cet arrêt a fait grand bruit depuis dans tous les médias, mais également au sein de la Bréifdréieschgewerkschaft qui souhaite exprimer son «désaccord total avec la décision du tribunal». Un jugement qui suscite «de légitimes interrogations de la part de toutes les personnes qui avaient confié leurs économies à l’ancien président de la FSFL», selon le communiqué.

Le syndicat rappelle que les faits sont connus, que «Monsieur Nickts a mené un train de vie fastueux en utilisant des fonds qui ne lui appartenaient pas». Toute cette affaire a conduit à la dissolution de l’ancien syndicat des facteurs et factrices, la FSFL, et a entraîné «la perte de l’ensemble des avoirs de la FSFL et donc de ses membres». Le président Raymond Juchem ajoute que «c’est dans ce contexte particulièrement difficile que la Bréifdréieschgewerkschaft a vu le jour, initialement sans aucun moyen financier».

Cette affaire est encore très présente dans les esprits et dans l’avant-dernière édition du journal interne De Bréifdréier, plusieurs articles ont été publiés «afin de revenir sur cette page sombre de l’histoire du syndicalisme des facteurs. Notre organisation ne partage en aucun cas la position retenue par ce jugement», insiste le communiqué.

Les facteurs ne veulent pas de confusion et tiennent à préciser que toute cette affaire de détournement frauduleux, vieille de 20 ans, ne concerne absolument pas le nouveau syndicat que préside aujourd’hui Raymond Juchem.

Le nom de Jos Nickts est aujourd’hui associé à un arrêt de la Cour d’appel qui défend le droit à l’oubli face à la liberté d’expression et à la liberté d’informer des médias. L’avocat de l’ancien président de la FSFL a d’ailleurs fait parvenir un courrier à différents confrères pour leur demander de ne plus citer le nom de Jos Nickts, et de flouter son image.

Il estime que «les conséquences négatives» d’un rappel des faits avec la mention du nom de son client sur sa santé mentale et sa vie privée «sont sans rapport avec l’éventuelle plus-value» qu’une telle publication pourrait présenter «d’un point de vue intérêt public». Il estime que l’affaire n’intéresse plus la population, ni même les victimes de l’affaire. Un sentiment très personnel qu’il exprime ici. L’avocat va jusqu’à affirmer que seule la presse à sensation serait susceptible de s’obstiner à publier le nom et l’image de son client, devenu «personne privée».

Le droit à la mémoire

Un avis que ne partagent pas les facteurs qui visiblement s’intéressent encore à l’affaire comme en témoigne une publication dans leur récent journal interne. L’ancien président de la FSFL a «une vie privée paisible».

Jos Nickts a été condamné en 2007 en deuxième instance à six ans de prison (dont deux avec sursis) pour avoir volé 14 millions d’euros dans le cadre de ses fonctions de président du syndicat des postiers pour s’offrir une vie de luxe. Une finca à Majorque, plusieurs voitures de luxe et un yacht faisaient partie de son patrimoine. Il a lui-même publié un livre sur l’affaire en 2007 avec Lucien Czuga.

«C’était un personnage public déjà depuis presque 20 ans, lorsque le scandale éclate en 2002. Il faut alors bien noter que les juridictions luxembourgeoises ont interdit à RTL non seulement de le nommer dans le cadre du scandale avec le détournement de l’argent des syndiqués, mais aussi pour toutes les activités de Monsieur Nickts en rapport avec l’ancien syndicat des postiers. On ne parle donc pas seulement de l’affaire pénale, on parle de toutes les activités en rapport avec l’ancien syndicat FSFL, donc aussi les activités politiques, le combat syndical. Ce «droit à l’oubli» que les juridictions luxembourgeoises ont accordé ne se limite donc pas aux infractions pénales, mais va bien au-delà et censure une partie de l’histoire syndicale contemporaine», nous avait déclaré l’avocat de RTL qui annonçait que l’affaire serait désormais entre les mains de la Cour européenne des droits de l’homme.

Le Luxembourg a été condamné cinq fois en 25 ans à Strasbourg pour avoir violé l’article 10 de la CEDH qui garantit la liberté d’expression, un droit fondamental qui protège la liberté d’opinion et le droit de recevoir ou communiquer des informations et des idées, y compris la liberté de la presse, la parole, les opinions politiques et l’expression artistique. Ce droit peut être restreint par la loi pour des raisons impérieuses, comme la sécurité nationale, la morale ou les droits d’autrui.

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD.