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Metalbörse : les métalleux en quête de pépites à la Rockhal


Beaucoup de clients et de vendeurs avaient fait le déplacement depuis l’Allemagne où la culture métal résonne fort. (Photos : Fabrizio Pizzolante)

Dimanche, des centaines de fans de musique métal de toute la Grande Région ont passé de longues heures à fouiner dans les cartons de la Metalbörse. Rencontre avec ces passionnés.

Cet après-midi à Belval, il suffisait de tendre l’oreille et de suivre quelques riffs de guitares électriques échappés de la Rockhal pour tomber sur la Metalbörse, événement annuel 100% dédié à la culture métal, lancé il y a plus de 30 ans en Allemagne, et en 1998 au Luxembourg.

Une quinzaine de disquaires locaux et frontaliers avaient étalé sur des mètres et des mètres de linéaire leurs milliers d’articles – vinyles, CDs, picture-disc, vêtements, patches, etc. – dont certains collectors, couvrant tous les genres de métal possibles. Ou presque.

Fan de métal japonais

«J’ai du mal à trouver ce que je cherche», lâche ainsi Christiane, en faisant défiler des rangées de CDs sous ses doigts. Et pour cause, ce que préfère cette quadragénaire d’Esch-sur-Alzette, c’est le métal japonais.

Alors, même dans les bourses spécialisées, pas facile de trouver son bonheur : «J’aime beaucoup le genre deathcore, en particulier le groupe Dexcor, découvert récemment, et Jiluka, j’adore vraiment!»

«J’ai aussi vu Cristal Lake et Coldrain en concert à l’étranger : eux, je les écoute depuis longtemps. Vivement qu’ils soient programmés au Luxembourg, parce que les fans les attendent ici», sourit-elle. Voilà le message passé!

De nombreuses familles avec enfants ont participé à l’événement.

Régulièrement, elle se rend à Cologne où tournent pas mal de groupes du Japon : «Là-bas, la scène métal est très développée. D’ailleurs, j’y retourne le 23 janvier, j’ai mes billets pour Nightmare», se réjouit-elle.

Une collection envahissante

Du côté de la porte de sortie, c’est déjà l’heure de reprendre la route pour Manuel, 52 ans, et son fils Jérémy, qui ont fait le déplacement depuis Sarreguemines. Chez eux, le métal, c’est une affaire de famille.

«En ce moment, je me spécialise plus dans le hard rock mélodique, Def Leppard ou Bon Jovi, pour ne citer que les plus connus», explique le père de famille, chez qui la graine du métal a germé dès l’âge de 12 ans.

«Mais il y a de nombreux artistes du genre qui ont fait des choses de qualité et pressé seulement quelques centaines d’albums qu’on trouve parfois à 100 ou 200 euros.»

Grand collectionneur, il aime dénicher des pépites dans les bourses et foires de la région pour compléter sa collection qui prend de la place à la maison.

Les visiteurs passent plusieurs heures sur place pour éplucher les cartons des disquaires.

«J’ai plus de 2 500 CDs et 200 picture-disc, dont certains sont affichés dans ma chambre.» Il en ramène notamment de ses escapades en Angleterre où vit sa compagne, rencontrée dans un festival de métal à Stuttgart.

Bercé au son du métal, son fils Jérémy a, lui aussi, attrapé le virus, et accompagne souvent son père dans ses pérégrinations, «surtout pour lui rappeler quelles références il a déjà quand il ne sait plus», se moque-t-il.

Le label Mausoleum dans le viseur

Dans l’allée d’en face, la pêche est bonne pour Kyra, qui a déjà dans son sac quelques disques du label belge Mausoleum qu’elle recherchait. «C’est un petit label de métal qui n’existe plus depuis des décennies, et chaque disque est super, comme ceux de Killer. C’est compliqué d’en trouver à des prix raisonnables», souffle cette habitante de Grosbous, éternelle fan de Kiss.

Son mari Patrick, fan d’Anthrax dans sa jeunesse, espère bien mettre la main sur le vinyle de World Demise du groupe Obituary, sorti en 1994, et il sait déjà que la note sera salée.

«Il faudra compter entre 100 et 120 euros pour cet album original, car les prix ont monté ces dernières années.» À eux deux, ils ont plus de 1 400 disques, et pas moins de 1 000 singles!

Barbe longue, piercings, bagues, tatouages et cascade de patches, de rigueur dans les allées.

S’ils sont toujours fidèles au rendez-vous de la Metalbörse, ils disent regretter l’ambiance cosy de la Kulturfabrik qui a accueilli l’événement par le passé.

Quant à leur prochain concert, il est déjà booké : ce sera les Canadiens de Striker, qu’ils ont hâte de découvrir sur scène à la Rockhal le 28 février.

Des fans qui dépensent sans compter

Disquaire indépendant – après des années à La face cachée à Metz – et co-fondateur du label Specific Recordings, Florian Schall est une figure incontournable du milieu.

Cela fait plus de dix ans maintenant qu’il vient régulièrement à la rencontre des Luxembourgeois, et d’après lui, l’engouement ne faiblit pas.

«Le fan de métal ne regarde pas à la dépense pour sa passion, et est perpétuellement à la recherche de nouvelles choses à découvrir, de disques pour agrandir sa collection.»

«Cette foire est plus petite que d’autres auxquelles on participe, mais les gens restent tout l’après-midi et les affaires marchent bien», note-t-il.

Une culture partagée partout

Pour lui, c’est indéniable, le Grand-Duché, avec sa place centrale, est l’endroit idéal pour regrouper les métalleux de Belgique, d’Allemagne, de France, des Pays-Bas et du Luxembourg bien sûr.

Pour tous, un objectif : dénicher la perle rare!

«La culture métal est partagée partout, avec quelques différences : les allemands sont en avance en termes de concerts, d’événements, et ils ont aussi beaucoup plus de labels. Les Français, on est peut-être un peu à la traîne par rapport aux évolutions de style», concède-t-il.

Pour ce musicien, le métal reste une culture vibrante et vivante : «Si les jeunes ont tendance à se détourner de l’objet disque au profit du numérique aujourd’hui, ils sont toujours autant à écouter de la musique métal, c’est ça qui compte. Ma nièce de 13 ans écoute du black métal!»

Les «dinosaures» marchent toujours

Sur son stand, il est fier de proposer une poignée de collectors à des prix abordables, rejetant le jeu de la cote qui n’en finit plus de grimper : «Ce sont des pressages des années 1990, à une époque où le vinyle était en chute libre et que le CD s’imposait, leur nombre est plus limité et certains se font rares. Les prix montent jusqu’à 200 euros.»

Les disques les plus recherchés, ce sont toujours les mêmes : «les dinosaures» Led Zeppelin, Deep Purple ou Black Sabbath. «Les quarantenaires veulent retrouver ce qu’ils écoutaient ado dans les années 1990 : du grunge, du néo métal, du power métal, du trash métal, des groupes comme Panthera, Infectious Grooves ou Korn, ça fonctionne à coup sûr», sourit-il.