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Les médecins veulent secouer le cocotier


Les médecins veulent pouvoir mieux s’organiser, mieux s’équiper et attendent des nouvelles du ministère de la Santé. (photo archives LQ)

Le gouvernement avait pris des engagements dans son accord de coalition concernant la pratique de la médecine et son organisation. Mais l’AMMD commence à perdre patience.

Dans son programme, le gouvernement avait déclaré qu’il s’efforcera «d’exploiter tout le potentiel des soins ambulatoires et d’accroître considérablement leur importance dans le système de santé», louant les avantages d’une prise en charge décentralisée qui lui paraissait évidente : «Les patients auront des trajets plus courts et les temps d’attente seront réduits.» Surtout, «les hôpitaux seront déchargés et pourront se concentrer sur leur mission principale, à savoir la prise en charge des urgences graves et des pathologies complexes».

Aujourd’hui, le problème ne consiste plus seulement à se plaindre des délais d’attente pour passer un examen IRM, mais également à parvenir à joindre un interlocuteur qui vous donne une date de rendez-vous. En appelant au Centre hospitalier Émile-Mayrisch, le CHEM à Esch, une voix sur le répondeur vous conseille fortement de télécharger leur application pour obtenir une réponse plus rapide, sinon l’attente au téléphone risque de dépasser les 15 minutes.

Une fois l’application installée et toutes les démarches réalisées, le rendez-vous est toujours en situation d’attente, après cinq jours. Pour les hôpitaux Robert-Schuman, autre exemple, ce n’est pas mieux. «Nous vous informons que le temps de réponse actuel est plus long en raison d’un problème indépendant de notre volonté. Envoyez-nous un email ou appelez-nous (pas les deux), cela nous permet de traiter chaque demande de manière plus efficace. Pour toutes demandes d’IRM ou de scanner, l’envoi par mail de l’ordonnance est obligatoire. Nous ne donnons pas de RDV par téléphone pour ces 2 examens. Nous vous remercions pour votre compréhension et (votre) coopération. Nous vous répondrons dans les plus brefs délais.» Voilà la réponse obtenue après l’envoi d’une demande de rendez-vous par courriel avec l’ordonnance jointe. Après cinq jours, toujours aucune réponse.

Le gouvernement s’endort sur le dossier «santé», fait remarquer l’AMMD dans un récent communiqué sur la situation de la CNS. Les médecins secouent le cocotier en rappelant les engagements du gouvernement d’agir rapidement. Il est question des cabinets de groupes, également, pour lesquels la coalition au pouvoir entend créer des incitations pour leur promotion. Mais encore, le gouvernement «créera au plus vite un cadre juridique pour les sociétés de médecins, lesquelles ne pourront être composées que de médecins et d’autres professionnels de la santé».

L’accord de coalition promettait «dans les meilleurs délais» une révision de la loi sur le virage ambulatoire votée en juillet 2023. «Le cadre juridique sera adapté aux besoins de la réalité médicale. Il veillera à ce que la liste des appareils dits lourds autorisés dans les cabinets de groupes en dehors des hôpitaux soit élargie», annonçait-il. Une référence «frais de fonctionnement», dont la «location de matériel», devra être introduite dans la nomenclature de la Caisse nationale de santé, indiquait le nouveau gouvernement en 2023.

«Incompréhensible»

L’AMMD perd patience. «Ces nouvelles formes d’organisation peuvent contribuer à stabiliser la médecine hospitalière, d’une part, et à garantir un meilleur accès aux soins via des structures ambulatoires hors des cliniques», écrit l’association des médecins et médecins-dentistes.  Elle réclame depuis de nombreuses années une nouvelle organisation de la profession qui leur permettrait de réaliser des radiographies, des scanners, des IRM, des mammographies, etc. Cela leur permettrait aussi de réaliser des petites interventions ambulatoires et des endoscopies.

De tels cabinets privés, s’ils veulent exister et pouvoir exercer, doivent être associés à un hôpital. Le Conseil d’État avait relevé que le fait de réserver l’utilisation des équipements et appareils en vue d’une prise en charge médicale aux établissements hospitaliers constitue une restriction à l’exercice de la profession libérale.

Pour l’AMMD, la loi hospitalière «a ralenti l’accès à des soins rapides et de qualité au lieu de le favoriser». Une situation «incompréhensible» pour l’association qui demande à ce qu’elle soit rapidement corrigée, «comme le stipule l’accord de coalition».

«Le développement de la médecine extrahospitalière, où davantage de soins seraient possibles à moindre coût, doit enfin être soutenu et poursuivi politiquement», insiste l’AMMD.