Les «Pecherten» peinent à dégainer

Moins de dix communes ont déjà offert des compétences élargies aux agents municipaux, désormais habilités à sanctionner une plus large palette d’incivilités. Une campagne de sensibilisation est lancée.

Un homme omet de ramasser la crotte de son chien. Tel un shérif apparaît soudainement un agent municipal, prêt à dégainer pour verbaliser cette incivilité. Effrayé, le propriétaire du chien se résout à accomplir son devoir.

Voici le scénario d’un des trois clips de la campagne de sensibilisation intitulée «Coup de chance. Merci Pechert» présentée hier par la ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding (LSAP). L’idée est d’informer les citoyens sur les missions des agents municipaux, mais surtout d’inciter les responsables communaux à s’emparer au plus vite du cadre réglementaire qui offre des compétences supplémentaires aux «Pecherten», connus pour distribuer à tour de bras des prunes aux automobilistes mal garés ou qui ont omis de payer leur ticket de stationnement.

Attendue de longue date, la réforme des attributions des agents municipaux est une réalité depuis le 1^er janvier. Or moins de dix communes ont jusqu’à présent mené à bien les adaptations nécessaires de leur règlement de police, ce qui a le don d’irriter la ministre Bofferding : «Je suis étonnée que ce soit surtout ceux qui ont crié le plus fort qui figurent parmi ceux qui n’ont pas encore adapté leur règlement.» À côté de Luxembourg, on retrouve notamment Dudelange, Sanem ou Mersch parmi les communes qui ont déjà sauté le pas. Tout au plus, sept communes auraient mis en œuvre le nouveau cadre réglementaire.

Les élections communales du 11 juin ont certainement freiné les ardeurs des collèges échevinaux sortants. Il existe aussi encore des obstacles administratifs et juridiques à lever. L’entrée en vigueur au 1^er juillet de la Constitution renouvelée complique notamment les poursuites pénales qui peuvent être engagées par les «Pecherten». «Mais il ne s’agit de rien d’insurmontable, même s’il faut savoir que certaines communes n’ont aucun règlement de police ou que ce dernier est désuet. Souvent, les élus sortants ont préféré laisser le soin aux conseils communaux renouvelés de mettre en œuvre cet élargissement des compétences, tout en s’assurant que le nouveau règlement tienne la route d’un point de vue juridique», relate Steve Hatto, le président de l’Association des agents municipaux (ASAM).

Les sanctions administratives peuvent néanmoins être rapidement mises en œuvre, précise Laurent Knauf, premier conseiller de gouvernement. Les communes sont appelées à préparer, avec les services du ministère de l’Intérieur, les règlements en question. «J’espère que les communes qui ont déjà sauté le pas serviront de bons exemples à celles qui se disent intéressées à le faire», affirme Taina Bofferding.

Mersch est une de ces communes qui ont pris les devants. Le bourgmestre Michel Malherbe (DP) s’est longtemps opposé au recrutement d’agents municipaux. Aujourd’hui, il admet s’être trompé, au vu de l’apport des «Pecherten» dans la lutte contre les incivilités et en matière de travail de prévention. L’effectif est passé de deux à quatre agents, qui sont désormais partagés avec les communes voisines que sont Lintgen, Helperknapp, Lorentzweiler, Fischbach et même Larochette.

D’ici à la fin de l’année, les agents municipaux doivent être équipés d’une nouvelle application pour verbaliser les citoyens ne respectant pas les règles du jeu.