Spécialisé dans la cuisine du Moyen-Orient, ce restaurant a aussi une ambition sociale affichée.
Le projet s’est vite concrétisé. En septembre, Marianne Donven, Pitt Pirrotte, Frédérique Buck et Isabelle Dickes s’associent pour lancer le restaurant Chiche, situé au 99, route d’Esch à Luxembourg, qui abritait auparavant un restaurant chinois. Ils investissent quelque 20 000 euros, refont la décoration avec des meubles de récupération…
Et pour se mettre derrière les fourneaux, ils choisissent Chadi. Le Syrien de 42 ans, arrivé au Luxembourg en 2015, a notamment fréquenté ces derniers mois le Hariko, où il a rencontré Marianne Donven et où il a œuvré au sein du collectif Salam Pallets Luxembourg. Depuis qu’il est au Grand-Duché, il a aussi été le cuisinier lors de nombreuses soirées et manifestations.
«Porte d’entrée dans le monde du travail»
Et aujourd’hui, Chadi, qui «ne se considère pas comme un réfugié, mais comme un citoyen du monde», est un cuisinier à part entière. Son ambition? «Au cours de ces deux dernières années, j’ai reçu beaucoup d’aide et de soutien de la part de nombreuses personnes ici, confie le Syrien.
Aujourd’hui, j’ai trouvé ma place et je veux redonner en faisant ce que je fais le mieux : préparer de la nourriture délicieuse.» Résultat, à la carte du Chiche, on trouve des falafels, de nombreuses spécialités du Moyen-Orient, des plats végétariens, des plats véganes, des grillades… «On fait tout ici», précise le chef cuisinier. Et le tout «dans une ambiance conviviale», souligne Pitt Pirrotte.
Mais le Chiche a aussi un volet social affiché. «C’est Chadi qui gère tout et il va progressivement prendre des parts dans le restaurant pour en devenir le propriétaire d’ici un an, explique Frédérique Buck.
Ensuite notre idée avec Chiche, comme avec Syriously (NDLR : le restaurant situé juste à côté et lancé en mai dernier par Marianne Donven et Pitt Pirrotte), est d’offrir une porte d’entrée dans le monde du travail à ceux qui en sont éloignés comme les réfugiés et pour tous ceux pour qui le travail est la clé du déblocage d’une situation compliquée».
Résultat, l’équipe du Chiche, constituée d’une dizaine de personnes pour le moment, se compose de plusieurs nationalités (Syrien, Afghan, Bangladais…) «Tout le monde est le bienvenu, souligne Frédérique Buck. Nous avons vraiment fait ce restaurant pour offrir un travail à ceux qui en ont besoin».
Cette formule séduit puisque depuis son ouverture vendredi dernier, le Chiche, qui compte 65 places au rez-de-chaussée, et deux autres salles dans les étages, attire du monde. Lors de son ouverture, l’établissement a accueilli une centaine de convives.
Et les retours sur sa page Facebook sont positifs : «Délicieux et généreux. À essayer absolument», «belle ambiance, une nourriture fantastique et un service amical»… «On compte sur le bouche à oreille pour continuer de faire venir du monde», indique Chadi.
Mais pas seulement. Ouvert uniquement le soir du mardi au dimanche inclus, le Chiche le sera également à midi à partir du 2 janvier et les après-midi pour le côté bar avec la possibilité de manger des falafels. «On veut créer un lieu du vivre ensemble, affirme Pitt Pirrotte.
Un lieu de rencontres et d’échanges entre tous sans chichi.» Et au fait, pourquoi Chiche? «Il y a plusieurs raisons, répondent Frédérique Buck, Pitt Pirrotte et Chadi Bekdach. Il y a le chiche de pois chiche, le chiche qui signifie « on y va », le chiche qui veut dire brochette en arabe…» «Et quand j’étais petit, on me surnommait Abu Chiche», conclut Chadi. Alors Chiche!?
Guillaume Chassaing