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Les ONG luxembourgeoises restent présentes au Niger


Plus de deux millions de personnes sont en insécurité alimentaire aiguë sévère au Niger.

L’aide bilatérale au Niger a été suspendue, mais les ONG luxembourgeoises maintiennent pour l’instant leurs projets sur le terrain, tout en veillant à l’évolution de la situation politique.

À la suite du putsch qui a renversé le président Mohamed Bazoum le 26 juillet dernier, tous les regards se portent sur le Niger, où l’on guette avec attention l’évolution de la situation géopolitique depuis la prise de pouvoir par des militaires et les menaces d’intervention qui ont suivi de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeo).

Le risque d’embrasement d’une région déjà instable et fragile, en proie aux attaques jihadistes et où gronde la colère populaire, est bien réel. Une menace qui plane de fait également sur les projets humanitaires et pourrait mettre en péril un certain nombre d’entre eux, dont dépend grandement le Niger, l’un des pays les plus pauvres de la planète, classé 189e sur 191 en termes d’indice de développement humain selon les Nations unies.

Avec plus de dix millions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté (sur un total de plus de 25 millions d’habitants) et 716 000 réfugiés et déplacés internes, en raison de conflits déjà actifs dans plusieurs régions et de l’insécurité qui sévit dans les pays voisins (Burkina Faso, Mali et Nigeria), les besoins humanitaires y sont en effet particulièrement importants, que ce soit au niveau de l’alimentation (plus de 4,3 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire selon la Commission européenne), de la santé, de l’accès à l’eau potable ou encore de l’éducation.

Avec le coup d’État, les aides sont déjà en passe de se tarir. Le gouvernement luxembourgeois, à l’instar de l’Union européenne et de nombreux autres États, a annoncé la suspension des programmes d’aide au Niger, l’un des principaux partenaires de la Coopération luxembourgeoise – «Il est impossible de collaborer avec des putschistes», avait déclaré le ministre de la Coopération Franz Fayot.

Pour l’instant, les ONG luxembourgeoises continuent pour leur part de répondre présent sur le terrain, mais restent extrêmement vigilantes quant à l’évolution de la crise politique actuelle – comme elles le font dans d’autres pays en proie à des coups d’État, notamment les voisins du Niger, le Mali et le Burkina Faso.

Évacuation envisageable

À l’instar de Médecins sans frontières, qui emploie au Niger 150 internationaux et 1 200 Nigériens et y mène une série de projets afin de répondre aux besoins médicaux causés par les conflits, les déplacements de population, l’insécurité alimentaire, la malnutrition infantile et les épidémies.

«Pour l’instant, les activités et projets de MSF se poursuivent dans le pays, mais des plans d’évacuation du personnel MSF sont en cours pour celles et ceux qui le souhaitent. Quatre membres du personnel du centre opérationnel de MSF à Paris sont partis lors de l’évacuation de l’ambassade de France (NDLR : les 1er et 2 août) et MSF étudie la possibilité d’une évacuation partielle en cas d’attaques», indique Cristina Fernandez, chargée de communication.

MSF, qui dispose sur place d’une équipe de quatre personnes pour surveiller la situation, assure également «prendre des mesures pour garantir la sécurité et la continuité des opérations» et anticipe une potentielle dégradation de la situation : «afin de gérer un éventuel afflux de blessés, l’équipe est en train de relancer et de revoir un accord que MSF avait déjà conclu avec l’hôpital national».

Même position du côté de la Croix-Rouge. «On poursuit les activités comme avant», commente Myriam Jacoby, gestionnaire de projets d’urgences, qui tient à saluer le soutien toujours actif du ministère aux ONG sous accord-cadre sur place. «Mon équipe travaille toujours à Niamey. Nous nous appelons tous les matins, tous les après-midi et tous les soirs, pour savoir ce qui se passe, puis nous ajustons notre plan», témoignait Rémi Fabbri, le directeur de l’Aide internationale, chez nos confrères du Tageblatt. Toutes vont de fait suivre attentivement l’issue du nouveau sommet de la Cedeao prévu aujourd’hui.

Perfusion internationale

En 2021, selon les derniers chiffres de l’OCDE, le Niger a perçu 1,8 milliard de dollars d’aides bilatérales. Il est aussi soutenu par des organisations internationales comme la Banque mondiale et des banques de développement. L’appui financier prend également en grande partie la forme d’aides militaires.

Un quart des dépenses publiques nigériennes sont ainsi financées par des dons extérieurs et l’aide internationale représente 9 % du PIB. S’il n’est pas sûr que les aides disparaissent toutes (elles n’ont pas disparu malgré le coup d’État au Mali par exemple), la suspension de nombre d’entre elles aura nécessairement de lourdes répercussions sur l’économie nigérienne et sa population, dont la moitié vit avec 2,15 dollars par jour, soit le seuil de pauvreté. Et l’action humanitaire des ONG, déjà essentielle, devient d’autant plus cruciale.