Face à la sécheresse qui fait souffrir les poissons, la Fédération luxembourgeoise des pêcheurs sportifs (FLPS) souhaiterait que l’administration de la Gestion de l’eau procède à un inventaire à l’automne pour prévoir un repeuplement ciblé, a déclaré son président, Jos Scheuer, au nom du comité central de la FLPS.
De l’autre côté de la frontière, en France plus particulièrement, des interdictions de pêche sont édictées pour protéger les poissons. Des pêches de sauvetage sont même organisées dans les Vosges. Comment les pêcheurs du Luxembourg réagissent-ils à la sécheresse extrême qui sévit et à ses conséquences ?
Quelles observations la Fédération luxembourgeoise des pêcheurs sportifs a-t-elle recueillies sur les conséquences de la sécheresse sur les cours d’eau et les étendues d’eau ?
Jos Scheuer : Les ruisseaux sont plus affectés par le dessèchement que les cours d’eaux frontaliers. Et la situation actuelle est propice au développement d’organismes dangereux pour les animaux et pour les humains. L’apparition de cyanobactéries (NDLR : leur prolifération excessive a été rapportée le 19 août dans la Moselle et le 25 août aux étangs de Remerschen) empêche des activités, dont la pêche.
Le faible étiage des cours d’eau et leur température élevée tuent-ils en nombre les poissons ?
Nous n’avons pas été informés d’une mortalité exceptionnelle. Quoi qu’il en soit, le débit des cours d’eaux, le volume d’eau et la profondeur des étangs sont déterminants pour le bien-être de la faune aquatique en ce moment de sécheresse extrême. La teneur en oxygène diminue, la température élevée provoque une situation de stress pour les poissons, qui cherchent refuge dans des eaux plus profondes. Leur développement est retardé, il y aura probablement des répercussions sur le frayage, donc sur la reproduction naturelle, déjà affectée par les gobies, une espèce invasive qui, lors des derniers concours de pêche, constituait plus de 90 % des prises.
Comment les pêcheurs font-ils face à cette situation ?
Conformément à une recommandation de l’administration de la Gestion de l’eau, nous recommandons fortement aux pêcheurs, auxquels nous attribuons chaque année de 8 000 à 10 000 permis de pêche, de réduire leurs activités jusqu’au retour à la normale.
Que préconise, de manière générale, la FLPS ?
Nous proposons que l’administration de la Gestion de l’eau fasse en automne l’inventaire de la faune et de la flore dans les plans d’eau du Luxembourg pour prévoir un repeuplement ciblé. Les administrations compétentes des régions frontalières doivent impérativement se coordonner entre elles pour développer une stratégie commune pour la gestion des eaux frontalières : la Moselle et la Sûre.
Les plans d’eaux sous gestion privée (Remerschen, Echternach, Weiswampach) ont leur propre règlementation (périodes de pêche, repeuplement, etc.). Il incombe à leurs propriétaires et gestionnaires d’assurer l’oxygénation des eaux, de réduire ou de stopper éventuellement la pêche en cas d’apparition d’organismes nocifs ou de niveau d’eau très bas.
Avec quelles administrations échangez-vous sur ces sujets ?
La FLPS est soutenue par le ministère des Sports et par le Comité olympique et sportif luxembourgeois (COSL), mais c’est, au sein du ministère de l’Environnement, l’administration de la Gestion de l’Eau (AGE) qui exerce la tutelle complète sur la gestion des cours d’eau et des plans d’eau.
Il n’existe aucun rapport institutionnalisé entre la Fédération luxembourgeoise des pêcheurs sportifs et l’AGE, où le Conseil supérieur de la pêche, nommé par le ministre en fonction, se compose de sept fonctionnaires et de deux pêcheurs.
Vos échanges avec les autorités sont-ils néanmoins satisfaisants ?
Une collaboration fructueuse est rarissime et les informations distillées par les services étatiques sur l’état actuel des eaux de pêche sont réduites à un minimum, même sur le site de l’administration de la Gestion de l’eau. C’est elle qui a la mainmise complète sur tous les cours d’eaux publics frontaliers et intérieurs.
Nous n’avons que le droit d’aller à la pêche… avec un permis de pêche ! Toute autre intervention doit être autorisée par l’AGE. On peut concéder que nos membres n’ont pas été verbalisés quand ils ont ramassé les déchets et les poissons laissés à l’abandon à la suite des inondations de l’an dernier.
Bien sûr, nous faisons des propositions, par exemple sur le repeuplement des cours d’eau ou sur le canotage commercial, etc., mais nous ne sommes pas un partenaire à part entière.