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Les mineurs bientôt privés de réseaux sociaux ?


«Il est de notre devoir en tant qu’adultes de protéger les enfants contre les effets néfastes d’une surconsommation de réseaux sociaux», souligne le Premier ministre, Luc Frieden. (Photo : archives lq/alain rischard)

Le gouvernement compte restreindre l’accès aux réseaux sociaux. Une réglementation européenne reste privilégiée. Mais, en cas de blocage, le Luxembourg est disposé à agir seul.

L’Ombudsman pour les droits de l’enfant (OKaJu) sonne une nouvelle fois l’alerte : la surconsommation de réseaux sociaux par des mineurs d’âge comporte d’importants risques pour la santé mentale. Sur la liste des dangers se trouvent les troubles du sommeil, un déficit de l’attention, le risque de dépendance numérique, l’isolement social, un retard de langage ou encore une augmentation de la sédentarité pouvant conduire à l’obésité.

«L’utilisation précoce et/ou excessive des smartphones, tablettes et autres écrans s’impose désormais comme un véritable enjeu de santé publique au Luxembourg», souligne le rapport 2025 de l’OKaJu, présenté lundi dernier aux députés. Les responsables politiques sont appelés à développer des «réponses éducatives, préventives et réglementaires afin de mettre en place une stratégie intégrée et globale pour protéger les mineurs».

Interrogé vendredi lors du briefing à l’issue de la réunion du Conseil de gouvernement, le Premier ministre s’est dit «très inquiet» à propos de ce phénomène. «Il est de notre devoir en tant qu’adultes de protéger les enfants contre les effets néfastes d’une surconsommation de réseaux sociaux. C’est pourquoi il est important d’agir de manière préventive. Cela me tient beaucoup à cœur, en tant que chef du gouvernement, mais aussi en tant que père», renchérit Luc Frieden, également en charge de la politique numérique.

Il avait déjà lancé une mise en garde lors de sa déclaration sur l’état de la Nation, en mai dernier : «Les enfants passent non seulement de plus en plus de temps derrière les écrans, mais ils sont aussi exposés à des contenus de plus en plus violents et sexualisés, en particulier sur les réseaux sociaux. C’est précisément de ces contenus que nous devons protéger les enfants. Il s’agit d’un droit fondamental de tout enfant».

Une limite d’âge fixée à 15 ans ?

Mais quelles sont les actions que le gouvernement compte entreprendre pour mieux protéger les enfants et adolescents ? En priorité, le Luxembourg s’engage à l’échelle européenne. La Commission européenne a pris l’initiative en décrétant une interdiction des réseaux sociaux aux mineurs. La présidence danoise du Conseil de l’UE a réussi à faire adopter, le mois dernier, une déclaration dans laquelle 25 des 27 États membres exigent un «renforcement supplémentaire de la protection des mineurs en ligne», en bannissant notamment l’accès à plusieurs réseaux sociaux pour les enfants et les jeunes de moins de 15 ans.

L’OKaJu revendique justement un âge minimum légal de 15 ans pour l’autonomie numérique et l’accès aux réseaux sociaux, accompagné d’une interdiction d’exposition aux écrans en bas âge (0-3 ans). Le gouvernement est-il prêt à s’engager sur cette voie ? Une réglementation européenne serait le «scénario idéal», clame le Premier ministre. «Or si une telle réglementation ne se concrétise pas d’ici à l’été prochain, ou disons courant 2026, le Luxembourg va envisager de prendre une initiative à l’échelle nationale», précise Luc Frieden.

Avec une limite d’âge fixée à 15 ans ? «Il faudra en discuter entre les ministres de tutelle à la lumière de ce qui se fait dans d’autres pays», répond le chef du gouvernement.

Numérique, alcool, tabac : un même combat

Le «Global Mind Project», la plus grande base de données sur le bien-être mental, exige que les «décideurs doivent urgemment instaurer des restrictions comparables à celles en vigueur pour l’alcool et le tabac».

Quatre mesures prioritaires sont proposées, dont l’ancrage légal de restrictions d’âge contraignantes pour l’accès aux réseaux sociaux, accompagnées de sanctions réelles. Les moins de 13 ans devraient être interdits de l’accès aux réseaux sociaux. L’accès aux smartphones devrait en outre être accompagné par des restrictions progressives, encourageant des dispositifs «adaptés aux enfants» qui permettent seulement les fonctions de base comme les appels et les SMS, tout en excluant les réseaux sociaux et les contenus algorithmiques.

Le tout serait à encadrer par une formation numérique pour les enfants d’âge scolaire, incluant des sujets comme le cyberharcèlement et les prédateurs en ligne.

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